Chapitre 31

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- Dis Jeongin... C'est quoi ''l'amour'' ?

Le noiraud tourna vers moi un regard légèrement surpris, avant de venir s'asseoir gracieusement à mes côtés sur le canapé.

- Parce que j'entends ça partout. Me justifiai-je. Tout le monde parle de ''l'amour'' et même dans les livres ils le disent tout le temps. Mais en fait... c'est quoi ?

Jeongin prit une grande inspiration, l'air de réfléchir quelques instants à la question.

- ... L'amour, Commença-t-il froidement. C'est un sentiment très fort. Il en existe plein de sortes différentes. Il y a l'amour fraternel que tu portes à ta famille, l'amour amical que tu éprouves pour tes amis les plus proches, et l'amour romantique. C'est lui le plus complexe de tous.

Je hochai lentement la tête, l'encourageant à continuer.

- L'amour romantique est beaucoup plus intime. C'est un sentiment spécial que tu n'éprouves que pour une personne, ou du moins quelques unes. C'est un sentiment que tu ne peux pas contrôler et qui peut être difficile à identifier.

- Alors comment on sait si on est amoureux ?

- ... Ça dépend des gens. Mais en général tu es obnubilé par la personne que tu aimes. Tu penses très souvent à elle, tu as envie d'être tout le temps avec elle, de la serrer dans tes bras et de ne plus jamais la quitter. C'est un sentiment très puissant qui te lie du plus profond de toi à une personne. Tu as envie de lui faire plaisir, de la protéger, et plus que tout d'être avec elle.

Je hochai doucement la tête, comprenant un peu mieux le sens des sentiments humains, bien que certaines choses ne m'échappent toujours. Puis je tournai la tête vers Jeongin, l'air interrogateur.

- Tu aimes quelqu'un, toi ?

Plusieurs secondes s'étaient écoulés, mais le noiraud n'avait plus parlé. Puis il s'était levé, et la conversation s'était terminée. Je l'avais alors regardé tandis qu'il retirait ses chaussettes et relevait sa longue jupe jusqu'à ses genoux, enfilant avec grâce une paire de hauts escarpins noirs aux fins talons rouges. Curieux, j'avançai jusqu'à lui, l'observant exécuter quelques pas élégants sur le parquet de son appartement.

- Tu fais quoi ? Questionnai-je avec de grands yeux alors qu'il tournait gracieusement sur lui-même.

- ... Je m'entraîne.

- Pour la danse ?! Tu le fais aussi chez toi ?! C'est trop cool ! Mais t'as changé de chaussures ? Je les avais jamais vu, celles-ci !

- ... Le patron veut un nouveau spectacle plus élaboré pour une soirée privée. On a dû changer nos tenues et je m'habitue à mes nouveaux talons.

- Ooooh ! Moi aussi je veux essayer ! Dis Jeongin je peux essayer ?! Dis oui s'te plaît s'te plaît s'te plaît !

- ...

Il se dirigea vers son placard, s'accroupissant aisément sur ses hauts talons avant de me tendre une paire de bottines à lacets en cuir sombre. Ouvrant de grands yeux plus brillants que le soleil, je saisis délicatement les chaussures du noiraud, puis je m'assis dans un bruissement de tissu léger. Après de laborieux efforts, je finis par réussir à lacer correctement les souliers à mes chevilles. Je me levai avec un grand sourire, ma longue jupe bleue retombant au niveau du commencement des bottines, au bas de mes mollets.

- Jeongin, Jeongin ! Regarde, je suis debout !

Le brun me jeta un regard en coin, avant de reprendre ses allés-retours à travers la pièce. Très confiant, je pris l'initiative de faire un pas vers lui. Seulement, ça n'était pas aussi simple qu'escompté : les talons mi-hauts de mes bottines rendaient mes appuis dangereusement instables et un déséquilibre soudain me prit, manquant de me faire tomber face contre le parquet.

- Ouaaa, c'est super compliqué ! Jeongin, comment tu fais ?! En plus les tiens ils sont super hauts ! Tu bouges de partout là haut, c'est impossible !

L'ombre d'un sourire passa sur le visage du noiraud avant qu'il ne se retourne, exécutant quelques pas croisés avant de revenir vers moi. Sans un mot, il saisit ma main et m'incita à faire quelques pas, m'aidant à garder mon équilibre. Ouvrant et fermant rapidement ma bouche sous la concentration, je commençai alors à marcher d'un pas tremblant aux côtés de Jeongin, nos talons claquant mélodieusement contre le bois clair du parquet.

On passa le plus clair de notre après-midi ainsi, sautillant en gloussant du haut de nos talons tout en s'entraînant à réaliser quelques figures simples. Puis au bout d'un long moment, mes mollets commencèrent à se faire sentir et on se rassit par terre, enlevant avec une pointe de soulagement nos chaussures effilés. Mais soudain, un détail attira mon attention : là, sous ses jolis escarpins, les pieds de Jeongin étaient tous rouges et semblaient tout abîmés et douloureux.

- Jeongin ! M'écriai-je, les yeux grand ouverts tandis que je m'approchais de ses chevilles. Qu'est ce que t'as fait à tes pieds ?!

- ...

- Il faut pas les laisser comme ça ! Il faut les soigner, j'ai vu ça sur l'ordinateur ! Ils sont où tes outils à soigner ?!

- ... Dans la salle de bain...

Je me relevai aussitôt, me précipitant vers la petite porte en face du frigo. Derrière, il y avait une pièce tout en longueur qui ne comportait qu'une cabine de douche coincée entre un lavabo et des toilettes blancs, seulement accompagnés d'un meuble-étagère beaucoup trop rempli. Je me ruai vers ce dernier, fouillant activement les paniers de toutes tailles à la recherche de quelque chose d'utile.

Au bout de quelques minutes je finis par opter pour celui qui me paraissait le plus fourni, retournant rapidement dans la pièce principale. Jeongin était debout, une paire de chaussettes sombre sur les pieds tandis qu'il semblait entrain de réorganiser sa bibliothèque.

- Qu'est-ce que tu fais ?! M'écriai-je en le voyant ainsi, le saisissant par les poignets. Il faut pas que tu fasses ça ! Assied-toi et attends un peu !

Je le fis asseoir par terre, retirant vivement ses chaussettes pour découvrir ses pieds blessés. Jeongin eut un mouvement de recul, mais je lui saisis fermement la cheville.

- Ne bouge pas de là. Ordonnai-je avec un regard sombre planté dans les yeux du noiraud. Il faut soigner ça. Attends un peu, ça sera rapide.

À mon plus grand soulagement, Jeongin se tint tranquille après cela, se laissant simplement faire l'air un peu embêté. Je commençai alors à le soigner, mettant du pschitt partout où c'était blessé et nettoyant bien toutes ses plaies. Puis, j'avais collé du mieux que j'avais pu une dizaine de pansements sur sa peau claire, recouvrant toutes ses blessures pour pas qu'elles empirent et pour éviter d'en faire des nouvelles. C'était un peu bancale et je n'étais pas vraiment assuré, mais j'étais plutôt fier du résultat.

- Voilà ! Souris-je de toutes mes dents en collant le dernier pansement, avant de saisir les chaussettes du noiraud. J'allais lui les remettre, avant de m'écrier les sourcils froncés En plus elles sont toutes pleines de sang, maintenant ! Tu peux même plus les remettre ! Il faut pas faire ça ! La prochaine fois il faut soigner et mettre des pansements avant de remettre tes chaussettes ! Sinon après elles sont toutes sales et tu peux même plus les remettre !

- ...

- Promets moi qu'à partir de maintenant tu mettras plus tes chaussettes avec les pieds qui saignent.

- ...

- Promets moi que tu les soigneras correctement !

- ...

Il hocha vaguement la tête, mais ça n'était pas suffisant.

- Promets-le moi !

- ... Promis... Soupira-t-il avant de se relever, partant vers la cuisine.

Un sourire satisfait s'installa sur mon visage et je me mis alors à ranger tous les outils pour soigner, fier de moi. C'était la première fois que je faisais quelque chose de vraiment utile pour quelqu'un. Ça m'avait fait sentir important. J'avais aimé ça.

Puis j'avais tout rangé et j'étais allé rejoindre Jeongin. Le reste de l'après-midi était passé et on n'en avait pas reparlé. Mais je savais que, pour lui comme pour moi, cet évènement avait été marquant.  

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𝐆𝐨𝐥𝐝𝐟𝐢𝐬𝐡 ° Hyunlix 🔚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant