Partie 9 - La crise d'angoisse.

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Il avait les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, le cœur battant à toute allure dans sa cage thoracique. Paul venait tout juste de s'en aller de sa chambre. Des bribes de ce que ce dernier avait – encore une fois – osé lui faire s'efforçaient de s'immiscer dans son esprit alors qu'il tentait du mieux qu'il pouvait d'en éloigner ces souvenirs. Il tentait d'oublier, de ne pas y penser, de les refouler à l'intérieur de lui... mais ce soir, il n'y arrivait pas. Un sanglot éraillé s'échappa de sa bouche et il plaqua aussitôt ses deux mains l'une sur l'autre sur cette dernière pour étouffer les pleurs qu'il sentait monter en lui. Il eut alors l'impression d'encore sentir les mains du plus vieux sur lui et il éclata violemment en sanglots. Il sentait ses mains parcourir son corps alors qu'il se voyait rester silencieux dans son esprit. Déconnecté de la réalité. À ces mains se rajoutèrent d'autres mains. Celles de Thomas tout d'abord, mais aussi celles d'autres personnes qu'il savait venir de son passé mais dont il se souvenait pas. Alors, il se sentit oppressé et il se redressa brusquement sur son oreiller. De l'air. Il refaisait une crise d'angoisse. Il se leva précipitamment de son lit et courut vers la porte de sa chambre afin de se rendre à la salle de bain. Il fut reconnaissant dans une moindre mesure d'être déjà habillé – Paul n'ayant fait que poser sa bouche sur sa peau et caresser son corps de ses doigts cette fois-ci – et il s'élança en direction de la salle de bain près de sa chambre. Devant cette dernière, il abaissa la poignée de la porte mais celle-ci resta désespérément fermée et il s'emporta sur la poignée en comprenant que quelqu'un devait être à l'intérieur. Il était en train de faire une crise d'angoisse, il n'avait pas le temps d'attendre que quiconque soit à l'intérieur daigne bien lui ouvrir. Il se mit alors à taper contre le bois de la porte de la salle de bain et juste quand il entendit une personne lui dire qu'elle arrivait d'une intonation irritée, il se rappela que seuls Guillaume et lui partageait cette salle de bain, les autres ayant leurs chambres au rez-de-chaussée. Il se laissa alors glisser au sol, contre le mur du couloir attenant à la porte de la salle de bain, et s'effondra en pleurs sans plus se retenir, n'arrivant plus du tout à réguler sa respiration. Guillaume... S'il te plaît, Guillaume... Dépêche-toi.

***

« Bordel, mais c'est quoi tout ce remue-ménage, maugréa-t-il dans sa barbe naissante en entendant les bruits contre la porte s'estomper peu à peu. Même pas le temps de mettre mon foutu tee-shirt, j'te jure... »

Il délaissa ce dernier sur le lavabo et ouvrit la porte de la salle de bain, les sourcils froncés. Il fut tout d'abord surpris de ne tomber sur personne, avant de baisser la tête en entendant des halètements irréguliers provenant du sol, comme si quelqu'un était en train de suffoquer. Et effectivement, son regard se posa sur Aurélien, adossé au mur et même plutôt recroquevillé contre ce dernier, une main agrippant avec force son tee-shirt.

« Aurél ! s'écria-t-il en le rejoignant au sol et il força ce dernier à se tourner vers lui pour le regarder. Bordel, Aurél... »

Aurélien avait les yeux fermés et les traits du visage crispés, semblant à l'agonie, et il resta un moment sans savoir que faire à part le regarder souffrir le martyre avant de se décider à prendre son visage dans ses mains, plongeant ses mains dans ses longs cheveux noirs :

« Aurél ! Regarde-moi ! Regarde-moi, j'ai dit, répéta-t-il d'un air sévère en voyant le plus jeune secouer la tête et cette fois, celui-ci s'exécuta. Ok, je veux que tu te concentres sur moi. Rien que moi, ok ? Tu crois que tu peux faire ça ?

— N-Non... Je p-peux pas... bégaya le plus jeune à travers ses larmes et il raffermit sa prise sur ses cheveux.

Si. Bien sûr que tu le peux. Et tu vas le faire. Parce que je te le demande, ok ? C'est pas une demande, c'est un ordre. T'as compris ?

— O-Ok... D-D'accord...

— Ok. Voilà ce que je veux que tu fasses. Tu vas respirer avec moi. À mon allure. Je ne veux pas que tu ailles trop vite. Ça va te forcer à ralentir tes battements de cœur, ok ? demanda-t-il et quand il vit Aurélien hocher la tête, il acquiesça. Ok. C'est bien, fais comme moi, allez. »

Il inspira profondément et retint sa respiration un long moment avant de relâcher cette dernière. Aurélien s'exécuta aussitôt, essayant de l'imiter et quand il le vit tousser quasiment aussitôt, s'étouffant presque, il glissa sa main derrière sa nuque :

« Un petit effort, Aurél. Encore une fois, je sais que tu peux le faire. Allez... »

Aurélien se mit à sangloter de plus belle et ses pleurs lui déchirèrent le cœur. Il avait l'air d'avoir tellement mal. Peur aussi. Mais maintenant il était là. Il n'était plus tout seul.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant