Chapitre 7 : surveillance rapprochée

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Vincent

Comme prévu, Carignon m'a contacté le lendemain en me disant que c'était pas assez et qu'il lui fallait un dossier en béton pour lui filer la frousse de sa vie. Voilà pourquoi, comme un putain de gros pervers, je suis posté devant un bar, dans ma bagnole, à mater les allers et venues de gamins. Je vais prendre quelques photos d'elles, si elle est assez bourrée, je vais voir si je peux entrer dans son appart pour planquer les caméras et ça devrait suffire. Je me demande ce que le père a comme info sur lui pour qu'il veuille autant le menacer. Je la sens pas cette histoire. Carignon n'est pas connu pour son calme et sa rigueur. Il fait dans la démesure et il n'en a rien à branler des conséquences. J'espère qu'après ça il va lui foutre la paix. Je suppose qu'il aime sa fille et qu'il va obéir. S'il ne le fait pas, je sens que le Chef va me demander de franchir des limites et je suis pas certain d'en avoir envie. On verra, en attendant, j'ai intérêt à faire du bon boulot.

Je repose ma tête sur mon siège en fermant les yeux.

— Combien de temps elle va encore me faire attendre, j'en ai ma claque, ralé-je.

Je commence à me dire que j'aurais jamais dû accepter d'être sous la coupe de Carignon. J'étais trop jeune et naïf. Je suis diplômé, j'ai mon doctorat en poche, mais je me gèle les couilles à surveiller un petit cul. Carignon ne pouvait pas secouer le père directement ? Ça aurait probablement été contre ses principes de petit merdeux. Comme s'il était à ça près.

Il est vingt-trois heures trente, toujours aucun signe de la petite blondinette. J'aurais dû la suivre à l'intérieur. Fringuée comme elle l'est, je ne serais pas surpris que des petits branleurs essayaient de l'approcher.

Enfin, je vois une jeune femme, petite et fine, en jupe très courte, sortir. C'est elle, y a aucun doute. Comme je le pensais, elle n'est pas seule. Il y a son amie, qui est son opposé physiquement d'ailleurs, et aussi un groupe de trois mecs. Son amie la salue et part vers la gauche. J'en déduis qu'elles ne rentrent pas ensemble. Naomy fait quelques pas en zigzaguant, avant de perdre l'équilibre et de se rattraper sur le poteau électrique. Les trois mecs se précipitent vers elle. Deux d'entre eux la prennent par-dessous les bras. Mes mains se crispent sur le volant et je commence à bouillonner. C'est qui ceux-là ? Je n'ai pas souvenir qu'elle ait des amis masculins.

Encadrée par les deux débiles, sa tête pend mollement et rebondit au rythme de leur pas. Le troisième pauvre type ouvre la marche, bien devant. Je contracte ma mâchoire, furieux. Je peux pas me retenir de penser qu'ils l'ont peut-être droguée. Je sors de la voiture, prêt à en découdre avec eux, lorsque je pense à un truc. Si ce sont des étudiants à moi, j'aurais l'air con. Oh et puis merde, je peux pas les laisser l'emmener sous prétexte que je suis leur remplaçant. De toute façon, c'était une idée à la con de Carignon pour justifier mes allées et venues sur le campus, je ferai sans au pire.

D'un pas déterminé, je me dirige vers eux. Je me tiens d'abord à distance, afin de pouvoir épier leur conversation et être sûr que ce ne sont pas des potes.

— C'est cool, ta poudre elle fonctionne trop bien mon gars.

Bordel j'avais raison. Je vais les démonter. Le type qui était un peu plus en avant, à priori le chef de cette petite bande de merdeux, se retourne et le frappe à la tête.

— Ta gueule, Robin ! vocifère-t-il.

— Ça va, c'est bon, c'est pas comme si elle pouvait nous entendre non plus.

Il s'approche de ses cheveux et la renifle. Mon sang ne fait qu'un tour. En deux enjambées, je les rejoins. Je décroche une droite à "Robin" et un coup de pied à son acolyte afin de leur voler Naomy des bras. Point positif : je ne connais aucun d'eux, ils vont pouvoir morfler.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant