Une semaine plus tard. 20 février 1997.
Il l'avait observé toute la semaine. Il cherchait à savoir, mieux, à comprendre ce qu'il s'était passé ce soir-là dans la chambre du plus jeune. Il avait tout d'abord pensé que peut-être Aurélien s'était branlé, comme bon nombre d'ados de son âge, puis avait eu une crise durant laquelle il avait sali son haut de pyjama, ce qui l'avait poussé à enlever ses vêtements. Mais ça n'expliquait pas pourquoi il aurait enlevé tout son pyjama. Ni pourquoi il avait le visage recouvert de larmes. Ni pourquoi ses fesses étaient si rouges. Alors il l'avait observé attentivement. Et il s'était rendu compte qu'Aurélien semblait avoir peur de Thomas et Paul, leurs deux assistants familial. Pire, ceux-ci paraissaient le terroriser. À chaque fois que ces derniers s'adressaient à Aurélien, celui-ci semblait se mettre sur la défensive ou bien il le voyait trembler imperceptiblement. Quand ils les interrompaient pendant qu'ils discutaient tous les deux pour dire à Aurélien de les rejoindre le plus souvent, Aurélien se rapprochait à chaque fois de lui, comme s'il voulait qu'il le retienne près de lui et empêche ces derniers de l'emmener au loin. Et surtout, par deux fois, il avait vu Paul et Thomas sortir de la chambre d'Aurélien. La première fois, ça avait été par hasard, et il s'était arrêté dans son élan en voyant Thomas en sortir comme la fois où il était venu porter le petit-déjeuner à Aurélien après que ce dernier soit tombé inconscient la veille. Il s'était approché de la porte et son cœur s'était brisé en entendant Aurélien pleurer de l'autre côté de la porte. Mais encore une fois, il n'avait pas été sûr et certain, alors il s'était mis à surveiller sa chambre le soir et deux jours plus tard, il avait vu Paul entrer dans sa chambre. Il avait patienté près de vingt minutes avant que ce dernier ne ressorte de la chambre du plus jeune et il avait attendu qu'il descende les escaliers avant de se précipiter à l'intérieur de sa chambre, voulant en avoir le cœur net cette fois-ci. Et il avait failli se mettre à pleurer en voyant Aurélien évanoui dans son lit, sur le dos et complètement dénudé encore une fois, et il avait compris alors que lorsqu'il l'avait trouvé dormant sur le ventre une semaine plus tôt, il ne dormait en réalité pas du tout. Il était plutôt tombé dans les pommes sous les assauts de leurs connards d'assistants. Alors, tandis qu'il regardait Aurélien dans ce lit qu'il voyait à présent comme une prison, il s'était fait une promesse. Le sortir de là. Et le plus tôt possible.
***
« Tu es prêt ? »
Il se tourna vers Guillaume en l'entendant dire ça en toquant à la porte de sa chambre et il sourit doucement en l'apercevant. Aujourd'hui, c'était son anniversaire. Et Guillaume l'amenait chez son ami Claude.
« Tu es sûr alors ? Vraiment ? lui demanda-t-il en se mordillant la lèvre inférieure et Guillaume fronça les sourcils de manière confuse avant de se diriger vers lui.
— Sûr ? De quoi ?
— De... vouloir que je vienne avec toi. De m'inviter à ton anniversaire. Je ne connais pas bien tes potes après tout...
— Ah, ça. Oui, je suis sûr, Aurél. 100% sûr. Prend des affaires, hein. Ta ventoline. Ton doudou. »
Il rougit en l'entendant parler de son doudou et il se tourna vers ce dernier, posé sur son lit.
« Mon... doudou ? Je... Je ne pensais pas le prendre. Pour une seule nuit... Puis, j'ai pas envie que tes amis se moquent de moi.
— Ils se moqueront pas, lui dit sérieusement Guillaume. Prends-le, Aurél. Fais-moi confiance. »
Il hocha la tête d'un air hésitant et alors qu'il allait chercher cette dernière, il se demanda comment Guillaume pouvait savoir qu'il avait un doudou ou plutôt que cette peluche officiait de doudou pour lui. Celui-ci n'était venu que quelques fois à peine dans sa chambre. Est-ce qu'il l'avait remarqué ?
« J'aimerais que tu prennes tout ce qui est important pour toi, ok ? lui dit Guillaume ensuite, le sortant de ses pensées, et il fronça les sourcils, confus.
— Quoi ? Mais pourquoi ?
— Fais ce que je te dis, Aurél, soupira Guillaume et il sursauta en l'entendant soupirer. Tu me remercieras plus tard. Ok ?
— D-D'accord... De toute façon... J'ai pas grand chose... dit-il en balayant sa chambre du regard avant d'écarquiller les yeux. Ah si. Le collier.
— Le collier ? Quel collier ? lui demanda Guillaume tandis qu'il se dirigeait vers une petite boîte coincée entre deux livres dans sa bibliothèque et il l'ignora un instant pour prendre ouvrir cette dernière.
— C'est tout ce qu'il me reste de mes parents, murmura-t-il en en sortant une médaille dorée. Mes vrais parents. Avant que je sois chez cette autre famille... Puis celle-ci. C'était le collier que j'avais autour du cou quand les services sociaux m'ont trouvé.
— Pourquoi tu ne le mets plus alors ? entendit-il Guillaume lui demander et il haussa les épaules, ne sachant pas lui-même.
— Peut-être... parce que je penserais trop à eux sinon. Je me souviens même pas de leurs visages, tu sais. Alors j'ai peur que ça fasse trop mal si j'ai cet objet qui me fait penser à eux tous les jours autour du cou. »
Guillaume ne répondit rien et il hésita avant d'attraper le livre Vingt mille lieues sous les mers pour le mettre dans son sac aussi. C'était le livre qu'il lisait quand Guillaume était venu lui parler. Quand il était entré dans sa vie. Alors ça aussi c'était un objet important pour lui. Sa peluche, sa médaille, son livre. Pas grand chose de plus. Il se tourna vers Guillaume pour lui sourire doucement et ce dernier acquiesça avant de lui tendre la main.
« Allez, Aurél. Viens maintenant, on y va. »
Il hocha la tête et rejoignit le plus grand au niveau de la porte de sa chambre. Celui-ci referma cette dernière quand il eut passé le seuil de sa porte, puis il le sentit poser une main avec délicatesse sur le haut de son dos. C'était agréable comme sensation. Quand Guillaume était à ses côtés... il se sentait tellement en sécurité. Comme si plus rien ne pouvait jamais plus lui arriver de mal. Comme il aimerait que ça soit effectivement le cas.
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Fiction OrelxGringe - Parle-moi.
FanficGuillaume arrive dans une nouvelle famille d'accueil et se sent tout de suite attiré par un des garçons déjà présents. Aurélien le remarque et se demande comment faire pour lui cacher son secret.