Cher Dahmer

Chapitre 13 - Je plaide coupable.

Ma petite semaine touchait presque à sa fin, et je n'avais pas eu un seul moment d'ennui, tant nous avons savouré chaque instant ! Nos journées étaient remplies de promenades dans la nature, de baignades dans la rivière, de longues soirées passées ensemble à jouer au poker jusqu'à tard dans la nuit, et de bivouacs autour du feu. J'avais à peine le temps d'écrire ma lettre. En réalité, j'attendais la fin de mon séjour pour conclure tout ce que j'avais à raconter.

Profitant de cette avant-dernière soirée et du calme de la maison, j'avais pris le temps de noircir ma feuille. Le groupe est sorti faire quelques derniers achats. C'était rare d'avoir un moment aussi tranquille pour écrire durant toute cette semaine ! Une occasion précieuse pour rassembler mes pensées et mes souvenirs. Je dois avouer que malgré la compagnie fort sympathique de mes amis, je n'avais qu'une envie : m'isoler et raconter à Jeffrey ma merveilleuse semaine pour qu'il puisse la vivre à travers mes mots. L'écrire était comme l'avoir près de moi, une façon de recréer sa présence, de me retrouver avec lui.

M'installant confortablement sur le lit avec mon beau stylo-plume, je me laissais emporter dans un élan d'écriture frénétique ! Je plongais dans ma narration, créant une bulle autour de moi. J'oubliais tout, le monde extérieur, le temps qui passait, la vie elle-même, pour me concentrer sur l'écriture et me sentir plus proche de Jeff. Je voulais lui transmettre avec force mes émotions pour qu'il puisse les ressentir à son tour. Je griffonnais le papier avec une rapidité déconcertante, naviguant habilement à travers ma chronique, analysant chaque événement, chaque moment, chaque mot. J'étais immergée dans une transe thérapeutique, me laissant emporter au-dessus des nuages de ma raison. Un bien-être total envahissait mon être, et j'adorais ça ! J'adorais lui écrire.

Je ne me lassais jamais de cette sensation d'euphorie qui m'envahissait lorsque je lui écrivais. J'étais loin de tout comprendre, loin de me connaître vraiment, et encore plus loin d'anticiper ce qui se passait au plus profond de moi.

Toujours plongée dans mes écrits, je n'avais pas entendu la porte de la chambre s'ouvrir, laissant apparaître Amanda qui se tenait devant moi. Dans un léger sursaut de surprise, j'ai levé les yeux vers elle, la fixant d'un regard étonné.

- Tiens donc, à qui écris-tu de cette manière, hein ?

Froissant maladroitement le papier que je tentais de dissimuler, la jolie blonde s'approchait de moi, visiblement amusée.

- Allez, Annie, ne fais pas ta cachottière. Un admirateur secret, peut-être ? Enfin ! lança-t-elle en sautillant, tout en essayant de se frayer un chemin pour attraper le message tant convoité.
- Arrête, Amanda, ce n'est rien, je te le dis, j'écris pour le travail, insistais-je. Mais mes paroles ne semblaient guère avoir l'effet escompté sur mon interlocutrice, qui s'empara de la boulette de papier avide de curiosité. Je me figeai, rendant les armes, déconcertée et prête à subir ma sentence.
Son visage se figea dans une expression grave, ses grands yeux bleus me scrutaient avec sérieux.

- Tu écris... Annie, tu envoies des lettres à Jeffrey Dahmer ?

Aucun son ne sortit de ma bouche, comme si mes cordes vocales avaient été coupées. Je me contentai de regarder mon amie avant de baisser les yeux au sol, avouant ainsi tacitement.

- Annie, qu'est-ce qui te prend ?

Je pris un instant pour réfléchir. En réalité, je n'en étais pas certaine moi-même. Une force incontrôlable me poussait simplement à écrire.

- Tu veux la version courte ou longue ?

Elle hocha bêtement la tête en attendant ma réponse.

- Bon, d'accord. J'ai décidé d'envoyer des lettres au criminel le plus célèbre de notre pays dans le but de mener une recherche sur lui. Enfin, une étude sur sa psychologie. Une sorte d'approche professionnelle, je pensais que c'était une bonne idée, avouai-je à demi-mots.