Chapitre 40

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Les quelques mots du dialogue en italique sont en français. Enfin, c'est du français dans le sens où nos protagonistes sont japonais. Fin bref, c'est une nouvelle pls linguistique.

   « Tu vas te vautrer, descends.

   — Tu t'inquiètes pour moi ? C'est mignon...

   — Oh, éclate-toi la gueule, qu'on en parle plus. »

   Sanji pouffa, amusé par sa mauvaise foi. Debout sur le garde-fou en acier, les mains enfoncées dans les poches et une cigarette coincée entre ses dents, il regardait la rue se dérouler cinq mètres au-dessous de lui. Ils se promenaient nonchalamment en ville et passaient justement par un petit parc en hauteur d'où l'on pouvait voir l'océan scintiller au large. Le blond avait jugé amusant de marcher tel un équilibriste sur la rambarde du jardinet, les semelles assouplies de ses Oxford tenant par on ne sait quel miracle sur la fine plaque de métal.

   Las du soleil qui l'éblouissait alors qu'il n'aspirait qu'à dormir, Zoro s'était avachi sur un banc, les bras étalés sur le dossier et les jambes écartées. L'air était chargé de l'odeur salée des embruns et de celle, douce, des lilas multicolores qui jalonnaient le parc. Il aurait volontiers profité du cadre paisible s'il n'avait été forcé par le blond à sortir paré de l'attirail avilissant dont il l'avait vêtu.

   « Il y a un chat en contrebas ! s'exclama Sanji en sautant pour réatterrir dans l'herbe. Il est tout blanc, viens voir !

   — T'as jamais vu de chat de ta vie ? railla le vert en le regardant courir vers l'escalier pour rejoindre le félin.

   — Sois pas rabat-joie, » lui rabâcha-t-il en se ravisant, revenant vers lui. Il lui tendit la main pour l'inviter à le rejoindre avant que le chat ne reparte. Son sourire était si candide, son enthousiasme si sincère, que Zoro ne put rien faire d'autre que d'accepter cette paume qu'il lui proposait. Il se releva et se laissa entraîner à sa suite vers l'animal, ses doigts délicatement maintenus par ceux du blond. « Il est là !

   — C'est un chaton, ça ! Je vais lui faire peur, vas-y tout seul.

   — Mais non, si tu ne fais pas de mouvements brusques et qu'il ne se sent pas menacé, il n'aura pas peur, le persuada Sanji en les rapprochant du chat étalé sur le ventre, profitant des rayons du soleil qui lui réchauffaient le pelage. Accroupis-toi pour ne pas le prendre trop par surprise.

   — C'est pas super pratique si tu me tiens la main comme ça, constata-t-il alors que le félin redressait sa tête et tournait ses oreilles vers eux, ayant perçu leur présence.

   — T'inquiète pas, le rassura-t-il en embrassant brièvement le dos de sa main. Regarde, il n'a pas l'air craintif ! »

   En effet, le chaton avait tourné ses beaux yeux jaunes vers eux et poussé un miaulement aigu. Il ne devait pas avoir plus de quelques mois. Ses moustaches frémirent et il se mit à ronronner lorsque les deux hommes s'assirent à côté de lui. Il s'étira, miaula de nouveau et se frotta à la jambe de Zoro qui, touché par l'affection inopinée et généreuse de la boule de poils immaculés, le caressa entre les oreilles. Il était si doux !

   Le chaton se laissa tomber sur le dos, les pattes recroquevillées et les yeux plissés sous les caresses. Ils ne pouvaient s'empêcher de sourire, attendris par la confiance absolue qu'avait la petite bête envers eux et le plaisir évident qu'elle prenait à se faire papouiller de la sorte. Les ronrons étaient particulièrement sonores pour une créature de cette envergure, si petite qu'elle pouvait aisément tenir dans une main. Ils ne se lassaient pas de cajoler le pelage soyeux du chat qui le leur rendait bien en collant sa truffe humide sur leurs paumes.

Not Emily in Paris but Zoro et Sanji à la placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant