24 juin 2018

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Le crépitement d'un feu réveilla l'officier. Ses narines furent immédiatement agressées par les odeurs fétides de charogne qui émanaient des cages tout autour d'elle. Elle retroussa le nez de dégoût, entrouvrit ses paupières collantes sur une vue trouble. La nuit était bien avancée. Elle était adossée aux barreaux de sa prison routinière, l'expression même d'un véritable comique de répétition qui commençait à devenir lassant. Elle n'entendait aucun bruit, aucun gémissement torturé autour d'elle. La cour paraissait déserte. Encore secouée après avoir émergé de l'inconscience, son regard s'orienta vers le sol, sur un point vide juste de l'autre côté des barreaux, où il ne semblait au premier abord y avoir que de la terre remuée par des bottes.

Mais elle la vit.

Petite chose presque invisible dans les nuances ocres à brunes de la terre boueuse, la boîte à musique de Jacob se trouvait posée là, comme une provocante incitation à se saisir de la clé de sa délivrance.

Laura se retourna dans un effort surhumain et passa le bras à travers ses barreaux. Les doigts tendus à s'en rompre pour tenter de saisir la petite boîte en bois, et ainsi ravir à Jacob son plus terrible instrument de torture.

Une botte terrassa son effort en s'abattant sans pitié sur ses phalanges qu'elle écrasa au sol, à quelques centimètres seulement de la boîte à musique, extorquant à Laura un hurlement de douleur au passage. Elle releva les yeux, pour plonger dans le regard infâme de son ennemi mortel.

« T'en fais pas, tu seras bientôt loin d'ici. »

Jacob Seed se pencha. Son sourire hautain et cruel répugnait encore et toujours autant sa prisonnière. Elle le soutint néanmoins, ses prunelles chargées d'éclairs braquées dans sa direction en contemplant le monstre qu'il était.

« Tu pensais être libre ? » lui demanda le soldat d'un ton particulièrement humiliant pour Laura recroquevillée à ses pieds, avant qu'il ne se penche pour ramasser la boîte à musique et l'envelopper entre ses paumes rugueuses.

Il délivra par là-même la main douloureuse de l'officier qui, redressant le dos pour monter sur ses genoux, se tint à ses barreaux pendant que Jacob s'attelait à remonter sa boîte à musique.

« Les animaux naissent avec des traits inhérents, lui expliqua-t-il en berçant sa voix par le rythme du mécanisme qu'il tournait entre ses mains. Certains sont bons, certains mauvais. Mais dans leur esprit, on ne trouve que le chaos sans fin. Trop de possibilités. Trop de faiblesse. Les Juges ne partagent plus les traits débilitants de leurs frères. Non... Leur instinct est distillé. Mais le pouvoir de la paternité existe. Il n'y a plus de fuite. Que le combat... Les Juges libèrent le troupeau des malades, des vieux, des faibles et des indignes. Ton petit camarade... s'est donné beaucoup de mal pour rien du tout... c'est pas très grave. Ça lui apprendra. Je te l'ai dit, t'as rien d'une héroïne. T'es juste un outil. »

Jacob fit face à Laura. Il présenta la boîte devant elle. L'officier savait pertinemment ce qui allait suivre, et elle en était à son point de rupture. Elle aurait voulu pouvoir exploser pour libérer toute la rage qui était contenue en son être à ce moment précis.

« Ne montre aucune peur. Abandonne-toi au Père. Fais ton sacrifice, et les Juges t'estimeront digne. » Il entrouvrit la boîte, dont les notes s'enfoncèrent telles des lames dans le crâne de Laura qui grinça de douleur, convulsa, s'écroula au sol dans un bruit sourd alors que le soldat prenait le contrôle de son mental. « Tu sais quel est ton rôle. Tu le connais depuis le début. »

Only you...

Un voile de ténèbres tomba sur les prunelles de l'officier qui grondait entre ses dents, la louve en elle se réveillant et poussant un hurlement sauvage, son appel à s'entraîner, à traquer, à tuer et à sacrifier.

❈ FAR CRY 5 ❈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant