Partie 13 - La piscine.

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Il était en train de s'observer d'un air hésitant dans le miroir de la chambre dans laquelle Claude, l'ami de Guillaume, leur avait dit qu'ils dormiraient ce soir tous les deux quand il entendit un bruit de verre qui éclate au sol derrière lui, le faisant sursauter et sortir violemment de ses pensées. En une seconde même pas, il aperçut dans le miroir Guillaume se tenant dans l'entrebâillement de la porte de la chambre, une main devant lui comme s'il tenait auparavant un verre dedans, et il se retourna immédiatement pour le regarder d'un air fortement inquiet. Il ne l'avait pas entendu entrer. Le regard de Guillaume se posa aussitôt sur le bas de son ventre et il rougit furieusement en se doutant que ça devait être sa cicatrice qu'il regardait comme ça. Oh non... pensa-t-il immédiatement et il posa ses mains par-dessus cette dernière afin de la cacher à la vue du plus grand. Mais c'était trop tard. Les amis de Guillaume avaient proposé d'aller se baigner dans la piscine de Claude un peu plus tôt et quand il avait dit qu'il n'avait pas amené de maillot avec lui, Claude était allé lui en chercher un. Il n'avait pas osé lui dire qu'en vérité il n'avait pas vraiment envie de se mettre en maillot devant eux – à cause, en partie, de cette cicatrice qu'il arborait sur son bas-ventre – et il avait pris ce dernier en le remerciant avant d'aller se changer dans la chambre que le plus grand leur avait destinée pour la nuit. Il trembla en voyant Guillaume rester les yeux rivés sur ses mains qui recouvraient à présent sa cicatrice et quand il fit un pas en arrière, celui-ci sembla sortir de sa torpeur :

« Aurél ! Mais qui t'a fait ça, putain ?! s'écria le plus grand en s'avançant vers lui précipitamment et il sursauta en le voyant marcher dans les bris de verre en le rejoignant.

— N-Non... balbutia-t-il en se reculant de nouveau et Guillaume s'arrêta devant lui quand il arriva à son niveau.

— Aurél, je l'ai vue. Pas la peine de me la cacher.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais là...? bégaya-t-il en tremblant et il sentit Guillaume attraper ses avant-bras avec douceur afin de les lui décaler de devant le ventre.

— Je voulais t'amener une citronnade. Je me suis dit que tu devais être changé à présent. Montre-moi, dit ce dernier en baissant la tête pour regarder sa cicatrice. Bordel, Aurél... »

Il baissa la tête en direction de sa cicatrice pour la regarder à son tour, comme il était en train de le faire un peu plus tôt avant que Guillaume n'entre dans la chambre. Elle était immonde. Béante. C'était un souvenir d'une autre vie, une autre famille, et bien que les docteurs l'aient refermée il y a longtemps maintenant, elle était pour lui un souvenir atroce de ce passé.

« Qui... t'a fait ça ? répéta alors Guillaume et il trembla en le sentant frôler de ses doigts sa cicatrice, n'osant de toute évidence pas la toucher de peur de lui faire mal ou bien de dégoût.

— P-Personne...

— Aurél, arrête. Qui t'a fait ça ? Paul ? Ou bien Thomas ?

— Qu-Quoi ? N-Non, aucun des deux, dit-il en fronçant les sourcils, confus qu'il puisse émettre une telle hypothèse. C'était... il y a longtemps... Dans... une autre vie... Avant que j'arrive là où on habite tous les deux maintenant... »

Guillaume resta silencieux, mais il vit sa mâchoire se serrer en l'entendant dire ça et il l'observa d'un air confus. Qu'est-ce qu'il avait dit pour obtenir une réaction telle de lui ? Il ne comprenait pas.

« C'est elle... que tu regardais dans le miroir avant que je n'arrive ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête d'un air hésitant. Est-ce que... ça te gêne ? Je veux dire... de te baigner avec nous, ta cicatrice à la vue de tous ? J'ai bien vu... que tu avais l'air embarrassé quand Claude t'a ramené ce maillot. Comme si... t'avais pas vraiment envie d'avoir à nous accompagner dans l'eau... Et maintenant... je comprends mieux pourquoi.

— Je... C'est vrai que ça me gêne. Je ne connais pas encore bien tes amis... Ni toi d'ailleurs... Encore... bafouilla-t-il en jetant un petit regard intimidé au plus grand. Donc... ça me gêne de me dénuder ainsi devant vous... et que vous... vous puissiez voir ma cicatrice.

— Ok, c'est bien ce dont je me doutais. Alors écoute-moi, Aurél. T'as qu'à mettre ton tee-shirt aussi, d'accord ? Personne ne se moquera, je te jure. Et s'ils le font, je leur marave la gueule. Je veux que tu te sentes bien avec nous. Pas que tu te sentes oppressé, ou encore obligé de faire quelque chose que tu n'as pas envie de faire. Ok ? »

Il hocha la tête doucement, comprenant aux mots du plus grand qu'il se faisait vraiment du souci pour lui. Il voulait seulement qu'il se sente à l'aise avec eux. Il était si... prévenant. Bienveillant. À cette pensée, il sentit une petite chaleur faire son apparition dans sa poitrine. Il aimait beaucoup Guillaume.

« Je... Je ne sais pas bien nager non plus... Vous vous moquerez pas ? demanda-t-il d'une petite voix, se sentant un peu plus en confiance maintenant, et le plus grand lui lança un regard surpris.

— T'as jamais appris, Aurél ?

— Non... Et comme j'ai toujours été dispensé de sport à l'école à cause de ma maladie... expliqua-t-il et Guillaume hocha la tête avant de lui sourire doucement, faisant rater un battement à son cœur.

— Je vois. Bien sûr. Mais t'inquiète pas. Personne se moquera, répéta Guillaume. Et je vais rester avec toi, alors t'as pas à avoir peur de te noyer si jamais tu nous suis dans l'eau. Ok ? »

Il hocha la tête, maintenant rassuré, et Guillaume glissa sa main dans ses cheveux pour les lui caresser un court instant. Il lui jeta un regard curieux à ça et le plus grand se contenta de lui sourire avant de reculer sa main de ses cheveux. Oui, avec lui, il ne craignait rien. Guillaume était vraiment quelqu'un de bien.

***

Un sourire attendri apparut sur ses lèvres en entendant Aurélien rire à gorge déployée. Celui-ci avait l'air de bien s'amuser avec eux. Et tant mieux, parce que pour que son plan fonctionne, il fallait qu'Aurélien coopère. Le plus jeune plaqua ses mains sur sa bouche en s'entendant rire ainsi, et il croisa son regard surpris. Il lui sourit alors tendrement, de manière à lui dire de se laisser aller et que tout allait bien, et Aurélien enleva ses mains de devant sa bouche, lentement. Celui-ci lui offrit alors un petit sourire embarrassé et il se sentit fondre à ce sourire. Qu'est-ce qu'il était adorable. Et il était sûr qu'il n'était pas le seul à le penser autour de la table. Matthieu riait lui aussi doucement en mélangeant les cartes et Claude s'esclaffa de rire, comme s'il n'en pouvait plus. Seul Ablaye levait les yeux au ciel, comme à son habitude, d'un air de dire qu'ils étaient tous ridicules, mais il put néanmoins apercevoir un petit rictus au bord de ses lèvres.

« Toi aussi, tu ris, Ablaye. Alors que c'est ta propre anecdote ! Je crois que c'est moi qui ai gagné cette manche, hein, dit-il et son ami fit mine de râler avant d'abdiquer. Alors... à moi maintenant. Qu'est-ce que je vais pouvoir raconter... »

Il chercha dans ses souvenirs une anecdote marrante qu'il pourrait raconter et croisa le regard rieur du plus jeune assis en face de lui. Aurélien avait deux petites fossettes au coin de la bouche et il fondit en s'en apercevant. Aurélien... Est-ce qu'il pouvait être encore plus craquant encore ? Et il s'en rendait à présent compte, à chaque minute qui passait, il tombait plus amoureux encore de lui. Oui. Amoureux.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant