Partie 22 - Le baiser.

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Il sortit de ses pensées en entendant Guillaume revenir dans la chambre, ce dernier en étant sorti quelques secondes à peine même pas pour aller chercher une serviette de douche dans la salle de bain. Il l'observa se diriger vers lui sans dire un mot puis, quand Guillaume s'arrêta à sa hauteur, il lui lança un regard implorant. Il ne s'était pas arrêté sur comment il l'avait appelé tout à l'heure dans sa panique, mais ça lui revenait tout à coup. Mon cœur. Mon ange. Surtout mon ange. Guillaume lui sourit doucement avant de se pencher légèrement en avant pour venir lui frotter les cheveux avec la serviette, étant assis sur son lit. Il se laissa faire un moment, se perdant dans la douceur des gestes du plus grand, avant de porter ses mains aux siennes, l'empêchant ainsi de continuer ce qu'il était en train de faire.

« Aurél ? lui demanda d'un air surpris Guillaume et il ne sut pas quoi dire un long moment avant de venir plonger ses yeux dans les siens.

— Tout à l'heure... tu m'as appelé... mon ange. N'est-ce pas ? »

Guillaume haussa les sourcils de surprise à sa question, restant un instant bouche-bée sans sembler savoir que répondre à ça, avant de venir s'asseoir à ses côtés sur son lit.

« C'est vrai. Je t'ai appelé mon ange. C'est ça qui te perturbe, Aurél ? Tu n'aimes pas ce surnom ? Ça te dérange ?

— Je... C'est pas ça... Mais... Je suis pas... Je suis pas un ange, Guillaume, dit-il, une boule dans la gorge, et avant que Guillaume ne puisse rétorquer quelque chose, il se dépêcha de continuer. Bien au contraire, même. Regarde ton état. Par ma faute. Tu es blessé. Gravement, je le vois. 

— Eh, mon chat... Je te l'ai déjà dit, arrête de t'excuser, t'y es pour rien dans tout ça. Et c'est trois fois rien. Je vais bien, je te promets.

— Mais bien sûr que c'est de ma faute...! Et arrête de dire que tu vas bien ! Tu boîtes, Guillaume ! Je l'ai bien vu quand on est rentrés ! Et t'as mal au ventre ! Ils t'ont cogné à cet endroit aussi ?! demanda-t-il en perdant soudain son sang froid, se mettant à paniquer. Et ton visage... Tu as vu ton visage ?! Tu saignes, Guillaume, tu saignes ! Alors non ! Je ne suis pas un ange ! Je suis plutôt un démon, s'écria-t-il en se levant. Une vraie plaie ! Ça aurait mieux valu pour toi qu'on se rencontre jamais !

— Mais arrête ! Arrête, Aurél ! Tu es innocent, bordel. Tu le comprends ça ? Innocent. Ce n'est pas de ta faute si je suis dans cet état, seulement de la mienne. Parce que je voulais te protéger. Parce que je veux te protéger. Je m'en suis fait la promesse. Tant que je suis en vie, ces connards ne t'approcheront plus. Et tu ne peux pas m'en vouloir d'essayer de tenir mes promesses. Je veux tellement de choses pour toi, putain... Tellement de belles choses. Depuis que je t'ai rencontré... c'est la seule chose que j'ai en tête ça. Te rendre heureux. Tu mérites tellement mieux que ce que tu as eu jusqu'ici. Et je peux te l'apporter ce mieux, j'en suis persuadé. Alors arrête de t'en vouloir et d'essayer de me tenir à l'écart pour mon bien. Ça ne marchera pas.

— Je t'aime... » s'entendit-il alors dire dans un sanglot et il porta ses mains à sa bouche en écarquillant les yeux, choqué par ce qu'il venait de laisser échapper.

Guillaume écarquilla les yeux de même, étonné de même de toute évidence par son aveu, et il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine, effrayé par sa réaction. Guillaume sembla se perdre dans ses pensées, réfléchissant sûrement à ce qu'il venait de dire, puis il le vit porter ses mains à ses avant-bras afin de les lui baisser.

« Tu... m'aimes ? C'est bien ça que tu as dit, Aurél ? J'ai bien entendu ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête d'un air effrayé.

— O-Oui... Je ne pensais pas... Un jour... tomber amoureux mais... cette chaleur... cette envie de toujours être dans tes bras... ce besoin d'être en ta présence pour que tu me rassures, me réconfortes... c'est... de l'amour, n'est-ce pas ? demanda-t-il en bégayant et Guillaume lui offrit un petit sourire attendri à sa question. Je pensais... Je pense toujours que je ne mérite aucun amour et que je suis bien trop sale pour que quelqu'un puisse m'aimer véritablement, pour qui je suis... Et je suis malade en plus de ça. Je vais mourir un jour...

— Tu n'es pas sale à cause de ce que ces connards t'ont fait subir, le coupa Guillaume en serrant la mâchoire . Et oui, tu vas mourir un jour. Comme nous tous, Aurél.

— Mais moi, ça risque d'être bientôt ! s'exclama-t-il en plongeant son regard dans celui, paraissant si triste, de Guillaume. À cause de mon insuffisance respiratoire ! Je n'ai jamais voulu imposer ça à qui que ce soit ! C'est bien trop lourd à porter !

— Alors... on peut la porter à deux. Ta maladie. Ça ne me fait pas peur, Aurél. Je m'en fous que tu sois malade et que, peut-être, on passera moins de temps ensemble que la normale à cause d'elle. Que peut-être on vivra des moments compliqués. Vaut mieux les vivre à deux ces moments, tu crois pas ? lui dit Guillaume en venant caresser sa joue et il eut envie de pleurer devant sa douceur. Un jour, un mois, un an, dix ans... Peu importe le temps qu'il te reste réellement, je veux le passer avec toi.

— Mais Guillaume...

— Non, Aurél. Je m'en fous, mon chat. Tout ce que je veux, c'est toi. Parce que moi aussi, je t'aime. Je suis amoureux de toi. Et rien de ce que tu pourras dire me fera changer d'avis. Jamais. »

Il éclata en sanglots en entendant Guillaume lui dire tout ce qu'il avait toujours rêvé, inconsciemment, il le comprenait à présent, qu'il lui dise. Il était fou amoureux de Guillaume, lui aussi. C'était le seul à l'avoir toujours fait se sentir aussi bien en sa présence. Guillaume passa sa main dans sa frange pour la lui dégager avec délicatesse et il hocha vivement la tête, afin de lui dire qu'il avait compris.

« Embrasse-moi. S'il te plaît, Guillaume, embrasse-moi... le supplia-t-il entre deux pleurs et il sentit Guillaume caresser sa joue trempée de larmes de son pouce.

Puis il le sentit déposer avec douceur ses lèvres sur les siennes, lui volant un instant la respiration. Ce baiser... c'était tout ce dont il rêvait depuis la dernière fois qu'il avait posé ses lèvres sur sa peau. Et ce n'était pas un rêve, cette fois. Guillaume l'embrassait pour de vrai. Il était si heureux.

***

« Dors bien, mon petit ange... »

Après qu'il l'ait embrassé, Aurélien était venu se blottir tout contre lui et il avait sourit en pensant qu'il ressemblait vraiment à un petit chat ainsi. Puis, il était venu s'allonger sur son lit avant de lui dire de le rejoindre et Aurélien s'était exécuté en silence, venant se blottir de nouveau dans sa chaleur. Qu'est-ce qu'il était heureux à cet instant précis. Son petit homme dans ses bras, une de ses mains se baladant avec douceur sur son bras afin de caresser sa peau et ainsi l'amener à s'endormir tout contre lui. Enfin, Aurélien était au courant de ses sentiments pour lui. Et mieux encore, c'était lui qui les lui avait avoués en premier. Il ne croyait toujours pas en sa chance. Alors il enfouit son visage dans ses cheveux encore humides et inspira profondément pour humer son odeur, le plus jeune étant depuis longtemps endormi à présent.

« Aurél, mon chat... »

Il était le plus heureux des hommes. Et il allait tout faire pour préserver ce qu'il avait. À commencer par mettre ces connards qui lui avaient fait du mal derrière les barreaux. C'était une promesse.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant