Chapitre 12 : effrayante soirée

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Naomy

Les journées passent et se ressemblent. École, étude, dodo. La seule chose qui a changé est la présence d'Andrew dans ma vie. Et par présence, je veux vraiment dire, présence. Il est tout le temps là. Il me suit comme mon ombre. C'est à se demander s'il s'est vraiment fait des potes ici ou s'il va même à l'université. Parce que notre horaire semble être vachement similaire. Mais bon, je sais que ce n'est pas permanent, donc ça reste une présence agréable, qui m'éloigne un peu de la routine quotidienne. Maintenant que j'y pense, je pense que c'est un pléonasme. Une routine est forcément quotidienne. Ce n'est pas grave, ça sonne bien.

Ainsi me voilà assise sur un banc, en face du bâtiment principal de l'université, attendant qu'il ait fini un de ses cours afin que nous rentrions ensemble à l'appartement.

Et en attendant. J'observe les gens qui passent, comme si j'étais extérieur à tout cela. Je regarde au loin les commerçants qui travaillent, qui font tourner l'économie, tout en participant au capitalisme. Ils travaillent pour faire fonctionner le monde. Des fois, ça me fait penser au Sims. Des petits bonhommes qui se tuent à tâche. Quelle futilité... Travailler d'arrache-pied, jusqu'à une pension de quelques années seulement. Tout ça pour quoi ? Pour attendre sagement que la mort vienne nous cueillir. Et, si on est un peu attentifs, on peut facilement percevoir ces petits signes qui nous rappellent que celle-ci est omniprésente. Qu'elle se cache parmi nous. Qu'elle peut surgir à tous moments. Elle se terre, là, derrière vous. Derrière moi. Prête à bondir à n'importe quel moment. Prête à vous sauter à la gorge pour vous entraîner dans les tréfonds de la terre. De l'univers. Afin de vous faire taire, et ce, à jamais... Un corbillard passant à ma gauche qui transporte une personne qui n'est plus. Un cimetière apparaissant à ma droite témoignant de la futilité de la vie. À la télévision, une annonce d'un corps retrouvé mutilé, sûrement par un cinglé qui voulait lui-même se sentir ravivé, ranimé, revigoré. La mort rôde, se faufile entre nos corps, jusqu'à trouver sa prochaine victime et nous rappeler ainsi que nous ne sommes rien, face à l'immensité de l'univers. Rien, si ce n'est quelques particules flottant dans l'air. Et lorsqu'elle s'accroche à quelqu'un, vous pouvez être sûrs qu'elle ne le lâchera pas jusqu'à être complètement rassasiée. Dévorant la chair, les nerfs. Recrachant à peine quelques os. Laissant un trou béant à la place du cœur et deux autres à la place des yeux.

Telle est la cruauté et la futilité de la vie. C'est pour ça que je refuse de faire un métier que je n'aime pas. Je veux faire quelque chose qui a du sens. Je ne veux pas bêtement participer au cycle sans fin de l'économie. Je veux faire une différence. Mais... c'est plus facile à dire qu'à faire, je le conçois.

— Tu penses à quoi ? m'interrompt Andrew en me faisant sursauter.

— Oh... À rien.

À la vie, à la mort, à notre existence. Ce n'est rien du tout en effet.

— On y va ?

Je me lève et le suis. Aujourd'hui, c'est le printemps. Le soleil brille de mille feux dans un ciel bleu aussi translucide que les yeux d'une certaine personne... Pourquoi je pense à ça ? C'est sûrement à cause de la déception de ne plus être sûre de le croiser en cours. Je dois admettre que c'était un peu mon rayon de soleil à moi de la semaine, de savoir que j'allais le croiser. C'est bête n'est-ce pas ? Entretenir une sorte de crush sur une personne alors que l'on sait pertinemment qu'elle ne nous plaira pas. Oui, parce que sa personnalité est loin d'être parfaite. Si je devais le résumer, je dirais que sa beauté et son intelligence sont à la hauteur de son arrogance et de sa froideur.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant