Chapitre 8 - Émoi, et moi

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" Mr. Dahmer,

Votre lettre a été à la fois déconcertante et émouvante. Je dois avouer que mes premières réactions étaient teintées d'émotions contradictoires. Mais au fil de ma lecture, j'ai été frappée par la sincérité de vos mots et par la détresse qui transparaissait à travers eux.

Il est facile de céder à la colère et à la répulsion face à vous, mais en lisant vos lettres, j'ai été confrontée à une réalité plus complexe, celle d'un être humain en profonde souffrance, perdu dans ses propres démons.

Je ne peux ignorer les conséquences de vos actions, ni la douleur et la peine. Cependant, je crois franchement en la capacité de l'être humain à se repentir et à chercher la rédemption. Serait-ce votre cas ?

Plutôt que de vous haïr, je préfère essayer de comprendre ce qui vous a conduit à de telles extrémités. Peut-être que dans cette compréhension, nous pourrons trouver leçons à tirer, des enseignements sur la nature humaine et sur la nécessité de soutenir ceux qui luttent contre leurs propres démons.

J'ai moi même traversé des périodes de confusion et de désarroi émotionnel. Il fut un temps où j'ai connu l'amour. Mais depuis  lors, quelque chose s'est éteint en moi, laissant un vide que j'ai du mal à combler.

Je comprends donc, dans une certaine mesure, votre désir de ressentir des émotions humaines, même si il vous a conduit sur des chemins sombres et destructeurs. Il est difficile de vivre dans un monde où l'on se sent déconnecté des autres, où l'on cherche désespérément à remplir un vide intérieur.

Je vous souhaite sincèrement de trouver la paix et la rédemption, si cela est encore possible pour vous.

Avec une certaine perplexité, mais aussi avec compassion,

Annie Keller."

Après avoir écrit cette lettre, je me sentais étrangement chamboulée. C'était une sensation étrange que de partager quelques pensés intimes avec quelqu'un dont les actes ont été si horribles et destructeurs.

Je me surprenais même à ressentir un mélange de compassion et d'empathie envers lui. Pourtant, je savais que s'était un tueur en série, responsable d'un chaos irréparable et de souffrances indicibles.

Le simple fait d'avoir mis mes propres sentiments en mots, même dans une lettre destinée à quelqu'un comme Dahmer, m'avais laissé un sentiment de vulnérabilité. C'est comme si une partie de moi s'était ouverte et exposée à un danger inconnu.

Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me demander si, au fond, nous ne sommes pas tous un peu perdus et en quête de pardon à notre manière.

Quoi qu'il en soit, j'espérais avoir fait ce qu'il fallait en écrivant cette lettre, même si cela me laissais dans un état d'incertitude et de confusion.

Alors que je m'apprêtais à sceller l'enveloppe contenant ma réponse à Jeffrey Dahmer, le téléphone avait brusquement sonné, me faisant sursauter. Une voix familière s'etait adressée à moi de l'autre coté de la ligne. C'était ma vieille amie de fac, Amanda, dont je n'avais eu de nouvelles depuis quelques temps déjà.

    - Hey Annie ! Ca fait un bail qu'on ne te vois plus, comment tu vas ?

    - Amanda ! Qu'elle surprise ! Oh, et bien tu sait la routine et toi ?

    - Super écoute ! Si je t'appel c'est parce qu'on compte se réunir ce soir avec tout les copains de la fac et il est hors de question que tu échappe à cette soirée mémorable.

Ce coup de fil inattendu avait ébranlé mes pensés et avait temporairement mis de côté mes préoccupations concernant la lettre à Jeffrey Dahmer. C'était comme si le destin avait décidé d'intervenir pour me rappeler qu'il y une réalité en dehors de ma correspondance avec lui.

Cher DahmerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant