Chapitre 28 : erreur et frayeur

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Vincent

Je pousse Naomy dans le bureau et ferme la porte. Je me retrouve nez à nez avec un type pas très grand, habillé en noir de la tête aux pieds. Je le distingue pas bien, vu qu'il fait sombre.

— Tu fais quoi chez moi ? l'interrogé-je, agacé.

Il ne dit rien. Je fais un pas vers lui, mais ce con recule. La fureur coule dans mes veines. Si jamais cet enfoiré a été envoyé par Carignon pour faire du mal à Naomy, je vais le défoncer. Lui et puis Carignon. Au diable mes plans pour me venger, j'irai lui refaire le portrait !

En deux enjambées, je suis devant lui. Je l'attrape par le col. Il tremble et il respire très vite, c'est quoi cet amateur ? C'est pas pour rien que Carignon a peur de me perdre, si tout ceux qu'il arrive à recruter sont des mauviettes.

— Je t'ai demandé ce que tu foutais ici ?! hurlé-je.

Je le pousse jusqu'au mur et le colle contre, dans le but de me rapprocher de l'interrupteur. J'allume la lumière, et parviens enfin à distinguer son visage. Ses yeux bleus et ses cheveux blonds me sont un peu trop familiers à mon goût. Je mets pas longtemps pour reconnaître leur propriétaire.

— Nathan ?!

Il hoche la tête. Pile à ce moment-là, la porte du bureau s'ouvre violemment.

Naomy sort de la pièce et me tire en arrière pour se placer devant moi. J'ai jamais vu autant de colère sur son visage. J'ai même pas le temps de lui demander ce qu'elle fiche, ni d'anticiper son geste, que cette petite peste me fout un coup de pieds dans les couilles. Et ça, aucun mec ne va me contredire, c'est la pire des choses qu'on puisse nous faire. Une douleur remonte dans mes terminaisons nerveuses et, l'espace d'un instant, paralysé, j'ai l'impression que je vais crever. J'en viens à l'espérer tant la douleur est incommensurable. Recevoir un coup de couteau est moins douloureux que cette merde, et ça, croyez-moi, j'en sais quelque chose.

Je me penche et pose mes mains dessus. J'ai l'impression qu'elles vont se décrocher.

— Prends ça, espèce de connard, ça te permettra au moins de ressentir une émotion dans ta vie, me balance-t-elle.

— Que... Putain... Espèce de...

C'est tout ce qui réussit à s'échapper de mes lèvres, dans un faible sifflement.

Elle fait demi-tour. Quelques secondes après, j'entends la porte d'entrée claquer. Je mets pas longtemps pour comprendre qu'elle est sûrement tombée sur les vidéos que j'ai d'elle sur le pc.

Je me tourne vers Nathan, qui rigole comme un con derrière-moi. Je lui fous une tape à l'arrière de la tête.

— Si t'étais pas entré par effraction, ça serait pas arrivé, espèce de petit con.

— Un petit con que tu aimes bien quand même.

Je soupire.

— Il me faut de la glace.

Je descends les escaliers. Chaque marche me fait souffrir au-delà du nécessaire.

Je sors une poche de glace du congélateur et la pose dessus. Je grimace quand je sens le froid. Putain, tout allait enfin bien, j'ai réussi à me confier un peu à elle, et il faut qu'elle pète une case.

Il faut que j'aille la récupérer. En premier, pour lui faire regretter son geste, je laisserai jamais passer ça. Et après, faut que je lui explique que c'est pas ce qu'elle croit. Putain, Naomy, si seulement tu avais pris le temps de me laisser t'expliquer.

Pour le moment, j'ai vraiment trop mal pour bouger, je saurais pas aller à sa recherche. De toute façon, c'est elle qui a décidé de se barrer. J'en ai marre de toute cette affaire. C'est pas mon problème, merde.

Nathan descend l'escalier nonchalamment.

— Va voir dehors si elle est là, lui ordonne-t-il.

Je vais me taper dans le divan en grimaçant.

— Putain que ça fait mal... râlé-je.

Il revient après quelques minutes.

— Y a personne chef.

Merde, Naomy, t'es où ?! J'aurais dû lui rendre son téléphone. Quel con !

— Pourquoi t'es là toi ? lui demandé-je.

Il a l'air hyper nerveux.

— Ben... c'est que... c'est... bégaye-t-il.

— C'est que quoi ?! Accouche ! m'énervé-je.

Soudain, il éclate en pleurs.

— Il m'a menacé. Il veut que je te poignarde dans le dos, mais je veux pas moi. Je veux pas parce que t'es comme mon grand frère. Et lui, il veut que je lui obéisse au doigt et à l'œil. Il a dit... Il a dit qu'il m'offrirait mes études d'ingénieur, c'était tentant, mais... pas de là à te trahir. J'ai refusé et là il a dit qu'il ferait de la vie un enfer, sanglote-t-il.

— Qui lui ? l'interrogé-je même si je connais déjà la réponse.

— Adrien Carignon.

Au même moment, mon téléphone vibre. Je le prends et regarde le message que j'ai reçu. Il vient de lui, justement. Il est écrit : « Je n'ai plus besoin de tes services, tu es viré

— Je suis viré ? réfléchis-je tout haut.

Il avait besoin de moi pour faire chanter le père de Naomy. Donc, s'il me vire, ça ne peut dire que deux choses, soit il a obtenu ce qu'il voulait, soit il a engagé quelqu'un d'autre pour le faire. Dans les deux cas, elle est en danger.

Une grosse dose d'adrénaline se répand dans mon corps tout entier, me faisant oublier la douleur. Je me relève d'un coup. Il faut que je la trouve, en espérant que ça soit pas déjà trop tard !

Je prends mes clés et sors en vitesse de l'appartement. J'inspecte la rue, je cours comme un fou, je crie son nom, pourtant, y a aucune trace d'elle. Je peux même pas faire appel à la police, il l'a dans sa poche.

De rage, j'écrase mon poing contre un mur en briques.

— Bordel ! hurlé-je.

Nathan me rejoint.

— Je suis désolé ! pleurniche-t-il.

Je l'ignore et prends mon téléphone. Mes poings se contractent. Ça peut plus durer, faut le faire tomber, maintenant. Je compose le numéro de celui qui m'a aidé à mettre le plan en place. Il décroche après plusieurs sonneries.

— Allô ? Pourquoi tu m'appelles à cette heure-ci ? demande-t-il, encore endormi.

— Je pense qu'il a enlevé votre fille. Il est temps, déclaré-je.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant