À peine devant le garage de la maison, je vis Chad sortir et venir vers moi. Sans un mot, nous nous précipitions l'un vers l'autre dans une étreinte réconfortante. Sanglotante, je cherchais du réconfort, essayant d'oublier les dernières vingt-quatre heures.
- Je suis désolé, tellement désolé, Annie, murmura-t-il à mon oreille.
- Ne le sois pas... C'est de ma faute. Je te demande pardon, pardonne-moi...Il se redressa, essuyant mes joues humides de larmes.
- Je me suis tellement inquiété, Annie, tu ne peux pas savoir. Heureusement qu'Amanda m'a dit que tu étais chez elle quand je l'ai appelée.
- Euh, oui, oui, j'ai passé la nuit chez elle. D'ailleurs, à ce propos, je suis rentrée pour me doucher et me changer. Je dois lui rendre les affaires qu'elle m'a prêtées.Je me dirigeai vers la maison, surprise qu'Amanda ait eu l'esprit vif pour rassurer Chad en lui mentant sur ma fugue de la nuit dernière.
Sous la douche, je savourai ce moment de calme. L'eau chaude caressait ma peau pâle, la buée recouvrait le miroir d'une fine pellicule floue et l'atmosphère humide de la pièce remplissait mes poumons d'une sensation enivrante. Comme lors d'un rite de passage, je lavai mon corps de tout ce que j'avais vécu au cours des dernières heures.
Les yeux fermés, je sentis soudainement la présence de Chad, qui s'était discrètement glissé derrière moi.- Que fais-tu ?
- Chut, tu m'as tellement manqué la nuit dernière, j'ai besoin d'être seul avec toi.Ses lèvres parcouraient la courbe de mon cou avant de se poser sur mes épaules. Il passa ses mains autour de ma taille, descendant jusqu'à mon bas-ventre. Un frisson de malaise me fit sursauter, interrompant les préliminaires.
- J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- Non, désolée. J'ai presque pas dormi de la nuit... chez Amanda. Je suis épuisée, je n'ai pas l'énergie pour ça. D'ailleurs, je dois me dépêcher d'aller lui rendre ses vêtements.C'était devenu une habitude pour moi de fuir lorsque les situations devenaient inconfortables. Je n'étais pas ainsi avant, loin de là. Autrefois, je savais gérer les crises mieux que quiconque, y faire face avec assurance et courage. Mais depuis "l'événement", un coup violent avait brisé toute la confiance que j'avais mis tant d'années à bâtir, réduisant mes forces en cendres et emprisonnant mon courage dans la lâcheté. Je n'étais plus la même personne. Bien que Chad ait réussi à raviver l'Annie d'autrefois.
***
Arrivée devant la maison d'Amanda, je savais que je devrais m'expliquer auprès d'elle, confrontée une fois de plus à une situation inconfortable à laquelle je ne pouvais échapper cette fois. Grimpant les escaliers, la porte s'ouvrit, révélant la jolie blonde.
- Ah, enfin Annie ! Où étais-tu passée ? Je me suis inquiétée !
Mon amie se jeta dans mes bras, m'invitant à entrer pour lui raconter mes péripéties nocturnes.
- Attends, vraiment ? Tu es allée à sa prison ? s'étonna-t-elle, avalant une gorgée de son thé qu'elle adorait.
- Oui, mais au moment de le rencontrer, j'ai pris la fuite.
- Tu es partie ?
- Oui.
- Pourquoi ? Tu as fait trois heures de route pour rien ?
- Je sais, ça semble stupide, mais que veux-tu ? J'ai eu peur.
- Oui, je suppose que se retrouver face à Jeffrey Dahmer doit être terrifiant.
- En fait, ce n'est pas tellement ça qui m'a effrayée.
- Vraiment ? Alors, quoi ?Je remuais mon café comme si cela m'aidait à clarifier mes pensées avant de lui confier sans retenue tout ce que j'avais sur le cœur.
- Parce que je l'ai lâchement laissé tomber, comme la plupart des gens qui ont croisé son chemin d'ailleurs. Comme si cet homme était maudit, voué à être abandonné par les êtres qu'il aime. Je m'en veux terriblement pour ça. Parce que je n'ai pas tenu la promesse que je lui avais faite et parce que...
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Cher Dahmer
General FictionAnnie Keller, une jeune psychiatre de 30 ans, décide de relever le défi audacieux d'écrire des lettres au tristement célèbre Jeffrey Dahmer en prison. Ce qu'elle pensait être une simple étude de la psychologie tourmentée d'un tueur va finalement se...