Fiction OrelxGringe - Parle-moi.

Partie 8 - Le bus.

Trois jours plus tard.

Il était en train de rire avec ses amis quand il aperçut une tête qu'il connaissait bien à présent en montant dans le bus. Aurélien. Il pointa son ticket, puis fit signe à ses amis avec qui il était de le suivre, un large sourire sur les lèvres :

« Venez, je vais vous présenter. Je pense que vous allez bien l'aimer. »

Ses amis lui lancèrent un regard surpris avant de le suivre et il se dirigea en direction d'Aurélien qui semblait perdu dans ses pensées, observant le paysage à travers la fenêtre près de laquelle il était assis au fond du bus.

« Eh...! Aurélien, salut ! »

Le plus jeune ne réagit pas tout de suite, restant hypnotisé par ce qu'il semblait regarder à l'extérieur, avant qu'il ne le voie tourner la tête vers lui d'un air hésitant. Comme s'il n'était pas complètement sûr que c'était lui qu'il appelait. Puis, le plus jeune sembla le reconnaître, car il le vit froncer les sourcils légèrement :

« Gui... Guillaume ? Mais... Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne prends pas le bus d'habitude pour rentrer à la maison, non...? »

Il secoua la tête sans se départir de son sourire et il vint s'asseoir à ses côtés, sur le siège libre, laissant à ses amis le choix de s'asseoir de l'autre côté du bus ou bien de rester debout près d'eux.

« J'ai fini les cours à 15h, alors j'ai rejoint mes potes en ville. Puis comme Ablaye est une grosse larve, il nous a obligé à prendre le bus pour rentrer. »

Ce dernier l'insulta copieusement de l'avoir traité de larve et il vit Aurélien regarder d'un air hésitant dans la direction de Matthieu et lui.

« C'est mes potes depuis la primaire, expliqua-t-il en voyant l'air perdu qu'avait le plus jeune sur le visage. Je te présente Matthieu... Ablaye... et Claude, dit-il en se tournant vers son ami toujours debout et quand celui-ci fit mine de saluer Aurélien en se penchant en avant, comme le ferait un majordome, il rit volontiers. Les gars, voici Aurélien. On habite ensemble. Il a... T'as 14 ans, c'est ça ? demanda-t-il et Aurélien hocha la tête en silence. Il a 14 ans. »

Il se tourna vers ses amis en disant ça et ceux-ci hochèrent la tête d'un air sérieux avant de saluer le plus jeune chacun à leur manière. Aurélien parut même un peu embarrassé d'être le centre d'attention et il sourit doucement, sachant pertinemment bien qu'il était très introverti. Il semblait avoir peur de dire quelque chose de travers en permanence. Alors, il avait sûrement appris à se taire. Et maintenant, il avait du mal à parler aux autres. Mais il ne savait pas pourquoi... il l'aimait bien ce garçon. Justement, ce mutisme lui donnait envie d'apprendre à le connaître réellement. Et pas juste en surface. À ses côtés, ses amis se remirent à parler de son anniversaire prochain et il leva les yeux au ciel en entendant ce qu'ils prévoyaient déjà d'organiser. Aurélien, lui, lui jeta un petit regard hésitant et il se tourna vers lui pour lui sourire. Je veux être ton ami, Aurélien. Vraiment.

***

« Au fait... je voulais te dire... merci beaucoup pour les trois derniers jours. »

Guillaume se tourna vers lui en l'entendant dire ça alors qu'ils enlevaient leurs manteaux dans le hall d'entrée de chez eux.

« Pardon ?

— Oui, je... Enfin, tu... tu n'avais pas à t'occuper ainsi de moi alors qu'on ne se connaît pas encore très bien, mais tu l'as quand même fait...

— M'occuper ? Aurél, je t'ai juste amené tes repas dans ta chambre et débarrassé les assiettes quand t'avais fini, j'ai rien fait de fou, hein. »

Il se figea alors qu'il enlevait son écharpe en l'entendant l'appeler ainsi, puis il jeta un regard hésitant à Guillaume qui semblait ne pas s'en être aperçu.

« Au-Aurél ?

— Mm ? lui répondit le plus grand avant qu'il ne voie une lueur de compréhension passer dans ses prunelles sombres. Oh. Je t'ai appelé Aurél ? Désolé. Ça te dérange ?

— N-Non, pas vraiment. Je... Je m'y attendais juste pas... C'est tout...

— Ok. Ben c'est un surnom un peu logique pour ton prénom, c'est sûr. Alors ça m'a échappé. Puis c'est mignon, Aurél, j'aime bien. Pas toi ? »

Il se sentit rougir en entendant Guillaume dire ça et soudain, il entendit des bruits de pas se diriger vers eux. Paul entra dans le hall d'entrée et il vit ce dernier les observer un instant avant de leur sourire :

« Vous êtes rentrés ? Déjà ? Aurélien, j'ai quelque chose à te montrer, tu viens avec moi ? »

Il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine en l'entendant dire ça, se doutant déjà de ce qu'il voulait lui montrer, et il jeta un regard implorant à Guillaume. Celui-ci ne parut pas comprendre ce qu'il voulait inconsciemment lui dire, car Guillaume lui lança un regard confus et il secoua la tête, se reprenant, avant de rejoindre Paul près des escaliers. Le plus vieux posa sa main sur son dos et il monta les escaliers, les yeux du plus grand sur lui et les larmes lui montant aux yeux. Bien qu'il en ait l'habitude maintenant, il n'aimait toujours pas ça. Il avait envie de s'enfuir, de crier à l'aide, de repousser Paul – ou Thomas, au choix d'avec lequel il était – mais il n'y arrivait tout simplement pas. Alors il restait muet, se terrant dans son silence qui était devenu comme une prison pour lui. Il avait beau crier intérieurement, personne ne l'entendrait jamais. Et personne ne viendrait jamais le sortir de cette cage en verre dans laquelle il s'était enfermé.