𝐆𝐨𝐥𝐝𝐟𝐢𝐬𝐡 ° Hyunlix 🔚

Chapitre 1

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Je n'avais pas vu grand-chose de la maison de Hyunjin, et cela avait grandement attisé ma curiosité. Néanmoins, j'avais eu tout le loisir d'observer sa chambre à travers le verre transparent de mon aquarium. Je l'aimais beaucoup d'ailleurs, cet aquarium.

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, il était plutôt grand. Sa forme ronde me permettant de faire mes rondes sans obstacles, j'avais tout de suite commencé à explorer mon nouveau chez-moi. Bien que je sois à présent seul, plusieurs grandes plantes ondulaient doucement jusqu'à la surface, me tenant compagnie dans mes longues journées de solitude.

Il y avait aussi, tout au fond, un gros caillou plein de trous. En plus de m'offrir un divertissement supplémentaire, j'avais toujours l'impression de le découvrir. Il était pour moi une véritable réserve à mystères et j'aimais l'observer pendant de longues heures.

Mais en plus de ce confortable bocal, j'avais une vue panoramique sur quasiment toute la chambre de Hyunjin. De son lit sous la fenêtre jusqu'à la chaise de son bureau en passant par sa grande armoire, j'avais observé chaque détail de cette pièce. Elle manquait d'ailleurs rudement de couleurs et de joie.

J'avais en effet cru comprendre que les parents de Hyunjin lui avaient offert comme cadeau ce bocal ainsi que son contenant pour donner un peu de vie à sa chambre. Je ne trouvais personnellement pas que ça changeait grand-chose, mais bon. Je n'allais pas m'en plaindre. En plus de ça, la nourriture était délicieuse. - Bon, seulement si on omettait le fait qu'elle m'avait filé une diarrhée d'enfer les premières semaines -.

Mais revenons à nos poissons. J'avais appris à connaître Hyunjin en observant et mémorisant ce que je voyais. Il avait pour habitude de se lever drôlement tôt, le matin. Il changeait ensuite de peau, action qui m'avait plutôt choquée, je vous avoue.

Hormis deux fois tous les sept jours, il mettait toujours la même peau ; celle avec le bas beige et le haut blanc. Il avait aussi la bizarre habitude de porter cet espèce de collier rouge qui lui serrait le cou et pendouillait sur son torse comme une excroissance tordue. J'avais un peu de mal à le comprendre, mais bon. Les humains étaient bizarre, et ça, je l'avais toujours su.

Après avoir donc changé de peau, Hyunjin me donnait rapidement à manger et sortait de la chambre. Et je ne le revoyais plus jusqu'au soir. Il rentrait souvent assez tard et semblait épuisé. C'est à peine si il me donnait mon manger du soir. Il a même oublié certaines fois.

Je me demandais bien ce qu'il pouvait faire pendant toutes ces heures dehors. Encore une fois, ma curiosité avait été piquée. Mais je n'avais hélas aucun moyen de l'étancher. C'était assez frustrant comme situation, en y repensant.

Il y avait aussi des fois où Hyunjin restait dans sa chambre. C'était mes préférés, ces moments là. Nous étions seulement tous les deux. C'était agréable. Une fois, j'avais essayé de lui parler, mais il ne m'a jamais répondu. Je m'étais alors contenté de l'observer, encrant ses traits si spéciaux à mes yeux, dans ma mémoire.

Il n'y avait pas beaucoup de passage, dans la chambre de Hyunjin. J'avais seulement vu cette fille, une ou deux fois. C'était un soir, si ma mémoire est bonne. Ils étaient entrés en trombe et avaient claqué la porte, me sortant de mon sommeil. À vrai dire, je n'avais pas tout compris. Ils étaient tout collés et semblaient très pressés. Ils avaient enlevés leurs peaux précipitamment, et l'une d'elle avait malencontreusement atterri sur mon bocal. Je n'avais rien vu de plus. Mais quelque chose me disait que c'était une bonne chose.

Ainsi avait été ma vie dans la chambre de Hyunjin. Les jours se ressemblaient beaucoup, mais ça ne me dérangeait pas beaucoup. C'était mon nouveau chez-moi et je m'y sentais bien. Je ne demandais rien de plus. Mais je n'avais alors aucune idée de ce que la suite me réservait.

Un jour, alors que Hyunjin n'était pas là, j'avais soudainement eu envie de savoir. Je ne saurais dire pour quel raisons, mais un pique de curiosité m'avait pris. Je m'étais alors planté devant la vitre de mon bocal, poussé par un désir inexplicable de sortir. De changer de point de vue.

J'avais alors pris mon élan, puis, sans réfléchir, j'avais sauté. Il m'avait paru voler pendant de longues secondes, avant que mon frêle corps ne tombe avec légèreté sur le tapis blanc qui recouvrait une partie du parquet.

Un sentiment de réussite m'avait envahi une demi-seconde, avant que mon intérieur ne commence à me brûler affreusement. J'avais tenté de bouger les nageoire pour regagner un semblant d'eau, mais c'était trop tard. La dernière chose que je vis fut la grande porte par laquelle Hyunjin avait disparu le matin même, puis tout fut noir.

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Lorsque je rouvris les yeux, rien n'avait changé. J'étais toujours à terre, sur le tapis. J'avais essayé de bouger, quand une impression étrange s'était emparée de mon corps. Par réflexe, je m'étais redressé, ouvrant de grands yeux de surprise.

Devant moi se trouvaient deux petites mains similaires en tout points à celles des humains. J'avais essayé de les bouger, mais aucun doute possible : elles étaient bel et bien contrôlés par mon esprit. J'avais alors remonté mon regard le long de deux bras clairs se rattachant à un torse pâle. Au bout de celui-ci pendaient une paire de jambes semblables à celles des humains et se finissant par deux pieds fourni de dix orteils bien ronds.

J'étais resté bouche bai devant ce spectacle, n'arrivant pas à bien réaliser ce qui m'arrivait. Me souvenant alors des actions des humains, j'avais entrepris de me mettre debout, chancelant légèrement sur mes jambes. La hauteur me fit tourner la tête quelques secondes, le temps que je ne m'habitue à ce nouveau point de vue de plus étrange.

J'avais alors observé cette chambre que je connaissais si bien mais qui me paraissait à présent complètement étrangère. Mais un détail avait retenu mon attention plus que les autres. C'était ce coin devant lequel se tenait Hyunjin chaque matin. Il y restait de longues minutes en plaçant ses cheveux, mais je n'avais jamais pu voir ce qu'il regardait.

Je m'avançais prudemment vers l'angle de l'armoire, manquant de tomber à chaque pas. Mais soudain, je sursautai. Un jeune homme venait d'apparaître sur le grand panneau vertical accroché au mur. J'avais fait un bond en arrière, retenant un cris de surprise.

Ne voyant rien se passer, j'avais retenté une approche. Mais à chaque fois que j'avançais, ce jeune homme apparaissait soudainement devant moi, avant de disparaître tout aussi soudainement. Intrigué, j'avais fini par prendre mon courage à deux mains, faisant face à cet inconnu.

Mais il n'avait pas bougé. Il m'avait juste regardé dans les yeux, sans aucun mouvement. J'avais alors tenté de m'approcher, mais il avait fait de même. Après plusieurs expériences et plusieurs frayeurs, j'en étais arrivé à la conclusion que les humains avaient réussi à trouver un objet pour retourner l'image. Grâce à ce grand panneau, je pouvais donc me voir à ma guise. Cela m'avait fasciné.

Il s'était d'ailleurs avéré que j'avais à présent un corps d'humain plus ou moins normal. Les seuls choses que je n'avais jamais vu étaient ces flamboyants cheveux rouges aux reflets orangés ainsi que les centaines de tâches rouges qui recouvraient mes pommettes. En les regardant de plus près, j'avais presque l'impression d'y voir des reste d'écailles brillantes. Cette nouvelle apparence m'avait laissé complètement stupéfait. Je n'arrivais d'ailleurs toujours pas à bien réaliser.

Puis soudain, la porte d'entrée avait claquée. Le grand bruit avait résonné dans mes oreilles, me faisant inexplicablement paniquer. Complètement affolé, je n'avais pas réfléchi. D'instinct, j'avais sauté dans mon bocal, tombant dans un jet d'éclaboussures dans l'eau froide et familière de mon aquarium.

Retrouvant avec soulagement mes nageoires et mes écailles, j'avais repris mes rondes comme si de rien n'était. Mais je l'avais senti. À l'intérieur de moi, quelque chose avait changé. Je n'avais pas encore les mots pour le décrire, mais j'étais certain que plus rien n'était pareil. Et j'avais indéniablement raison.  

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