Chapitre 9 Aspic

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Aspic, samedi 4 juin, quatorze heures.

Après ma conversation avec Maya, je suis parti rejoindre Jaguar. Nous avions quelques affaires à régler concernant notre virée de la veille et un message à faire passer au fournisseur de la fiotte, plus exactement la tête de bite. Ce petit con était tellement courageux qu'il a direct balancé son fournisseur, ce dernier se trouve sur Bordeaux. Nous lui envoyons donc une petite vidéo des exécutions en ayant pris soin d'effacer tout ce qui pourrait nous identifier comme étant les tueurs. Nous avons seulement joint une note en indiquant « Lorsque l'on veut jouer une partie d'échec, on se renseigne d'abord sur l'adversaire que l'on va devoir affronter ! Le prochain c'est toi, si je revois un de tes revendeurs sur notre secteur ! ». Vidéo envoyée sous pli sécurisé sans le nom de l'expéditeur. Je crois qu'il reconnaitra très bien la tête de bite et que le message sera assez clair.

— As-tu su quelque chose de plus sur sa venue à Biscarosse ?

— Non, nous avons beaucoup parlé mais plutôt sur le passé et au moment d'aborder le sujet de ses parents, j'ai vu qu'elle était naze, j'ai préféré remettre notre conversation à ce soir.

— Je préfèrerais que tu lui parles avant. On ne sait pas ce qu'il s'est passé, elle est arrivée dans un piteux état d'après ce que Marie-Lou et toi m'avez laissé entendre puisqu'elle s'est fait trouée la peau. Plus vite on sera au courant du danger qui lui colle au cul, plus vite on pourra la protéger, mais aussi nous défendre contre ceux qui la poursuivent.

— Tu as raison, je n'avais pas vu ça comme ça. Je vais aller voir si elle est réveillée et...

— ... Aspic ! viens vite voir Maya ! Elle part en vrille, me dit Babe, Marie-Lou m'a dit de venir te chercher le temps qu'elle la surveille !

Je sors du bureau en courant suivi de Babe et Jaguar, jarrive comme une balle dans la chambre de Maya, elle est accroupie par terre et hurle, pliée en deux, se débattant contre des fantômes. La perf a été arrachée de son bras provoquant un saignement. Elle se balance maintenant d'avant en arrière, les mains posées sur ses oreilles, en criant et pleurant. Je la soulève de terre et l'allonge sur le lit.

— Maya... Maya ! Que se passe-t-il ? Parle-moi s'il te plait.

Mais elle est dans un état tel que mes mots ne l'atteignent pas.

— Calme toi, Maya, je suis là, calme-toi ! Marie-Lou que se passe t'il bon sang !

— Une crise de panique aigüe on dirait, je vais lui faire une injection de diazépam. Mais j'ai besoin de toi, il faut que tu m'aides à la tenir pour que je ne lui fasse pas de mal, lorsque je vais la piquer.

Je pose mes deux mains sur ses bras pour la maintenir le temps que Marie-Lou la pique. Le produit ne met pas longtemps à agir, je sens que son corps, parcouru de secousses, il y a encore quelques minutes, se détend. Sa respiration devient plus calme, ses yeux sont clos.

— Je devais lui parler.

— Il va falloir que tu patientes encore un peu. Elle va dormir quelques heures. Si tu veux, je peux demander à Violaine de venir la veiller, elle est dispo. Lorsqu'elle se réveillera, je te fais appeler si tu veux.

Je me tourne vers Jaguar, attendant de voir ce qu'il en pense. Ce dernier me regarde.

— Si tu veux rester auprès d'elle, je n'y vois pas d'inconvénients, nous avons fini pour aujourd'hui de traiter les affaires urgentes. Le reste peut attendre demain. Par contre, dès que tu sais quelque chose, préviens-moi.

— Dès qu'elle se réveille, je t'appelle, il vaut mieux être deux pour entendre ce qu'elle a à nous dire, je ne voudrais pas vriller et omettre certains détails, si son récit m'est difficile à entendre.

— Comme tu veux, c'est la première fois que tu ne penses pas pouvoir supporter ce qu'on aurait à te dire ?

— Oui, je crois que je n'avais pas mesuré avant aujourd'hui, l'attachement que j'avais envers Maya, je ne le comprends pas moi-même.

— Rassure toi, dit Babe, lorsque nous nous sommes connus Enzo et moi, nous étions aussi con, devant les sentiments qui nous explosaient à la gueule en si peu de temps. Cela peut être déstabilisant mais ne dit-on pas « Le cœur à ses raisons que la raison ignore ?»

— Ce doit être cela alors, dis-je.

— On te laisse et appelle-moi dès qu'elle ouvre un œil, je reste dans les parages.

— Merci frère !

— De rien, frère ! me répète t'il

Tout ce petit monde quitte la pièce, je me retrouve seul à regarder dormir Maya. Elle est tellement belle. Ses cheveux sont étalés sur l'oreiller, elle a un visage fin, un nez et des lèvres fines. Elle a perdu du poids depuis la dernière fois que je l'ai vue. Peut-être est-ce la faute de sa fuite. Je pianote sur mon téléphone pour passer le temps, regardant des infos ou annonces tout ce qui me permet de m'occuper. Puis j'entends un bâillement.

— Bonjour la belle au bois dormant.

— Re bonjour, je... je suis désolée... je crois que j'ai merdé... c'est ça hein ?

— Je dirais plutôt que ce qu'il t'est arrivé, t'a explosé au visage.

J'ai envoyé un sms à Jag lorsque je l'ai entendue se réveiller, ce dernier entre dans la chambre deux minutes plus tard.

— Bonjour Maya, dit-il.

— Bonjour Enzo ou Jaguar ?

— Appelle moi Enzo, Jaguar c'est pour mes hommes.

— Ok, Enzo et...toi, Aubin comment dois-je t'appeler ?

— Aubin, Aspic est aussi réservé aux hommes du club. Maintenant, nous aimerions savoir ce qu'il t'est arrivé pour savoir d'où vient le danger, si tu es en danger.

— Je... je ne sais pas par où commencer, dit-elle, en triturant le drap entre ses doigts, la tête penchée en avant.

— Si tu essayais par le début ? lui dit Jag, je dirais que ce serait un bon commencement. Raconte-nous ce qu'il s'est passé même si pour cela tu dois remonter des mois en arrière.

— Oh non ! ce n'est pas si loin.

— Alors nous t'écoutons, dis-je en me repositionnant dans le fauteuil.

Jag a attrapé la chaise qui était glissée sous la petite table, se rapprochant ainsi du lit.

— En fait, je n'ai rien compris. J'ai quitté mes parents mercredi soir après avoir diné avec eux, puis je suis passée à mon appartement pour me doucher. Je suis ensuite partie me balader vers le port. J'ai vu de l'activité au loin puis une voiture démarrer sur les chapeaux de roues. Elle venait dans ma direction, enfin c'est ce que j'ai ressenti. J'ai couru jusqu'à mon véhicule et j'ai démarré rapidement, ayant une mauvaise intuition. J'ai remarqué que le véhicule m'avait pris en chasse pour une raison que j'ignore.

— Comment es-tu sûre qu'elle te suivait toi ?

— Je connais bien les petites rues de Marseille, j'ai tourné dans pas mal de ruelles mais je les avais toujours au cul. J'ai réussi à les perdre à un moment, ma voiture étant plus petite que la leur, j'ai pu regagner mon appartement. Mais ils sont passés comme des balles juste au moment où j'allais monter chez moi, je me suis dit que je n'avais probablement pas beaucoup de temps devant moi. J'ai juste eu le temps de prendre quelques fringues, lorsque je suis sortie de chez moi, ils étaient déjà là. Je ne sais pas comment ils ont fait, ni qui ils sont, mais en tout cas, ils étaient déjà au courant de mon adresse. Je ne sais pas comment j'ai fait pour leur échapper. Enfin si...

Elle nous raconte tout ce dont elle se rappelle dans les moindres détails. Pourtant, il y a quelque chose que je ne comprends pas, je suis sûr que Jaguar sera d'accord avec moi, pourquoi s'en prendre à quelqu'un qui est à quatre kilomètres de leur position, d'après ses dires ? A quatre kilomètres, on ne peut rien voir, à moins d'avoir de quoi voir, Maya ne nous dit pas tout, j'en mettrais ma main à couper...

DARK FORCES T.2  MAYA & ASPICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant