❈ FAR CRY 5 ❈

13 juin 2018

Le soleil s'était levé depuis près d'une heure sur le Montana, accompagnant un trio de Whitetails le long de leur trajet à travers forêt et montagnes. Ils progressaient à la faveur de l'ombre des pins, à peine troublée par l'éclat luxuriant de cette matinée. Les oiseaux gazouillant depuis la cime des arbres, le grondement des véhicules passant de temps à autre sur les routes les plus proches, et enfin le seul bruissement feutré de leur pas dans l'herbe brute, donnaient la mesure de leur progression.

Laura s'était entourée pour cette mission un peu particulière de deux Whitetails chevronnés : Betty Ambrose et Eric Jones. La première n'était autre que la milicienne que l'officier avait secourue de justesse au Devil's Drop, qui se sentant redevable envers elle s'était portée volontaire pour l'accompagner ; le second un citoyen concerné à la carrure sportive qui avait décidé de prendre les armes au sein de la milice il y avait près d'un an de cela. Tous deux avaient une solide expérience des contacts rapprochés avec la secte, et une sérieuse envie d'en découdre coulait dans leurs veines.

La petite équipe s'arrêta bientôt en marge d'un imposant chalet en bois, dominant de ses deux étages de hauteur la place au centre de laquelle il se tenait, jouxtée d'un parking et de diverses installations temporaires, dont des serres mobiles bien reconnaissables. Laura pouvait presque sentir, malgré la distance, l'entêtant parfum de datura qu'elle commençait à connaître si bien.

« De la Grâce... murmura-t-elle d'un ton empreint de révulsion.

- Ils en cultivent ici aussi ? suggéra Betty d'une voix étouffée proche de l'incompréhension.

- Je n'en vois pas beaucoup. Jacob doit avoir un chimiste attitré sur place. Il faut que la fleur soit distillée rapidement après cueillette pour pouvoir exploiter tout son potentiel psychoactif sur une petite quantité. L'équivalent d'une seringue, par exemple...

- Comment tu sais ça... ?

- J'ai entendu des tarés en parler quand j'étais en détention.

- Vous êtes plus très loin, grésilla la voix d'Eli dans leurs oreillettes, avec qui ils demeuraient en contact permanent par radio. Ne vous faites surtout pas remarquer... Il faut éviter que Briggs soit blessé. Pour info, j'ai pas de caméra dans le bâtiment. Souvenez-vous, une fois à l'intérieur, remplacez la bande et laissez la déprogrammation faire son travail.

- Compris, lui répondirent Eric et Betty.

- Reçu. Terminé. » approuva Laura avant de recentrer sa paire de jumelles sur leur cible, à environ cinq cent mètres devant eux.

L'Hôtel Grandview. Le lieu sordide où elle avait frôlé la mort il y avait trois semaines de cela. De jour, il était nettement moins effrayant que de nuit, c'était une chose de sûre : ce qui l'était moins, c'est l'état dans lequel ses compagnons et elle retrouveraient Briggs à l'intérieur. Exsangue ? Délirant ? Mourant ? Rien n'était moins sûr. Les effets de la Grâce concentrée à l'extrême dans la drogue de Jacob étaient imprévisibles et dépendaient du métabolisme de la personne recevant ce "traitement". Fort heureusement, Eli avait raison sur un point capital : la présence de la secte en journée demeurait moindre comparée à la nuit. Laura, Betty et Eric avaient une chance de s'infiltrer là-dedans sans déclencher l'alerte générale. Une fois qu'ils auraient remplacé la cassette dans la pièce où se trouvait Briggs, c'était là que les choses risqueraient de se corser. Néanmoins, avec un peu de chance, ils n'auraient que les forces adverses en présence à affronter, sans devoir essuyer de renforts.

« La façade avant est assez bien gardée, et quelques tarés isolés nous bloquent la route jusqu'au chalet, les informa Laura avant de rabaisser ses jumelles pour se retourner vers ses compagnons. Pour moi, il y a deux options : ou on les élimine discrètement pour passer par devant, mais en faisant attention à ne laisser aucun corps en évidence, ou bien on fait le tour et on risque de se couper toute retraite à cause du lac, mais il y a de grandes chances que la façade arrière soit peu surveillée.