Partie 23 - Le commissariat.

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En se réveillant le lendemain matin, Guillaume se rendit tout de suite compte que quelque chose était différent de la veille. Et en ouvrant les yeux, il comprit ce que c'était. Aurélien n'était plus là dans le lit. Il fronça les sourcils, se disant que c'était étrange qu'Aurélien soit déjà levé à cette heure-ci, le plus jeune n'étant pas un lève-tard mais pas un lève-tôt particulièrement non plus. Il n'était que neuf heures après tout. Puis, il pensait que pour leur première matinée officiellement « en couple », Aurélien serait resté au lit avec lui, au moins jusqu'à ce qu'il se réveille à son tour. Il se leva donc, confus, et se dirigea vers le salon afin de retrouver Claude et le plus jeune, sûrement ensemble en train de petit-déjeuner. Cependant, le salon était vide et quand il alla dans la cuisine, celle-ci était vide de même.

« Putain, mais où est-ce qu'ils sont ? » marmonna-t-il, de plus en plus irrité, avant d'apercevoir un papier coincé sous le bol de fruits sur la table de la cuisine.

Il se dirigea vers ce papier pour voir ce qu'il y avait écrit dessus et il écarquilla les yeux en lisant les quelques mots que son ami y avait inscrits :

« La police est venue ce matin pour t'interroger par rapport à ce qu'il s'est passé au collège hier, mais ils t'ont trouvé dans le même lit qu'Aurél. Il n'a pas voulu qu'ils te réveillent et il leur a dit qu'il allait tout leur expliquer au commissariat s'ils acceptaient de te laisser dormir. Je suis allé avec lui. Rejoins-nous quand t'es levé. – Claude. »

Il lâcha le papier et se précipita vers la chambre d'Aurélien pour aller s'habiller en vitesse, se maudissant de ne pas s'être réveillé plus tôt ce matin. Aurélien était au commissariat. Afin d'expliquer pourquoi il s'était battu la veille avec leurs assistants familial. Et peut-être aussi pourquoi ils s'étaient enfuis tous deux de leur foyer. Il n'osait même pas imaginer ce que les policiers allaient croire qu'il lui avait fait après ce qu'il leur avait raconté sur Aurélien dans sa déposition. Alors il espérait vraiment que Claude était à ses côtés. Putain.

***

« Donc, je répète ce que tu nous as dit... Guillaume t'a sauvé de ces deux hommes ? dit un des policiers en lisant sa feuille et il jeta un petit coup d'œil inquiet à Paul et Thomas qu'il pouvait voir dans le couloir à travers la fenêtre de la petite pièce d'interrogatoire. C'est bien ça ?

— O-Oui... Ils ont... abusé de moi. Depuis mes onze ans.

— Et pourquoi... c'est Guillaume qui est venu faire ta déposition et pas toi ? lui demanda le deuxième policier et il se mordilla la lèvre inférieure à cette question.

— Je... Au début... je ne savais pas qu'il avait l'intention de le faire. Puis... quand il me l'a dit, il a insisté sur le fait que je n'aurais rien à faire et j'avais tellement peur... que j'ai rien dit.

— Tu avais peur... de venir porter plainte contre eux ? C'est bien ça, mon garçon ?

— Oui... Surtout... j'avais peur que vous ne me croyiez pas et que vous me rameniez chez eux... Vu qu'on s'était... enfuis de la maison...

— Et... excuse-nous de te demander ça mais... on a vu dans la base de données qu'il t'était déjà arrivé quelque chose du même genre quand tu étais petit. Est-ce que tu peux... nous le confirmer ? »

Il sentit plus qu'il ne vit Claude qui était assis à ses côtés se tourner vers lui quand le policier dit ça et il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine en se rappelant qu'il n'était pas au courant de ça. À moins que Guillaume ne lui en ait parlé, mais il en doutait. 

« O-Oui... À cinq ans, j'ai été placé dans une famille. Avant celle-ci. Et là-bas, aussi... même si je m'en souviens peu... les deux hommes qui s'occupaient de moi... ils me touchaient... mais ils me... louaient... aussi. Ils me prêtaient à leurs amis, souvent, mais ils me louaient aussi le temps d'une soirée à des clients, à des gens qu'ils ne connaissaient pas. Et c'est lors d'une de ces soirées... expliqua-t-il, les larmes aux yeux, qu'un de ces clients m'a fait ça. »

Il se leva en disant ça et posa sa veste sur sa chaise avant de remonter légèrement son tee-shirt, juste assez pour pouvoir montrer sa cicatrice aux policiers assis en face de lui. Ces derniers écarquillèrent les yeux, paraissant horrifiés, et il entendit Claude étouffer un juron avec peine à ses côtés.

« Je... J'ai tenté de m'enfuir parce que le client me faisait peur et en me débattant, je me suis planté le couteau qu'il avait sorti... sûrement pour me menacer... dans le ventre... Je me suis réveillé à l'hôpital, où on m'a dit qu'ils étaient tous hors d'état de me nuire à présent, expliqua-t-il, les larmes aux yeux, et il se rassit sur sa chaise. On m'a dit qu'ils allaient croupir en prison pour ce qu'ils m'avaient fait... Mais... ça a recommencé avec la prochaine famille d'accueil, avec eux, dit-il en faisant un petit signe de tête en direction de Paul et Thomas qui attendaient leur tour à l'extérieur. Alors... j'étais terrorisé de dire la moindre chose et je me suis tu. Je suis désolé...

— Aurél, t'as pas à t'excuser, dit précipitamment Claude à ses côtés et il sursauta en le sentant poser sa main sur sa cuisse.

— Oui, Aurélien. Tu as dû vivre un enfer, mon garçon. Et... je suis désolé de te demander ça mais... et Guillaume ?

— Guillaume ? Quoi par rapport à lui ?

— On vous a trouvé dans le même lit ce matin. C'était lui à la base qu'on était venus interroger... Est-ce que... par hasard... lui aussi il t'a fait quelque chose ? »

Il fronça les sourcils d'un air confus avant de comprendre ce qu'ils sous-entendaient par là.

« Hein ? N-Non... Non ! Guillaume ne m'a jamais rien fait ! Bien au contraire. C'est lui qui s'en est rendu compte. De ce qu'ils me faisaient dans cette maison... C'est lui qui m'a sorti de là, pour m'éloigner d'eux, et qui m'a emmener vivre chez son ami, dit-il en jetant un petit coup d'œil à Claude à ses côtés. C'est lui qui a toujours tout fait pour m'aider depuis le début, devenant mon ami tout d'abord puis... petit à petit... jusqu'à ce qu'on s'avoue nos sentiments hier... Il ne m'a jamais rien fait de mal, au contraire. Je suis amoureux de Guillaume. Et si... Et si vous m'éloignez de lui... pour me mettre dans un autre foyer, sans lui, je ne sais pas si je vais le supporter... »

Les larmes lui montèrent aux yeux quand il dit ça et, juste à ce moment-là, il entendit du bruit provenant du couloir. Il se tourna vers ce dernier et vit Guillaume courir en direction de la pièce dans laquelle il était en ce moment, sans même prendre le temps de s'arrêter sur Paul et Thomas dans le couloir. Une seconde plus tard, la porte s'ouvrit et il se leva précipitamment de sa chaise, le cœur battant la chamade à la seule pensée que le plus grand était enfin là. Guillaume.

Fiction OrelxGringe - Parle-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant