Chapitre 36

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   « Il est tard.

   — Ouais.

   — 'Faut qu'on dorme.

   — Ouais.

   — Pose ce couteau.

   — Non. »

   Zoro et Sanji tombaient de sommeil. Épuisés par leur journée, éreintés par leur bataille enfantine pour se partager la chambre, seule une méfiance mutuelle et potentiellement infondée les maintenaient éveillés. Le vert, armé d'un couteau qu'il avait subtilisé dans la cuisine, se tenait assis en tailleur sur la couette, trop peu confiant pour se laisser aller au repos.

   « C'est bon, j'ai rien prévu pour cette nuit qui mette en danger ton intégrité physique, soupira Sanji qui, allongé à côté de lui, n'aspirait qu'à dormir.

   — J'ai pas confiance.

   — J'ai bien compris que t'avais pas confiance, répliqua-t-il à voix basse. Mais viens, laisse tomber pour cette fois. J'ai étonnamment pas envie de te faire chier, là. »

   Voyant qu'il ne bougeait pas, Sanji se redressa avec difficulté, posa son front sur son épaule et le força à s'allonger en appuyant dessus. Zoro chuta dans les oreillers, le blond avachi sur lui. Il se résigna à laisser le couteau sur la table de chevet et posa une main fatiguée sur le dos de Sanji. Ses cheveux lui chatouillaient le menton, son souffle chaud le faisait doucement frissonner. Il sentait bon.

   « T'es pas mieux comme ça ? chuchota le blond en embrassant délicatement sa clavicule.

   — Hm. T'as gagné, dors, dit-il en fermant l'œil, détendu par le contact paisible du corps de Sanji sur le sien.

   — Bonne nuit, princesse. Il t'arrivera rien cette nuit. »

   Zoro s'esclaffa silencieusement, trop épuisé pour s'offenser de l'appellation. Il se sentait glisser vers le sommeil et y sombra sans y prêter attention, bercé par le souffle régulier du blond.

~*~

   Un rai de lumière le réveilla. Brillante idée de ne pas avoir tiré les rideaux. A trois heures du matin, il faisait nuit, là n'était pas le problème. Or quelques heures plus tard, ce n'était pas absolument pas le cas. Les oiseaux se jetaient corps et âme dans leur chant mélodieux, le soleil illuminait la pièce de ses rayons chauds et une odeur d'eau de Cologne le prit au nez.

   « Bien dormi, princesse ? lui demanda Sanji qui s'était détaché de lui pour s'allonger en chien de fusil à ses côtés.

   — C'était pas ma réplique d'il y a quelques jours, ça ? rétorqua-t-il d'une voix terriblement rauque en se tournant vers lui pour faire face à son visage souriant.

   — Possible, répondit-il, laconique. Mais j'avais envie de te la piquer. »

   Zoro rit doucement, amusé par son entrain matinal. Sa frange ne cachait pas totalement son œil droit et laissait voir un sourcil enroulé dans le même sens que l'autre. C'était n'importe quoi. Il était beau, mais c'était n'importe quoi.

   « J'suis étonnamment pas mort cette nuit, constata le vert, agréablement surpris de se trouver en un seul morceau.

   — Je t'avais bien dit que j'avais une flemme monstrueuse de te casser les couilles, » ricana-il en lui saisissant la main. Il lia ses doigts aux siens et sourit de voir Zoro détourner le regard, mais sans se dégager pour autant. « Et puis, c'est un vrai bonheur de ne pas t'entendre gueuler.

   — Pff, genre c'est moi qui gueule le plus dans ce groupe ?

   — Non, mais t'es celui avec lequel je passe le plus de temps. »

Not Emily in Paris but Zoro et Sanji à la placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant