Chapitre 4.1

11 3 0
                                    

Théo avait passé la journée seul devant YouTube et avec la basse récupérée au grand-père de Clara, parce que ses amis étaient étrangement tous occupés. Ils étaient surtout tous au travail ou tous en vacances avec leurs parents. Il aurait pu aller courir le matin mais il avait eu la flemme sans Thomas pour l'accompagner.

Et Clara travaillait aussi le mardi. Mais elle avait accepté de le rejoindre aux ruines le soir donc il s'habillait pour la première fois de la journée afin de s'y rendre.

Elle était déjà là quand il arriva plein de sueur à cause de la chaleur étouffante.

— Alors, tu as prévu un sandwich de bonhomme ?

Il sourit et sortit fièrement son sandwich jambon beurre de son sac.

— Oui, madame.

Il s'installa à ses côtés, peinant à trouver un angle confortable sur les rochers saillants.

— Tu as refait de la basse ?

— Yep, ça m'avait manqué en fait. Et puis, qui sait, les filles aiment peut-être plus la basse que la guitare, la taquina-t-il.

Elle leva les yeux au ciel. Il changea de sujet.

— Bon, tu ne m'as pas dit, ils vont bien tes parents ?

Le tremblement de ses mains ne lui échappa pas mais il ne sut quoi en faire.

— Vous vous êtes disputés ?

— Non... Il n'y a juste pas grand-chose à en dire, dit-elle d'une petite voix.

— Ton père est toujours climatosceptique ?

— Ferme la bouche quand tu mâches, grogna-t-elle. Et, oui, rien à faire, j'ai abandonné de toute façon. Je vais en licence de biologie pour faire un master en écologie, ça lui fera les pieds, tiens. Tu fais quoi à la rentrée, toi ?

Théo n'était pas dupe, ça l'arrangeait bien de reporter la discussion sur lui, mais il n'insista pas.

— Licence de droit.

Clara faillit s'étouffer avec sa bouchée et se prit une quinte de toux.

— Droit ? demanda-t-elle, les larmes aux yeux.

— Je sais que c'est pas la tasse de thé de tout le monde mais ça sert à rien de se mettre dans ces états-là, voyons, se moqua-t-il.

— Mais qu'est-ce que tu vas foutre en droit !

Ce n'était pas une question mais une accusation. Il haussa les épaules.

— Étudier le droit, je suppose.

— Te fous pas de moi. Sans dec', qu'est-ce que tu fous de ta vie ? T'as jamais voulu faire la même chose que tes parents.

A nouveau, Théo haussa les épaules.

— J'avais peut-être tort, ça assure une bonne carrière le droit.

—Théophile Théodore Théobald, arrête de te foutre de moi, tu n'en as rien à faire de ces histoires de carrière.

Elle l'appelait toujours comme ça quand elle était énervée contre lui, vestige de leur première rencontre où elle avait essayé de trouver son prénom complet. Pas de bol, c'était juste Théo.

— Moi, c'est toujours Théo.

Elle ne rit pas.

— Pourquoi pas dans la musique ?

Il soupira.

— Clara, tu as vu comme je stresse pour un rien... J'ai besoin de quelque chose de stable. Et puis, comme ça peut-être que je comprendrais mieux mes parents...

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant