Chapitre 11 : décision irréversible

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Vincent

Je regarde mon mentor s'énerver. C'est un homme assez petit, en dessous du mètre septante, c'est sûr. Il a un début de calvitie sur le dessus de sa tête. Le reste de ses cheveux se composent d'un amas de brins brun foncé virant au gris parsemé de quelques mèches blanches. Ses yeux sont bruns, son nez est petit, mais droit, ses lèvres sont fines, renforçant son air sévère, et ses sourcils sont foncés et épais (ça aide pas non plus à adoucir sa tête de con). Comme d'hab, il court partout, stressé.

— Putain de bordel de merde ! jure-t-il.

Il arpente la pièce de long en large.

— Ça a pas fonctionné ?

Il s'arrête, se retourne lentement vers moi et me lance un regard noir. Il attrape une agrafeuse. Ça y est, il pète un plomb. Je l'évite soigneusement lorsqu'il me la balance dessus.

— Ça a l'air d'avoir marché, tu crois ? Utilise tes neurones au lieu de dire des conneries !

Je dois me retenir de rire quand sa voix se met à partir dans les aigus. Il me fait penser au roi dans Shrek, Lord Farquaad. Un petit qui gesticule dans tous les sens et qui fait un caprice quand il n'a pas ce qu'il veut.

— Oh le stagiaire, tu m'écoutes ?

Tout mon corps se contracte. Reste calme Vincent, c'est pas le moment de lui en foutre une.

— Je vous écoute.

— Il a dit qu'il allait rajouter ça à la liste de mes écarts et qu'il me ferait virer.

Il commence à rire hystériquement. Il attrape ses quelques cheveux entre ses petits doigts. Il a l'air d'un timbré. Note bien, avec lui, c'est pas qu'un air.

— Comment il peut être aussi calme ?! On a menacé sa fille bordel de merde !

Il prend son verre qu'il lance d'un geste rageur contre le mur derrière lui.

— Petit enculé ! Je vais te baiser bien profond toi, ta femme et ta fille ! On verra si après tu voudras toujours m'emmerder ! Je vais te bousiller jusqu'à ce que je sois sûr que tu me foutras la paix ! Espèce de sac à merde ! gueule-t-il.

Il balance son poing contre le bureau. Forcément, son visage se déforme sous la douleur.

— Fais chier ! se plaint-il.

— On a menacé sa fille, putain ! Comment il peut être confiant après ça ?! pleurniche-t-il.

— Il lui a collé un garde du corps, annoncé-je.

Quand j'ai su que son père avait engagé un mec pour qu'il la colle au cul, j'ai cru que j'allais balancer mon téléphone à terre. Putain, il a fait venir quelqu'un pour habiter avec elle dans le but de la surveiller. Qui sait si ce petit con n'est pas un pervers et qu'il ne va pas aller la mater quand elle dort. Ou quand elle se change ou qu'elle prend sa douche. Si jamais j'apprends qu'il s'est passé un truc, je vais le défoncer. Pour le bien de la mission, évidemment !

— Quoi ?! hurle Carignon.

Il se fige avant de se tourner lentement vers moi. Il avance doucement. Sa tête m'arrive aux épaules, c'est ridicule. Il pointe un doigt dans ma direction.

— Et pourquoi est-ce que j'en entends parler que maintenant ?! Non, réponds pas. Je comprends mieux pourquoi il s'en branle de ce que j'ai dit.

Il se met à arpenter la pièce de long en large.

— J'ai perdu mon atout. Putain, ça pue ça. Faut que je trouve une autre solution.

On dirait un fou qui s'est échappé de l'asile, il fait peur à voir. Il est à deux doigts de me filer un flingue pour descendre la gamine.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant