Not Emily in Paris but Zoro et Sanji à la place

Chapitre 32

   « Zoro, descends de cet arbre ! »

   Un doigt d'honneur répondit à Nami, furieuse petite silhouette une dizaine de mètres sous Zoro. Ce dernier, doucement ennuyé par leur visite du domaine de Fontainebleau, avait profité de leur passage dans la forêt pour grimper à un arbre qui lui avait paru particulièrement facile à escalader. Il s'était cependant vite ravisé en constatant qu'il s'agissait d'un résineux dont l'écorce était suintante de sève épaisse. Rembruni, il s'était reporté sur un autre arbre, plus grand et moins accessible afin d'assouvir ce désir puéril et inexplicable de se retrouver au-delà du reste de la plèbe.

   « Il y a des gens, bon sang ! Descends de là avant que je n'envoie Law te chercher !

   — Qu'est ce que je fous dans cette histoire, moi ? » demanda ce dernier en levant le nez de son sandwich au poulet, surpris d'avoir été interpellé.

   Zoro, bien loin de se sentir concerné par les préoccupations de la rousse, s'installa un peu mieux sur sa branche et s'adossa au tronc rêche, chatouillé par les feuilles et le vent. Les chants de différents oiseaux se mêlaient gracieusement au frémissement des feuillages. Quelle tranquillité... Dommage qu'elle fut perturbée par Luffy et Yamato en train de hurler et de se battre pour grimper eux aussi dans l'arbre.

   « On est dans une forêt, bordel ! pesta le vert en les voyant le rejoindre sur sa branche. 'Y a plein d'arbres partout, allez squatter ailleurs !

   — Ton arbre il est mieux, protesta Luffy en s'asseyant à côté, tournant la tête dans tous les sens pour apercevoir son environnement.

   — Cassez-vous, j'étais là avant !

   — Waaa, la vue elle est ouf ! s'exclama Yamato en écrasant sa large poitrine sur Zoro pour mieux voir le panorama entre les feuillages.

   — Barrez-vous, bon sang ! »

   Il ne fallut pas longtemps pour que le vert eut les tympans vrillés par leurs cris et leurs remarques. Tout en leur râlant généreusement dessus, il entreprit de redescendre, lassé de se faire agresser. Cependant, ce fut Nami qui le cueillit à son arrivée, lui adressant son regard le plus glacial. Elle se contenta d'un signe de tête vers le sac à dos appuyé contre un tronc, signifiant qu'il trouverait de quoi manger dedans, pour peu que Bonney n'eut pas tout englouti. Il soupira. Ils pouvaient tous être très agaçants lorsqu'ils y mettaient du leur. De vrais enfants.

   « Fais pas style que t'es blasé parce que c'est des gosses, le tança Sanji en engloutissant une tomate cerise. T'es pire.

    — C'est bizarre, ça sonne comme un compliment quand ça vient de toi, rétorqua Zoro depuis la souche sur laquelle il était assis.

   — Ferme ta bouche quand tu manges, tu postillonnes. »

   Le vert finit son sandwich en silence, prêtant vaguement oreille à la conversation entre Law et Tashigi, une sombre histoire de jeu de go. Il décrocha de celle-ci lorsqu'elle prit un tournant bien trop technique pour lui et reporta pensivement son attention sur le blond qui considérait avec scepticisme évident les écritures sur l'emballage en papier de la boulangerie, certainement dans une vaine tentative de les déchiffrer. Le léger froncement de son seul sourcil visible, la cigarette coincée entre ses lèvres, le briquet qui tournait entre ses longs doigts fins...tout trahissait une nervosité assez étonnante pour le cadre forestier pourtant tranquille du domaine de Fontainebleau.

   Il eut la surprenante et raisonnable idée de ne pas le charrier à ce propos devant le reste du groupe, excepté les deux comparses toujours en train de hurler depuis leur saule pleureur. Personne ne semblait avoir remarqué son état, mais Zoro était certain que Robin en était tout à fait consciente. Un coup d'œil devait lui avoir suffit à constater que Sanji était préoccupé. Le vert ne savait quoi penser de l'absence de réaction de l'historienne face au trouble de son ami.