Deux semaines plus tard.
« Comment ça, non ? »
Il s'immobilisa devant la porte de sa chambre en entendant une voix qui lui faisait penser à celle de Guillaume dire ça de l'autre côté de cette dernière. Il tendit l'oreille pour écouter et essayer d'entendre à qui il parlait comme ça et quand la voix de Thomas lui parvient, il tressaillit sur place. Oh non... Pourquoi ce dernier était-il là ? Est-ce qu'il avait été en train de se rendre à sa chambre quand Guillaume l'avait intercepté dans le couloir ? Ça paraissait plus que probable.
« Non, désolé, c'est pas ce que j'ai voulu dire... C'est... C'est qui cet ami ?
— Claude. Mon meilleur ami depuis que j'ai neuf ans, explique Guillaume et il sentit son cœur rater un battement en comprenant de quoi est-ce qu'ils parlaient enfin. On s'est rencontrés en primaire avec mes autres meilleurs amis. Et comme tous les ans, je sais qu'il va m'organiser une fête d'anniversaire. Et j'aimerais inviter Aurélien à cette fête.
— Je vois... Et bien... Je ne sais pas... Il n'y aura que des gens plus âgés à cette fête, non ? dit Thomas de l'autre côté de la porte et il voulut lui crier qu'il s'en fichait complètement, lui, et qu'il voulait y aller.
— Oui, c'est vrai. Mais y aura que moi et mes amis. Donc on ne sera que cinq, en le comptant.
— Et bien... Je ne vous savais pas si proches tous les deux, entendit-il Thomas répondre à Guillaume et il frissonna à son sous-entendu, les larmes lui montant aux yeux.
— Plus qu'avec les autres en tout cas. C'est vrai que je l'aime bien, Aurél. Il est gentil. Je le considère comme un ami. »
Il sentit son cœur rater un battement devant la déclaration du plus grand à son égard et il écarquilla les yeux de surprise. Il ne savait pas que Guillaume le considérait comme son ami. Est-ce que lui, il le considérait comme un ami ? Oui, certes, il appréciait Guillaume et trouvait ce dernier gentil avec lui. Rassurant. Prévenant. Bienveillant... Mais... est-ce que ça suffisait à le considérer comme un ami ? Il n'en savait rien. Il savait juste qu'il appréciait être en sa présence.
« Ok, entendit-il Thomas dire soudain et il sursauta, sortant brusquement de ses réflexions. Il ne devrait pas y avoir de problèmes alors. Vous dormirez chez ton ami ?
— Oui, je pense. C'est comme ça qu'on fait d'habitude.
— D'accord. Je vais en parler avec Paul, mais normalement c'est ok. Faudra juste qu'Aurélien pense à prendre sa ventoline. Au cas-où. »
Un long silence suivit ce que venait de dire Thomas et il se rappela de sa crise d'angoisse de la dernière fois. Sa ventoline. Pourquoi n'y avait-il pas pensé ? Pourquoi n'avait-il pas dit à Guillaume d'aller la lui chercher ? Il fronça les sourcils et se rappela alors que celle-ci était vide à ce moment-là et que Paul lui en avait ramenée une autre le lendemain de la pharmacie. Guillaume n'était pas au courant et sûrement celui-ci se posait la même question que lui à cet instant. Il entendit des bruits de pas s'éloigner et il recula précipitamment en comprenant que c'était Guillaume qui s'en allait. Il percuta son lit tant il s'était reculé et tomba dessus et, comme il s'en était douté, un instant plus tard Thomas ouvrit la porte de sa chambre.
« Et bien, Aurélien ? Tu ne dors pas encore ? Tu m'attendais ou quoi ? »
Il écarquilla les yeux en l'entendant lui dire ça et il secoua vivement la tête alors que Thomas refermait la porte de sa chambre derrière lui.
« Allonge-toi, lui dit ce dernier d'une voix sévère et il poussa un petit sanglot, terrorisé, tandis qu'il le voyait placer sa chaise devant la porte de sa chambre pour bloquer cette dernière avant de se diriger vers lui. Aurélien, ne me fais pas répéter, s'il te plaît. Je me suis assez retenu cette semaine, alors sois sage et laisse-toi faire en silence maintenant. Ce sera bientôt fini. »
Thomas posa une main sur son torse, ignorant son regard implorant, et le poussa en arrière jusqu'à ce qu'il sente son dos percuter le matelas de son lit. Puis, il le sentit l'enjamber pour lui monter dessus et il ferma les yeux, préférant déconnecter de la réalité comme à chaque fois. Guillaume... Fais quelque chose, je t'en supplie.
***
« Aurél ? »
Il fut soulagé de réussir à ouvrir la porte de la chambre du plus jeune lorsqu'il réessaya après s'être lavé. Il ne comprenait pas bien pourquoi, mais quand il avait essayé avant d'aller à la douche, il n'avait pas réussi à entrer. Comme si quelque chose bloquait cette dernière. Il avait essayé de l'appeler, mais Aurélien était resté sourd à ses appels. Il entra donc dans la chambre du plus jeune et referma avec précaution la porte derrière lui, au cas-où quelqu'un venait à passer dans le couloir malgré l'heure tardive. Il voulait lui dire que c'était bon pour son anniversaire, mais apparement Aurélien dormait déjà s'il devait en déduire de sa silhouette allongée à plat ventre et la tête dans l'oreiller qu'il avait entraperçue grâce à la lumière du couloir avant de refermer la porte derrière lui. Il s'avança jusqu'à son lit à tâtons et chercha à l'aveuglette sa lampe de chevet, le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique. Si Aurélien dormait déjà, il ferait plutôt mieux de partir. Mais il avait envie de le voir. Tant pis s'il passait pour un psychopathe. Il alluma la lumière quand il trouva enfin le bouton et il resta muet devant le spectacle qui s'offrit alors à lui. Aurélien, torse nu sous son drap, allongée à plat ventre et la tête dans son oreiller... et le visage baigné de larmes. Un aspect presque érotique se détachait de ce spectacle malgré le visage humidifié par les pleurs du plus jeune et il hésita un moment avant de passer une main dans frange noire, lui révélant ses paupières closes :
« Aurél... Tu dors...? murmura-t-il, complètement hypnotisé par ce dernier, et ses yeux se posèrent sur ses cils noirs, desquels quelques larmes semblaient encore sur le point de tomber. Mais... pourquoi tu pleures...? Tu pleures dans ton sommeil...? Ou bien est-ce que tu t'es endormi comme ça ? En pleurant ? »
Il balaya son visage – sa peau blanche, bien qu'il pouvait voir qu'il avait les joues légèrement rouges – et son regard fut alors attiré par sa bouche, légèrement entrouverte. Alors, en pensant à ce qu'il lui avait dit à propos de la sienne, il ne put se retenir de passer son pouce sur celle-ci avec délicatesse.
« Aurél... Bordel... Mais tu es vraiment magnifique, murmura-t-il alors qu'il se disait que ça faisait maintenant plusieurs semaines qu'il se doutait que le plus jeune ne le laissait pas complètement indifférent. Tu parles de ma bouche... disant qu'elle est... rassurante...? dit-il, se demandant encore ce qu'il avait voulu dire par là ce jour-là. Mais la tienne... Putain, c'est pas bien... Faut que je me calme, bordel. »
Il dit ça en sentant un désir puissant le prendre par rapport au plus jeune. Une intense chaleur avait maintenant fait son apparition dans son bas-ventre et il se força littéralement à détourner le regard en se disant que c'était mal, ses yeux se posant alors sur le drap recouvrant la taille et les jambes d'Aurélien. Il fronça alors les sourcils en se disant que celui-ci n'avait pas l'air de recouvrir grand chose alors, rassemblant tout son courage, il releva le drap pour voir ce que ce dernier cachait. Il faillit avoir une crise cardiaque en voyant qu'Aurélien était complètement nu sous le drap et allait lâcher ce dernier quand il aperçut à quel point les fesses du plus jeune semblaient rouges. Comme si... elles avaient été maltraitées. Comme si on l'avait fessé. Il bugua un moment, se demandant ce qui avait bien pu lui arriver, avant que de sa vision périphérique, son regard fut attiré par quelque chose au sol. Les vêtements d'Aurélien. Son pyjama pour être précis. Et sur ce dernier, il vit un mouchoir taché de rouge. Comme du sang. Il se redressa aussitôt en voyant ça et se rapprocha des vêtements d'un air hésitant, pour les observer de plus près. C'était bien du sang. Est-ce qu'Aurélien avait encore eu une crise ? Et comme il avait craché du sang sur ses vêtements, il avait préféré s'en débarrasser ? Il se figea alors en voyant une matière visqueuse sur son short de pyjama. Ça, il en était sûr, c'était pas du sang. C'était du sperme. Il resta immobile, le cœur battant dans ses tempes avec violence et les pensées se bousculant dans sa tête. Mais qu'est-ce qu'il venait de se passer, putain ?! Aurél, qu'est-ce que tu as fait ?!
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Fiction OrelxGringe - Parle-moi.
FanficGuillaume arrive dans une nouvelle famille d'accueil et se sent tout de suite attiré par un des garçons déjà présents. Aurélien le remarque et se demande comment faire pour lui cacher son secret.