Partie 16 - Les pleurs.

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Une semaine plus tard.

« Aurél, le repas est prêt, tu viens manger ? »

Il releva la tête de son cahier de conjugaison en entendant Claude s'adresser à lui et il vit ce dernier lui sourire doucement depuis l'entrebâillement de la porte de sa chambre. La chambre d'amis dans laquelle il avait dormi avec Guillaume lors de sa fête d'anniversaire une semaine plus tôt. Il jeta un regard surpris à Claude en l'entendant l'appeler pour manger et il fronça légèrement les sourcils :

« Manger...? Mais... c'est déjà l'heure ?

— Oui, Aurél. Il est déjà 20h, lui répondit le plus grand et il se leva brusquement de sa chaise en l'entendant dire ça, se mettant à paniquer.

— Oh non, désolé... Je n'ai pas vu le temps passer. Je ne t'ai pas aidé à cuisiner... Tu aurais dû m'appeler...

— T'inquiète, p'tite tête, rigola Claude et il lui jeta un regard inquiet à ça. Tout va bien. Puis on a pas besoin d'être deux pour faire des pâtes. Tu peux aller mettre à la table à la limite si tu veux. Ah, et au fait, Guillaume nous rejoint pour le dessert. Il vient de m'appeler pour me prévenir qu'il allait passer vers 20h30 et qu'il aura déjà mangé.

— Vraiment ? s'exclama-t-il alors que son cœur se mettait à battre la chamade dans sa poitrine à la seule mention de Guillaume et Claude hocha la tête, un petit sourire triste sur les lèvres qu'il ne comprit pas.

— Oui, je t'assure que c'est la vérité. Allez, tu viens ? »

Il hocha la tête précipitamment et se dirigea vers Claude, laissant son cahier grand ouvert sur sa table afin de ne pas oublier de finir ses devoirs après le repas. Il avait du mal. Alors ça prenait plus de temps que prévu. Mais il ne voulait pas embêter Claude avec ça. Il ne le connaissait pas encore très bien après tout. Ça faisait une semaine déjà qu'il habitait chez ce dernier et, à chaque fin de journée, il voyait Guillaume. Guillaume, ou ses amis comme la veille et aujourd'hui, le plus grand finissant plus tard que lui en fin de semaine. Celui-ci voulait être sûr qu'il soit en sécurité, ses assistants familial restant le plus loin possible de lui. Il ne savait toujours pas où il en était avec eux d'ailleurs. En tout cas, depuis une semaine, il n'avait eu aucune nouvelle d'eux. Et c'était tant mieux.

***

« Salut ! Vous êtes encore en train de manger ? »

Il vit Aurélien sursauter sur sa chaise lorsqu'il entra à pas de loups dans la cuisine, voulant justement le surprendre. Celui-ci se tourna vers lui et il le vit écarquiller les yeux avant qu'il ne le voie se lever et se ruer sur lui. Aurélien lui sauta dans les bras et il encaissa le coup avant d'entourer doucement sa taille de ses bras :

« Eh... Mon chat... Ça va ? »

Aurélien hocha la tête contre son tee-shirt et il le força à se détacher de lui pour pouvoir voir son visage :

« Eh... Aurél... dit-il doucement en voyant les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux et le plus jeune lui lança un regard implorant qui le fit complètement craquer.

— Tu m'as... manqué...

— Vraiment ? Tant que ça ? »

Aurélien hocha la tête et quand il vit ses larmes se mettre à couler sur ses joues sans qu'il ne puisse plus retenir ces dernières, il entoura son visage de ses mains. Il tenta un instant d'essuyer ses larmes de ses pouces avant de se pencher afin de déposer un petit baiser sur son cuir chevelu.

« Chaton... murmura-t-il tendrement et en relevant le visage il croisa le regard de Claude qui semblait un peu gêné. Je suis là, maintenant. Tout va bien. »

Celui-ci fit un petit signe de tête en direction de là où il savait se trouver la chambre d'Aurélien dans la maison et il comprit à son regard que Claude voulait qu'il s'isole avec lui pour lui parler. Il hocha alors la tête en silence pour lui faire comprendre qu'il avait compris et lâcha le visage du plus jeune afin de pouvoir le prendre par la main :

« Tu viens avec moi, Aurél ? On va discuter ? Juste toi et moi ? »

Aurélien lui lança un regard inquiet avant de hocher la tête et il l'entraîna alors hors de la cuisine, jusqu'à sa chambre. Une fois à l'intérieur de celle-ci, il amena Aurélien jusqu'à son lit, et une fois assis sur ce dernier à ses côtés, il attrapa son menton avec délicatesse pour l'amener à le regarder.

« Tu es sûr... que tout va bien, Aurél ? Pourquoi tu as l'air si triste ?

— Je ne suis pas... triste, bredouilla le plus jeune en lui lançant un regard hésitant. C'est juste... que j'ai un peu du mal à m'habituer à ici...

— Ah bon ? Il est gentil avec toi, Claude, pourtant non ?

— O-Oui, bien sûr. Il est très gentil. Et... bienveillant aussi. Un peu comme si c'était mon grand frère. J'ai de la chance d'être chez lui...

— Ah oui ? C'est top ça. Il t'aime beaucoup, tu sais. Puis il apprécie de ne plus être seul dans cette grande baraque, ça lui fait de la compagnie, dit-il en souriant et Aurélien hocha la tête doucement.

— Oui mais... même s'il est très gentil, j'ai encore un peu de mal à m'habituer...

— C'est normal, Aurél, tu le connais depuis pas longtemps après tout. Ça va venir, petit à petit.

— Et puis... je fais des cauchemars... balbutia le plus jeune et il haussa les sourcils en l'entendant dire ça.

— Des cauchemars ? Vraiment ? Quel genre de cauchemar ?

— Je... Des cauchemars, à ton propos le plus souvent... Je rêve qu'il t'arrive quelque chose de mal... Que tu te blesses... ou pire. En essayant de me protéger moi. Je ne veux pas que tu te mettes en danger pour moi, Guillaume. »

Il soupira en voyant le regard larmoyant que lui lançait à présent le plus jeune et il glissa une main dans ses cheveux pour les lui caresser, Aurélien venant aussitôt se blottir contre cette dernière en fermant les yeux.

« Je vais bien, Aurél. Il ne m'arrivera rien, ok ? Je te le promets, murmura-t-il en voyant des larmes perler à ses cils.

— Mais... Paul et Thomas... S'ils t'attrapent... S'il te retrouvent...

— J'ai contacté la police, Aurél. Je suis allé les voir pour porter plainte et ils m'ont demandé de revenir pour finaliser ma déposition en début de semaine prochaine. Tu n'auras pas à venir, toi. Je te l'ai dit, je m'occupe de tout. Ok ? »

Aurélien hocha la tête doucement contre sa main, puis il le vit rouvrir les yeux et le dévisager longuement. Aurélien se blottit alors contre lui et il entoura sa taille de ses bras pour le serrer fortement contre lui.

« T'es en sécurité chez Matthieu ? l'entendit-il lui demander dans un murmure et il sourit tendrement.

— Oui, mon chat. Je te le jure. À moins de venir me chercher directement au lycée eux-mêmes, ils ne peuvent rien me faire. Et à toi non plus.

— Tant mieux. »

Il sourit tristement en l'entendant murmurer ça contre son tee-shirt et il se laissa tomber en arrière dans le lit, sans jamais lâcher le plus jeune qui était dans ses bras. Aurélien... Jamais il ne le lâcherait. Il avait bien trop à perdre.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant