Chapitre 8.1

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Théo était reconnaissant d'avoir Thomas dans sa vie. Quand son silence l'emmerdait quelques semaines plus tôt parce qu'il aurait dû être de son côté, désormais il lui faisait du bien. Il ne voulait pas entendre quelqu'un lui dire que Clara ne le méritait pas ou il ne savait quelles conneries.

Il ne savait même pas s'il venait de vivre une rupture ou simplement une dispute qui précédait la rupture qu'elle lui annonçait. Et il n'aimait pas rester dans le flou.

La soirée passa comme dans un brouillard. Thomas resta avec lui mais Théo était loin, loin dans ses souvenirs et ses pensées.

Clara avait toujours été sèche, directe mais imprévisible. Il savait. Il la connaissait. Ou la connaissait-il vraiment ?

Thomas dormit avec lui et Théo ne savait pas comment le remercier de rester toujours avec lui. Il n'aurait probablement pas géré seul. Ses pensées ne tournaient qu'autour d'elle. Clara, Clara, Clara, seulement Clara. Clara et ses sourires, Clara et ses mots durs, les deux s'associaient et se dissociaient et il ne savait plus où il en était.

Thomas mena une bonne mission de changement d'air sur Théo en lui volant tout son temps libre, que ce soit en sortant avec leurs potes, en l'emmenant courir tôt le matin (la reprise allait être difficile, Théo aurait dû s'entraîner mais il l'avait trop peu fait), en passant le jeudi complet à alterner entre jeux et films...

Il continuait d'envoyer des messages à Clara, tentait parfois de l'appeler, mais il n'obtenait pas de réponse. Il se disait qu'il irait la voir le week-end, qu'ils pourraient en parler calmement... Mais le samedi en fin de matinée alors qu'il se préparait et qu'il prit son portable en vue d'envoyer un message à Clara, il fut attiré par une nouvelle notification. Clara. Il avait presque peur de ce qu'il allait y trouver...

Il ouvrit le message. Et l'air lui manqua.

Clara - 27/08 - 11h47

Hello,

Je viens de prendre mon train pour Bordeaux. Je récupère mes affaires chez mon père et je pars pour Nantes demain. Mes cours vont commencer lundi (c'est une semaine de remise à niveau de certains concepts).

Tu as le droit de m'en vouloir. Notre relation n'était ni juste ni bonne. Je te souhaite de trouver ton bonheur et d'apprendre à penser à toi. Moi, j'ai besoin de réapprendre à vivre, j'attends de respirer à nouveau.

Passe le bonjour à Camélia.

Clara, Clara, Clara... Tellement injuste.

Il s'assit sur son lit, relisant le message une deuxième puis une troisième fois. Enfin, ses doigts s'activèrent.

Théo - 27/08 - 11h54

Ça veut dire que c'est fini ? On ne se parlera plus ? Tu ne nous laisses même pas l'occasion de finir sur une note plus positive que mardi ?

Sa petite tête apparut, signifiant qu'elle avait vu le message.

Théo - 27/08 - 11h56

Est-ce qu'on pourra s'appeler ?

Sa tête descendit. Pas de petits points, pas de réponse. Rien. Evidemment.

Il inspira fortement et expira lentement en baissant la tête. Son portable glissa de ses mains et vint s'écraser au sol. Comment arrivait-il à rester si calme ? Il n'était pas surpris.

Parce qu'il aurait dû le savoir. Il l'avait déjà vécu. Quand, en 2018, elle avait arrêté d'aller chez ses grands-parents pour les vacances, quand il avait arrêté d'avoir des nouvelles d'elle de façon abrupte sans explication aucune. Il avait attendu un message. Un signe, n'importe quoi. Il l'avait inondée de messages. Jamais il n'avait reçu de réponse. Il avait fini par se faire une raison, supprimer son numéro, la détester, il y avait tellement de gens qui l'aimaient, il n'avait pas besoin d'elle après tout. Il avait passé deux semaines à s'acharner, jusqu'à ce que ses parents l'emmènent chez les grands-parents de Clara qui n'avaient pas dit grand-chose. C'est difficile à la maison... Tu sais que sa maman était malade ? Ils se reconstruisent avec son père, elle ne viendra plus avant un moment... Et c'était tout. Il n'avait que le droit d'accepter et de la fermer. Deux semaines de plus et il l'avait repoussée loin dans sa mémoire. Loin. Mais elle était revenue au début de cet été, toujours aussi franche et intéressante, encore plus belle qu'avant. Elle était revenue et il avait cru que c'était un signe. Mais août touchait bientôt à sa fin et se teintait de noir, il revivait la même chose. La vie lui permettait-elle d'apprendre la leçon qu'il n'avait pas apprise la fois précédente ? Quelle leçon devait-il en tirer ? Il ne savait toujours pas. Quand il l'avait revue n'était revenu que le souvenir de cette enfant diablement franche et intéressante. Il avait préféré oublier la fin. Sa mère était morte après tout, c'était une explication suffisante pour s'effacer de la vie. Il ne savait comment il réagirait si ça lui arrivait...

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant