Chapitre 9.1

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Une fois rentré, Théo passa la journée à comater, allongé sur son lit. Il était bien content que la température descende enfin en dessous des 30 degrés. Les lendemains de cuite étaient plus compliqués quand la chaleur était de la partie. Une sensation étrange l'avait écrasé toute la journée, une sorte de mal lointain qui menaçait de lui compresser l'estomac. Il mettait ça sur le compte de l'alcool. Pourtant, quand la sensation se fit plus présente vers 18 heures et qu'elle commença à remonter le long de l'œsophage jusqu'à enserrer sa gorge, il dut admettre qu'il n'y avait pas que l'alcool dans l'équation. Allongé sur le dos, les mains sur son ventre, les yeux fixant le plafond, il ressemblait presque à un homme mort. Est-ce à ça que je ressemble sans Clara ? se demanda-t-il. Quelle drama queen.

Respirer devenait difficile, son torse se soulevait de plus en plus fort et il serra les dents. Il avait cru être un peu heureux la veille. Ce n'était que temporaire, bien sûr qu'il n'allait pas aller mieux avec un claquement de doigts, qui croyait-il berner ? Bien sûr qu'il n'acceptait pas le départ de Clara. Bien sûr qu'il n'acceptait pas que sa relation avec ses potes se détériore. Bien sûr qu'il flippait à l'idée de la rentrée. Bien sûr qu'il en voulait à ses parents de ne pas s'y intéresser. Bien sûr qu'il en voulait à lui-même de ne pas savoir faire mieux.

La boule grossit et il finit par laisser un sanglot sortir. Un autre et il était en larmes. Pathétique. Il était censé être heureux et lumineux, où était passé le Théo que tout le monde adorait ?

Il ne mangea pas ce soir-là. Entre la soirée et les pleurs, il était épuisé et tout son corps le suppliait de rester couché et de ne rien manger.

Dernière fois que je bois comme ça, pensa-t-il. Mais il savait déjà qu'il ne respecterait pas cette énième promesse.

***

— Bon, mon grand, c'était ton dernier jour ? Prépare-toi bien à ta rentrée, j'espère que ça se passera bien tes études.

Le patron de l'épicerie était un homme avec une bonne bedaine qui était adorable. Il abattit sa main d'ours sur l'épaule de Théo et lui offrit une tablette de chocolat.

— Tu m'auras bien soulagé cet été, bon travail. Tiens, j'ai vu que tu aimais bien ça.

Théo accepta le cadeau avec un petit sourire. Le chocolat, ce n'était pas pour lui mais toujours pour Clara. Il n'y toucherait pas mais la rangerait là où trainait toujours une tablette de chocolat, au cas où.

***

Ses parents lui proposèrent un restaurant le samedi soir, pour fêter la fin de l'été eux aussi. Pour Théo, ce n'était plus une fête. La fin de l'été, c'était un dur retour à la vie.

— Alors, prêt pour ta rentrée ? demanda sa mère.

La rentrée...

— On a une coloc avec Thomas.

— C'est top ça, sourit-elle. Alors, musicologie ? Qu'est-ce que tu veux y faire ?

Les regards inquisiteurs de ses parents le déstabilisèrent. Il n'avait pas l'habitude de leur pleine attention.

— Que me vaut cette attention soudaine ? demanda-t-il avec précaution.

Son père leva les yeux au ciel.

— Tu es notre fils.

— Ça ne t'a pas empêché de me parler de droit l'autre jour alors que je vous ai dit que je voulais aller en musicologie.

— Tu ne t'étais pas étendu sur le sujet...

— Bah bien sûr ! Vous m'aviez à peine écouté !

— Théo, doucement, intervint sa mère. Je suis désolée si tu t'es senti délaissé, ton père et moi sommes toujours un peu ailleurs, la tête dans nos dossiers... Là que nous sommes en vacances, on arrive mieux à penser à autre chose.

Ne me fuis pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant