Chapitre 27 : descente aux enfers

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Naomy

Je pensais que lui avouer ce que je ressentais avait été la pire décision de ma vie. Pourtant, j'ai l'impression qu'il a changé, en bien, après ma confession. Il a beau ne pas avoir répondu verbalement, ses actes ne mentent pas, il tient à moi.

Sur le chemin, on s'est arrêtés dans une pizzeria. Sans grande surprise, je n'ai pas su terminer la mienne. Heureusement, il a bien été content de le faire à ma place.

Il se gare en face de son appartement. Tout est plongé dans l'obscurité. La ville ayant décidé de faire des économies, les éclairages extérieurs sont coupés entre vingt-trois heures  et cinq heures. Il faut croire qu'on est pile dans ces heures-là. En tous cas, ce n'est pas rassurant. Autour de nous, il fait vraiment noir. Pas une seule lumière n'éclaire la façade du bâtiment. Les gens doivent être endormis. Une sensation d'angoisse s'enroule autour de mon cœur, tel un serpent étreignant sa proie.

Je descends de la moto, enlève mon casque, puis me cramponne à son bras.

— J'ai un mauvais pressentiment, lui soufflé-je.

Il pose sa main sur la mienne.

— C'est sûrement l'éclairage qui te fait ça, c'est rien.

Dans son regard d'ordinaire rassurant transparait une lueur d'inquiétude.

— Tant que tu restes à mes côtés, je ne laisserai rien t'arriver. Compris ?

Je hoche la tête tandis que nous marchons vers l'appartement. On y accède par la petite cour à l'arrière. Nous montons les marches situées à l'extérieur. Arrivé devant la porte, il sort sa clé. Il l'enfonce dans la serrure et ouvre. Mais, au lieu d'entrer, il passe un bras devant moi pour m'empêcher d'avancer. Il me jette un regard inquiet.

— Je pensais avoir verrouillé à double tour, c'est bizarre. Reste derrière-moi.

Je resserre ma prise sur son bras, sentant mon cœur se compresser.

— Non, s'il te plait, n'entre pas. Je ne le sens pas... Appelons la police ou... revenons quand il fera jour !

Il secoue la tête.

— C'est peut-être rien, j'ai probablement oublié de le faire, comme j'étais pressé, c'est possible. Je veux juste pas prendre de risque. Tu me suis et quoi qui se passe, tu fais ce que je te dis, compris ?

Je n'ai pas envie de répondre. Je ne veux pas entrer et... je ne veux pas l'écouter. Pas si ça le met en danger. Je commence à avoir du mal à respirer au point d'hyperventiler. Dans quelques secondes, à cause du manque d'air, je le sais, ma tête commencera à tourner.

— Naomy, bon sang, fais ce que je te dis ! gronde-t-il.

L'ironie, c'est que, dans un contexte tout à fait différent, ça ne m'aurait pas dérangée qu'il me dise ça. J'acquiesce d'un mouvement de tête, sans pour autant répondre.

Il attrape mon poignet et me maintient derrière lui. Il allume les lumières et contemple l'intérieur. Il ne semble y avoir rien d'anormal, pour le moment.

La cuisine est déserte, le salon aussi. Je dois effectuer des petites foulées pour arriver à le suivre sans trop faire de bruit.

Nous montons l'escalier. Le palier est vide aussi. Il se dirige vers son bureau. Il l'ouvre et me fait entrer. C'est la première fois que j'ai le droit de pénétrer dans cette pièce, mais je n'y vois pas grand chose à cause de l'obscurité.

Il lâche mon poignet et se dirige vers l'ordinateur. Il effectue quelques manipulations avant de revenir près de moi. Il paraît un peu soulagé.

— On est peut-être parano tous les deux, plaisante-t-il.

Sombre vengeance [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant