Chapitre 10.1

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— Théo !

Il se retourna pour trouver William qui courait depuis l'autre bout du couloir de la fac, ses cheveux noirs devant les yeux, un sac à dos au bras. Deux mois qu'il était là, deux mois que William lui courait après au moins une fois chaque jour. L'avait-il déjà vu marcher normalement comme tout le monde ?

— T'es partout où je passe et tu me vois jamais. Ah, sérieux... On fait répet' ce soir ? Vu que demain y a pas tout le monde.

— Tu aurais simplement pu m'envoyer un message au lieu de courir, sourit Théo.

— Ttt. Ce soir, 19 heures chez moi ? demanda-t-il en sautillant sur place, incapable de tenir en place.

— Vendu.

William posa sa main sur son épaule avec un hochement de tête puis, apercevant une connaissance dans son champ de vision, repartit en courant. Théo secoua la tête et rejoignit Thomas qui l'attendait à l'entrée.

— On passe faire des courses ? J'ai répet' ce soir.

— Cool, j'invite des potes à l'appart' alors.

Théo et Thomas avaient vite trouvé leur équilibre dans cette nouvelle vie d'étudiants en colocation. Théo se sentait bien, peut-être pas entier mais bien. Grâce à Clara, il était là où il devait être, il en était persuadé, malgré le trou dans son cœur.

Deux heures plus tard, Théo était installé dans un garage, sa basse en main, entouré de son groupe. Il n'avait pas imaginé ça quand il pensait aux études supérieures en étant au lycée. Il n'avait pas imaginé qu'il pourrait travailler tout en s'amusant, il n'avait pas imaginé qu'il pourrait faire ce qui le faisait rêver. Le groupe s'était formé très vite, une annonce dans le hall de la fac et c'était fait. William s'était assuré de traquer chacun des intéressés.

— Théo, on a commencé, lui chuchota David.

— C'est pas le moment de se déconcentrer, renchérit Louisa, on n'a qu'un mois avant la représentation là ! Hauts les cœurs bébou, et réveille-toi un coup !

— Arrête de m'appeler comme ça, râla Théo.

— Bébouuuuu !

— Louisa, arrête, souffla David. Allez, on commence ?

Quelques notes de basse lui répondirent avant que William ne se déchaîne sur sa batterie.

***

Théo passa la ligne d'arrivée le souffle court et continua de trottiner sur quelques mètres. La sueur dégoulinait le long de ses tempes.

— Félicitations, Théo ! Tu as battu ton record, tu peux être fier de toi !

Il sourit de toutes ses dents à sa coach.

— Mets donc une veste avant de prendre froid, intervint Camélia derrière lui.

Il l'accepta volontiers. En short, t-shirt, il n'était pas paré à la température de début décembre après avoir pris un coup de chaud pareil. Sa coach accapara à nouveau son attention.

— C'était la dernière course, je suis étonnée que tu aies réussi à faire toutes les courses en revenant de Lyon à chaque fois, c'est ce que j'appelle de la détermination. Bravo champion. Tu seras là à la soirée de remise des récompenses ?

— Evidemment, répondit-il en bombant le torse.

Il s'était donné à fond sur la course et était fier d'avoir complété le challenge du Pic Saint Loup. Il faisait probablement parti des meilleurs. Le dimanche, il allait à son club, la plupart du temps à vélo. Il n'avait jamais fait autant de kilomètres à vélo que depuis que Thomas ne le trimballait plus en voiture de partout. Il n'avait jamais été aussi en forme non plus. La semaine, il allait courir avec des potes et il s'était aussi inscrit au même club que Thomas, ils suivaient les mêmes entraînements. Quand il n'était pas en train de faire du sport, il s'entraînait avec son groupe de musique ou il travaillait ses cours, heureux comme tout.

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant