Chapitre 8.2

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Angélique ne fut pas surprise quand elle leur ouvrit la porte.

— Je me doutais que tu ne tarderais pas. J'ai fait un brownie. Entrez, les enfants. Tu dois être Camélia ?

— Oui. Enchantée.

Ils la suivirent dans la cuisine où elle leur servit un jus de fruit et du brownie.

—Clara t'a parlé ? demanda Angélique d'entrée de jeu.

Théo but une gorgée et prit un morceau du brownie. Il fondait sous la langue.

— J'ai eu droit à un message cette fois. Alors qu'on s'est engueulé la dernière fois qu'on s'est vu.

Il soupira.

— Angélique, je crois que je ne la comprends pas...

— On ne peut pas toujours comprendre les gens, même ceux qu'on pense connaître par cœur... Tu sais, elle est partie sans nous dire grand-chose. Elle veut découvrir la vie, loin de tout ce qui lui rappelle sa mère et toute la souffrance qui entoure son adolescence...

— Vous paraissez soucieuse, intervint Camélia.

— Je le suis, mon enfant, je le suis. Elle est partie en laissant bien comprendre qu'elle ne voulait plus aucun contact... Je ne suis pas encore si vieille mais mon temps est compté. La vie m'a enlevée ma fille donc si elle pouvait ne pas m'enlever ma petite fille aussi...

— Elle n'a pas changé d'avis sur la thérapie ? demanda Théo.

— Je lui ai donné le contact d'un bon psy. J'espère qu'elle ira mais ça ne peut venir que d'elle. C'est ce qui est dur : on peut orienter mais pas faire à sa place. Et maintenant qu'elle part, on ne peut qu'espérer qu'elle trouvera la paix avec elle-même...

Le silence s'installa. Théo laissait fondre le brownie miette par miette et il sentait le regard de Camélia peser sur lui. L'abondance de beurre du gâteau l'écœurait. Il ne savait plus quoi dire. Y avait-il encore quelque chose à dire ? Elle était partie, elle avait choisi de les laisser derrière, c'était tout. Qui étaient-ils pour l'empêcher de prendre son envol ? Après tout, Clara avait raison, il fallait qu'ils se concentrent sur leurs propres chemins, eux aussi, tout comme elle le faisait. Il grimaça. C'était une chose de le penser, une autre de l'accepter.

— Quand je pense qu'elle va se retrouver complètement seule, soupira Angélique. Elle ne choisit pas les changements les plus faciles...

— Ça a l'air plus simple pour elle de repartir de 0 que de gérer ce qu'elle connaît déjà, remarqua Camélia.

— Certaines choses blessent trop profondément...

— Ce n'est pas une chose en particulier, corrigea Théo. Elle ne m'en a pas beaucoup parlé mais je crois qu'il y a beaucoup de choses à démêler qui se sont construites les unes sur les autres...

— Bon, intervint Angélique, arrêtons d'en parler comme si elle n'existait plus. Elle reviendra.

— Jamais deux sans trois, sourit Théo.

Camélia et Angélique lui sourirent, indulgentes.

— Elle t'a laissé un mot dans sa chambre. Et Etienne est dans le jardin, il sera content de vous donner des melons à emmener.

— Dans le jardin à cette heure-là ?! s'indigna Camélia. J'espère qu'il porte une casquette et qu'il a de l'eau.

Angélique haussa les épaules. Elle avait abandonné depuis longtemps à essayer de le raisonner.

Théo finit son verre de jus et monta les escaliers, suivi par Camélia.

La chambre était telle qu'il l'avait vue avant que Clara ne parte, la valise dans le coin en moins. Si ses souvenirs n'étaient pas si frais, il aurait pu penser que personne n'avait dormi ici depuis des mois.

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant