Chapitre 5.1

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Aussi étonnant que ça puisse paraître, Clara avait fini par répondre et accepter de venir aux ruines. Les 12 messages insistants de Théo y étaient peut-être pour quelque chose...

— Je m'attendais pas à ce que tu viennes.

— Mmh.

— Ça va pas ?

— Mmh.

Elle regardait la tour du château en contre-haut, la pierre éclairée par le soleil qui déclinait derrière eux.

Au lieu d'attendre une réponse plus développée qui ne viendrait pas, il lui raconta son début de semaine, ses sentiments contradictoires envers ses potes, son impression d'être détaché du groupe, l'entretien qu'il avait commencé à préparer mais dont il n'avait toujours pas la date, ses parents qui venaient tout juste de rentrer mais qu'il n'avait même pas croisé, et ainsi de suite.

— Et Luc ? demanda Clara.

— Jalouse ?

— Non. Intéressée de savoir si tu sauras t'occuper sans moi.

Il aurait aimé lui répondre que personne n'était indispensable, c'est ce qu'elle aurait répondu à sa place. Sauf que, pour lui, elle était indispensable, tout comme l'était Thomas. Pour lui, les autres de façon générale étaient indispensables. Ce qui était inimaginable pour elle. Il saurait toujours trouver une occupation, il courrait, voilà tout, mais il n'était pas question de savoir s'occuper, il était question de savoir vivre. Saurait-il encore vivre sans elle maintenant qu'elle était revenue ? En trois semaines, il lui avait creusé une place immuable dans son cœur et c'était probablement sa plus grande erreur.

— Parce que tu comptes partir ? demanda-t-il finalement.

Il l'entendit prendre une grande inspiration.

— En septembre, oui. Tu le sais. Et mon père est arrivé hier, il vient passer une semaine de vacances et aider mes grands-parents pour les travaux dans une des salles de bain.

— Je pourrais venir aider, proposa-t-il.

— Non. Du coup on se verra pas de la semaine, le soir j'irai aider et voir mon père.

— Pourquoi ?

— Parce que non.

Il courba les épaules en soupirant.

— Tu m'en veux pour la plage ?

— Pas spécialement, répondit-elle en haussant les épaules.

— Mouais. J'ai l'impression que tu passes ton temps à me fuir quand on se rapproche mais je ne sais jamais si c'est parce que j'ai fait quelque chose de mal ou pas.

— T'es pas un enfant que je vais gronder...

— Parfois j'ai l'impression que si justement.

Elle haussa les épaules.

— Mais tu me fuis, non ?

— Je suis là.

— Maintenant oui. Ça n'empêche que tu es distante, et j'ai dû insister pour que tu viennes. Tu passes ton temps à changer de sujet quand on est sur un sujet qui ne te plaît pas. Tu fais toujours en sorte que la discussion soit sur toi et pas sur moi, énuméra-t-il avec ses doigts. Tu pars sans jamais me donner d'explications. Je ne sais jamais quand je vais te revoir et parfois tu ne dis plus rien pendant plusieurs jours. Pourtant, tu reviens quand même me voir. A force, je ne comprends plus rien. Alors, tu fuis et pourtant tu reviens, est-ce que j'aurais une explication un jour ?

A nouveau, elle haussa les épaules.

— C'est la vie.

— Mais pourquoi fuir ? J'ai l'impression que tu ne vas pas bien, que quelque chose ne va pas... J'aimerais comprendre, savoir ce que je peux faire pour que ça aille mieux... Est-ce que je peux faire quelque chose ?

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant