Chapitre 49

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   « Je hais le décollage, déclara Tashigi, les mains crispées sur les deux accoudoirs.

   — Moi aussi, acquiesça Zoro, guère plus serein alors que l'avion quittait le tarmac.

   — Tu peux t'agripper à moi si t'as peur, tu sais ? » suggéra Sanji, haussant les sourcils d'un air aguicheur. Assis à côté de lui, il émanait de lui une nonchalance qui frisait l'insolence et qui insupportait Zoro au plus haut point.

   Les hôtesses de l'air achevèrent de donner les consignes de sécurité, les moteurs rugirent. Épuisés après cette nuit fortement écourtée, tous étaient incapables de retenir leur excitation. Leurs esprits étaient en ébullition, sautant d'une pensée à l'autre et leurs yeux restaient tantôt fixés sur le siège devant eux pendant de longues secondes, tantôt sautaient du hublot à leur voisin en passant par les voyants lumineux au-dessus de leurs têtes. C'était parti pour neuf longues, très longues, interminables heures de vol durant lesquelles ils ressasseraient leurs souvenirs autant qu'ils prévoiraient de quelle façon ils s'étaleraient sur leur lit en rentrant.

   « J'suis explosé, mais j'ai pas envie de dormir, déclara Luffy en mastiquant bruyamment une poignée de croûtons à l'ail.

   — Tu vas puer de la gueule pendant tout le trajet, râla Yamato en se couvrant le nez avec un foulard en soie.

   — Oh, ça va ! J'ai faim donc je mange ! Tu feras marquer ça sur ma tombe à ma mort !

   — On appelle ça une épitaphe, dit doucement Robin depuis la rangée voisine, sortant de son sac un magazine d'histoire.

   — C'est pas avec trois heures de sommeil au compteur que je vais retenir des mots si compliqués, grommela le brun en croquant dans une nouvelle plâtrée de croûtons.

   — Au fait, Kidd vient me chercher à l'aéroport, » souffla Zoro au blond alors que le mugissement des turbines avalait presque toutes ses paroles. Il était d'une pâleur inquiétante et serrait le tissu de son pantalon si fort que les tendons saillaient sur ses larges mains. « Tu veux qu'il te ramène aussi ?

    — Ça ira, j'habite pas du tout dans la même direction que vous ! Je ne vais pas l'embêter avec ça en pleine nuit, déclina-t-il en lui touchant l'avant-bras. Je prendrai un taxi.

   — T'es plus loin de l'aéroport que nous. Oh putain je vais crever, annonça-t-il d'une voix blanche alors que les roues de l'engin quittaient la piste. T'embête pas à te traîner à l'autre bout de la ville, tu peux rester chez moi.

   — Chez toi ? » Son œil s'écarquilla de surprise, tandis que son voisin tentait péniblement de garder contenance en voyant les arbres et les infrastructures drastiquement rétrécir à travers le hublot. « Je veux pas m'imposer.

    — En quoi tu t'imposes ? Je viens de te proposer de rester chez moi, c'est que ça ne me dérange pas, répliqua-t-il en expirant profondément. Je te trouverai de la place, même dans mon futon si tu veux. J'ai l'impression de décéder, tu m'en voudras pas si je fais peu d'efforts dans cet échange qui peut s'apparenter à de la drague. Je hais l'avion, bon sang, je comprends pas pourquoi j'ai accepté de venir en France et de repartir.

   — T'étais plus en forme à l'aller, constata Nami qui prenait une photo de la vue.

   — Va faire ton vlog loin de moi, pesta-t-il en lui adressant un regard mauvais. Instagrameuse du dimanche.

   — Tout en te blâmant pour ton attitude insultante envers Nami-chérie, j'accepte volontiers l'invitation, » lui répondit Sanji dont le sourire était plus ostensible que l'air sévère qu'il tentait de se donner.

Not Emily in Paris but Zoro et Sanji à la placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant