───●◎●───
C'était un banal soir d'hiver. Il devait être à peu près 18 heures et je rentrais comme à mon habitude de chez Jeongin, parcourant joyeusement les froides rues de Mapo tandis que ma joli jupe bleue ondulait au rythme de mes pas. J'avais passé une journée des plus appréciable en compagnie de mon meilleur ami, et j'avais à présent hâte de rentrer à la maison pour retrouver Hyunjin. À cette pensée, un sourire lumineux se glissa jusqu'à mes lèvres, faisant briller mes yeux et battre mon cœur.
Silencieusement, je m'étais glissé dans l'appartement du grand brun, entrant joyeusement dans sa chambre. Dès que je mis un pas dans la pièce, Hyunjin se retourna vers moi, une expression mi-fatiguée mi-énervée froissant ses traits. Il secoua son téléphone dans les aires, l'air pas franchement ravi, et mon sourire de fana quelque peu.
- Putain, Félix ! S'écria-t-il en plantant dans mes yeux un regard sombre. Tu peux pas regarder ton téléphone, un peu ?! Ça fait dix fois que j'essaye de t'appeler !
- Oh, j'avais pas vu...
- Comment ça t'as pas vu ?! Il est sensé sonner, tu peux pas ne pas l'entendre !
- Oui mais Jisung il m'a montré comment on fait pour pas qu'il fasse de bruit. Sinon il sonnait tout le temps et c'était pénible.
- Mais c'est justement le but ! La sonnerie c'est pour te prévenir que je t'appelle ou t'envoie un message ! C'est pas là pour rien, merde !
- Je savais pas... Fis-je d'un air désolé, ayant un peu de mal à comprendre le comportement de Hyunjin.
- Et pourquoi tu rentres aussi tard, d'abord ?! T'as pas assez de temps, toute la journée ?!
- Si, mais je voulais accompagner Jeongin à son entraînement. Comme ça je peux encore lui parler et il reste pas tout seul.
- Oui bah il est assez grand pour se débrouiller tout seul ! T'as pas à le suivre partout comme un chien ! Et c'est quoi cette tenue, encore ?! Arrête de mettre cette putain de jupe, merde !
- Pourquoi ? Fis-je en haussant légèrement le ton, les sourcils froncés.
- Parce que c'est comme ça ! Arrête, un point c'est tout !
- Mais j'ai pas envie ! M'énervai-je, trouvant Hyunjin de plus en plus injuste avec moi. Pourquoi tu me dis ça ?!
- Parce que ! C'est pas approprié ! Grandis, un peu !
- Je comprends pas ce que tu dis ! M'exclamai-je soudainement, me sentant complètement acculé. Ça n'a aucun sens ! Tout le monde en mets et tu leur dis jamais rien ! Même Minju elle met des jupes ! Pourquoi moi j'aurais pas le droit d'en mettre, d'abord ?!
- PARCE QUE T'AS DES PUTAINS DE ROUBIGNOLES !
- Mais on s'en fiche de mes roubignoles ! M'écriai-je, sentant ma vision se troubler. Jeongin aussi il a des roubignoles !
- MAIS JEONGIN C'EST UNE PUTE !
- ET BAH MOI AUSSI JE SUIS UNE PUTE ALORS !
Et sans ajouter un mot de plus, je me précipitai dans mon bocal, me réfugiant dans les familiers flots de ma maison tandis que je sentais mon corps trembler de douleur. Furieux, Hyunjin avait saisi un manhwa* qui traînait sur son bureau, avant de la poser violemment sur le dessus de mon bocal, m'empêchant de sortir. Puis il était sorti en claquant la porte, partant calmer ses nerfs ailleurs.
Moi, j'étais complètement paniqué. Il m'avait empêché de sortir. Pour la première fois, ma maison n'en était plus une. Pris d'angoisse, j'avais essayé de sauter, mais ma nageoire supérieur avait bruyamment heurté la lourde couverture du manhwa. Cependant, le livre avait un peu bougé, me gonflant d'espoir. J'avais alors continué de sauter, sans relâche, faisant petit à petit glisser le couvercle qui m'enfermait dans mon bocal. Et ça avait fini par fonctionner.
À l'instant où le livre avait heurté le sol je m'étais jeté dehors, me précipitant vers la porte en essuyant mes larmes translucides. J'avais fui aussi rapidement et silencieusement que possible, sentant mon cœur se désintégrer derrière ma cage thoracique. Dès que l'air froid de la nuit était entré dans mes poumons, j'avais pris une grande inspiration, ravalant courageusement mes larmes.
Ne sachant pas vraiment où aller, j'avais alors commencé à marcher hasardeusement entre les rues bondés. Sans vraiment que je ne m'en aperçoive, les gens s'écartaient sur mon passage. Tous me lançaient des regards apeurés ou dégoûtés, mais je n'en voyais aucun. Tout ce que je voyais, c'était la foule qui me donnait le tournis, partout autour de moi. J'avançais lentement, me perdant un peu plus à chaque pas tandis que je n'arrivais plus à réfléchir.
J'étais plus énervé que jamais, mais je ressentais en même temps une immense tristesse qui me broyait les entrailles, me faisant complètement perdre pieds. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, et ça ne faisait que m'angoisser encore plus. Alors j'avais continué d'avancer, ne faisant plus attention à rien.
Puis, au bout de d'un moment qui me parut infini, je commençai à me calmer. J'inspirais de grandes goulées d'air, ma rancœur s'estompant progressivement. Je soupirais longuement, essuyant mes joues tandis que le monde réapparaissait devant mes yeux gonflés. Reprenant une respiration normale, j'avais continué de marcher, me remettant doucement de mes émotions. J'observais le ciel noir, silencieusement.
Mais soudain, je sentis de fortes et grandes mains m'attraper les avant bras. Je me retournai avec de grands yeux, tombant face à face avec trois hommes aux larges épaules habillés tout en bleu.
- Vous êtes en état d'arrestation. Déclara l'un d'eux en attachant fermement mes poignets, son regard sombre planté dans le mien. Veuillez nous suivre sans opposer de résistance.
- Quoi ? Mais-
- Avance ! Me coupa celui de derrière moi en me poussant violemment en avant.
J'ouvris de grands yeux, complètement paniqué. J'avais crié silencieusement, priant pour que quelqu'un me vienne en aide. Mais les trois hommes ne me laissèrent pas le temps de faire quoi que ce soit, m'entraînant avec eux entre les sombres ruelles de la ville bondée.
───●◎●───

VOUS LISEZ
𝐆𝐨𝐥𝐝𝐟𝐢𝐬𝐡 ° Hyunlix 🔚
FanfictionVous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemblait le monde vu de l'extérieur ? Moi, je me demandais à quoi il ressemblait vu de l'intérieur. Mais j'étais coincé derrière la vitre de mon bocal, ne pouvant qu'observer placidement la vie qui m'entourait...