Chapitre 32 : issue fatale

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Naomy

Nous sommes rentrés à la maison. Enfin... à son appartement plutôt. J'ai pris une douche (lui aussi d'ailleurs, après moi) et il m'a fait à manger. Nous n'avons pas prononcé un seul mot. On a simplement... profité de la présence l'un de l'autre. Je pense que lui comme moi, nous savons qu'à partir du moment où le silence sera brisé, il y aura bien des choses à affronter. Avec chacune d'entre elles un lot de conséquences qui risquent à jamais de nous marquer.

Nos sommes installés dans le divan, devant un documentaire quelconque. J'ai été bien trop occupée à ressasser ce qui s'est passé que pour y prêter attention.

Au milieu du documentaire, il brise le silence dans lequel nous étions si confortablement installés.

— Est-ce qu'il... t'a...

Il paraît assez mal à l'aise.

— Touchée ? Non.

Pensant à ça, je caresse mes poignets blessés. Il le remarque et attrape mes mains. Il remonte les manches de mon sweat noir et découvre les plaies à sang causées par les liens.

— Pourquoi tu m'as pas dit plus tôt ? râle-t-il.

Il relâche mes mains et monte l'escalier. Il redescend assez vite avec quelques boites dans les mains.

Je grimace, sachant que cela va me faire mal.

— On n'est pas obligés... Ça finira par guérir... gémis-je.

Il m'adresse un regard désapprobateur qui me fait taire immédiatement.

— Si tu te soignes pas, ça risque de s'infecter. T'as envie de te retrouver sans mains ? Parce que moi, je compte bien encore les exploiter, donc ça m'arrangerait si tu les gardais.

Je me force à regarder ailleurs pendant qu'il nettoie, puis panse les blessures, tandis que j'essaie de retenir des petits glapissements. Ça fait un mal de chien... Je me demande d'ailleurs d'où vient cette expression. Ils sont mignons comme tout les chiens.

Il est tellement concentré pour me soigner... Son toucher est doux, son regard attentionné. Mon petit cœur fond, comme à chaque fois que je prends le temps de l'observer...

Une fois la séance de torture terminée, c'est à mon tour de lui poser une question qui me turlupine depuis hier déjà. C'est presque à contrecœur que je lui demande, car sa réponse pourrait tout faire basculer...

— Pourquoi m'as-tu filmée à mon insu ?

— Au départ, pour Carignon. Je devais enregistrer quelques extraits vidéo pour les envoyer à ton père.

La pire des choses à laquelle je pensais s'est réalisée. Je tourne la tête, blessée par ses paroles.

— Après, j'ai voulu garder un œil sur toi. Encore bien que je l'ai fait, parce que c'est grâce à ça que j'ai vu ce qui est arrivé à ton garde du corps et à ta pote, qui est vivante et hors de danger.

Je me tourne soudainement vers lui.

— Quoi ?! hurlé-je.

— Je te l'ai pas dit, parce que je savais que t'allais vouloir aller la voir. Carignon aurait pu très bien t'atteindre à ce moment-là. C'est un risque que je voulais pas prendre. En plus, c'est pas mon problème, mais t'allais la mettre aussi en danger.

— Dans ce cas, pourquoi me le dire maintenant ?

— Parce qu'il te fera plus aucun mal, on s'en est assurés.

— On ? Qui ça, "on"?

— Ton père et moi.

— Mon... père ?! m'étranglé-je.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant