Anarchy tome 1

IV

- Passe moi le joint Kit au lieu de me regarder.

Kit souffle en se levant et me tend sa main gauche qui tient le joint qu'il a roulé quelques minutes auparavant. Je laisse ma tête tomber sur le côté en le regardant en me demandant intérieurement ce que je pourrais faire de lui.

Tu peux le vendre en pièces détachées.

Mais...

Mon esprit m'étonne. Pourquoi est-ce que cette pensée glauque me vient à l'esprit ? Lorsque je lance un regard à Kit, je le vois alors sur un tapis avec ses organes en train d'être mit dans des cartons.

Cette vision me donne un haut de cœur.

- Le joint de culasse trou de balle.
- Fallait préciser.

C'est vrai que le vendre au marché noir ne devrait pas être si compliqué et me rapporterai très probablement beaucoup d'argent. Ce qui voudrait dire: plus de problèmes d'argent, je ne serai plus obligée d'aller en cours et Tara ne sera plus obligée de travailler et on pourrait ce casser de cette ville pourrie.

Il faudrait que j'y songe plus sérieusement à l'avenir. Mais le problème c'est que je ne trouverai pas de tatoueur aussi qualifié que lui.

Ou alors, je fais tous les tatouages que je voudrais me faire rapidement et ensuite je mets ce plan en place.

- À quoi tu penses ?
- À combien je pourrais toucher si je te vendais.

Kit pouffe de rire avant de reprendre son joint entre ses lèvres.

J'observe l'heure sur mon portable: 20h34. Je devrais déjà être à ma soirée depuis plus d'une heure maintenant.

Au moment où je devais partir, Kit m'a appelé pour me demander de vérifier sa moto parce qu'un liquide coulait. Je suppose que c'est le liquide de refroidissement ou l'huile moteur.

C'est ma mère qui m'a apprit la mécanique. Elle tenait un garage avec mon père quand il était encore chez nous. Ma mère réparait et mon père était dans les bureaux à s'occuper des papiers. Entre deux verres.

J'ai grandi dans ce merveilleux garage que ma mère a dû vendre malgré elle parce qu'elle avait besoin d'argent. Puis après la vente, elle est parti vivre en Italie. J'avais 17ans. Je suis allée la voir quelques fois et j'y restée longtemps. Je me rappelle la première fois comme ci c'était hier. Là bas, en Italie, tout est magnifique. C'est comme un rêve éveillé.

- T'as fini ?

La voix de Kit me sort de mes souvenirs et je lui en veux.

Je me relève sans parler lui faisant comprendre que j'ai terminé. Mes mains sont noires et pleines d'huile. Je ne crois finalement pas qu'aller à cette soirée soit une bonne idée. J'ai déjà une bonne heure de retard et il va me falloir un temps fou pour retirer toute l'huile imprégnée sur mes mains.

- Attend, j'ai ce qu'il te faut.

Kit se lève pour aller chercher une sorte de bouteille en métal bon marché. Je connais cette marque, c'est celle qu'il y avait dans l'atelier de ma mère. C'est vrai qu'elle se lavait les mains avec ça et que c'était très efficace.

Je tends mes mains en les rapprochant entre elles pour que Kit pulvérise le produit. Comme à son habitude, il en met partout. Mais, heureusement pour lui, je n'en ai que sur les mains. On ne peut pas en dire autant du sol de son garage qu'il va devoir nettoyer.

Après m'avoir bien lavé les mains, je calcule le pour et le contre dans ma tête pour savoir si je vais ou non à cette soirée.

- Accroche ta ceinture, on va à cette soirée. On trouvera bien une excuse.