NaomyUn livreur est venu apporter un sandwich que j'ai ensuite dévoré pour apaiser mon ventre, tout en regardant la télévision. C'est Vincent qui est allé lui ouvrir, en verrouillant bien la porte après. Je suppose que je suis bel et bien sa captive. Je mentirais si je disais que je n'avais pas essayé de l'ouvrir, un moment auparavant, sans succès. De plus, il garde le trousseau sur lui. Je suis donc coincée ici. Je ne comprends pas. Cela revient à dire que tout ce qu'il m'a dit au début était un ramassis de mensonge. Il m'a dit qu'il travaillait pour ce type, mais qu'il voulait m'aider. Me retenir ici, ce n'est pas ce que j'appelle m'aider... Et si, au final, le meurtre d'Andrew n'était qu'une combine pour que je vienne chez lui sans discuter ? Ça aurait pu être une mise en scène. Mais si ça l'était, ça n'est pas très cohérent. Bien que je sois contente qu'il ne l'ait pas fait, il aurait très bien pu me ramener de force. Pourquoi se donner toute cette peine ? En tous cas, ça ne change pas grand-chose. Je suis coincée ici pendant qu'il fait chanter mon père. Est-ce qu'on va finir par me tuer moi aussi ? Non, j'en doute. Ce n'est pas ça qui le fera plier. La torture, en revanche... Je frissonne à cette idée. En plus, je vais probablement rater les prochains jours de cours. C'est inacceptable. Qui sont-ils pour ruiner ma scolarité ?! Ils ne savent pas s'arranger entre eux comme des grands ?! Ça me met hors de moi. Il faut que je sorte d'ici. Mais par où ? Nous sommes trop en hauteur pour que je saute d'une des fenêtres du salon. Je commence à arpenter la pièce de long en large. En plus, si je m'enfuyais, ce serait pour aller où ? Retourner à mon appartement qui s'est transformé en scène de crime ? Et puis quoi ? Je me fais traquer par ces idiots qui vont essayer de m'enlever encore ? Il faut que j'aille voir mon père. Il s'en fichera peut-être moins s'il me voit en face à face. Je vais lui demander de laisser tomber et basta. Mais... d'un côté, je n'ai pas envie qu'il abandonne, car ça reviendrait à laisser gagner le type qui le fait chanter. Il faut quand même que j'aille le voir. Ça sera toujours mieux que de rester coincée ici. Pour ça, il faut que je lui pique son trousseau. Mais est-ce qu'il le garde sur lui en permanence ?
J'entends des bruits de pas provenant de l'escalier.
— Tu vas me laisser enfermée ici encore pendant longtemps ? râlé-je.
— C'est pour ton bien. Je veux m'assurer que le type qui fait chanter ton père ne laisse pas traîner de minions pour te surveiller ou te kidnapper.
— Je croyais que c'était toi, ce type. En plus, c'est toi qui m'as kidnappée, au final
— Ouais, mais ça peut te sembler difficile à croire, je suis pas le pire d'entre eux.
— En effet, c'est difficile à croire.
— S'il a posté des mecs à lui pour te surveiller, tu feras à peine un pas dehors que tu te retrouveras dans une cave, dans le noir, sans rien à manger.
Un frisson de terreur me parcourt. Je me ressaisis. Et s'il disait ça pour que je me tienne tranquille uniquement ? C'est possible après tout. Rien n'est clair à son propos. Je ne sais pas quand il a été sincère, ni quand il m'a menti.
— Je ne veux plus que tu me touches comme tu l'as fait quand tu t'es énervé tantôt.
— Ça n'avait pas l'air de te déranger d'avoir ma main autour de ton cou, quand je te baisais hier.
Je pique un fard. Avait-il vraiment besoin de ramener ça sur le tapis ?!
— C'était... dans un contexte différent. Et c'était une grosse erreur.
Je remarque un petit tic nerveux au niveau de son œil droit.
— Une erreur ? me demande-t-il.
Je hoche la tête, pas très rassurée.
— Pas pour moi.
Pas pour lui ? Ça veut dire que... il me voulait ?
— Si ça n'avait pas été toi, ça aurait été une autre. J'avais besoin de baiser quelqu'un, et il se trouve que t'étais là.
Sur ce, il s'éloigne vers la porte d'entrée. Forcément. Comment ai-je pu croire que ça avait compté pour lui ? D'ailleurs, pourquoi ça compterait pour moi ? Je me sens... déçue et utilisée.
— Je vais faire les courses, ton petit cul ne va pas se nourrir tout seul. Si tu veux pas finir comme tes potes, bouge pas d'ici jusqu'à ce que je rentre.
Il veut que j'aille où de toute façon ?! Il est drôle lui. En plus, ça veut dire quoi ça ? Il ne compte quand même pas me tuer, si ?
Il sort et verrouille à nouveau la porte lorsqu'il est dehors. Me voilà à nouveau seule. Je regarde autour de moi, désespérée. Ce n'est pas comme ça que je pensais terminer ma dernière année à l'université. Mais bon, tant qu'à faire, autant continuer à travailler pour les cours. Je refuse d'avoir encore plus de retard...
Après une heure de travail intensif, je décide que c'est assez pour aujourd'hui. Je pense que je vais aller prendre une douche, ça me fera du bien. Je monte les escaliers. Arrivée au-dessus, mon regard se pose sur la porte du bureau. La fameuse pièce qui m'est interdite. Celle qui sera toujours verrouillée. Il faut que j'arrive à lui voler ses clés. Celles du bureau et celles de l'entrée. Je veux savoir ce qu'il me cache. S'il était net, il ne m'aurait jamais interdit l'accès...
Je rentre dans la chambre, ferme la porte et me dirige vers la douche. Je me déshabille et me glisse sous les jets de l'eau bien chaude. Je laisse les nombreuses gouttes ruisseler sur mon corps. Je repense à ce que Vincent m'a dit avant de s'en aller. Je ne peux pas croire qu'il n'ait rien ressenti, ni hier soir, ni ce matin. C'était bien trop intense. Il m'a donné mon premier orgasme. Je me pensais anormale, il se trouve que les autres ne savaient tout simplement pas y faire. Notre connexion était si intense... Ce n'est pas possible qu'il soit resté indifférent. Que la plupart des hommes aient un rapport au sexe différent, je veux bien l'entendre. Mais ça ne peut pas être si différent que ça. Je n'ai pas rêvé de la tension qu'il y avait entre nous.
En tous cas, je me sens... sale. Utilisée. Flouée. Naïve... Une chose est sûre, il ne m'aura plus. Ce n'est pas parce qu'il m'abrite sous son toit qu'il peut me sauter à sa guise.
Je me frotte avec une dose de savon considérable, afin d'éliminer toutes les traces qu'il pourrait rester de lui, ainsi que son odeur... C'est fini. Je ne le laisserai plus m'utiliser de la sorte.
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Sombre vengeance [terminée]
RomansaQue feriez-vous si vous rencontriez un homme charmant, mais à l'aura très sombre ? Que feriez-vous si cet homme devenait votre professeur ? Et même pire, que feriez-vous si cet homme n'était en fait pas celui qu'il prétendait être ? Naomy est à l'un...