Chapitre 20 Aspic

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Samedi 18 juin, deux heures du matin.

— Oui ça va, elle s'est calmée... oui nous descendons, laisse nous cinq minutes... oui... merci Sylvio.

Je regarde Maya assise sur le bord du lit, je l'ai emmitouflée dans une grande serviette de bains et l'ai séchée. Puis, j'ai regardé si son pied n'avait pas gardé d'éclats de verre mais non ce ne sont que des micros coupures qui se sont vite résorbées. Je me dirige vers le dressing, en sors un jeans et un tee-shirt pour moi et fais de même pour Maya. Elle avait pensé à une tenue plus sportive, pensant que nous nous attaquerions à quelques visites de quelques montagnes mais pour ce soir, ce sera la tenue idéale pour redescendre affronter la vérité. Je l'aide à passer des sous-vêtements, elle est en mode zombie, puis je lui enfile son jeans noir slim et une chemise blanche large. Je lui mets ses petites sandales plates aux pieds puis l'aide à se relever du lit.

— Il faut que l'on descende, ça va aller ?

Elle lève son regard vers moi, j'y vois toute la détresse, toute la tristesse au fond de ses yeux, ils sont devenus sombres, pleins d'un immense chagrin. Elle me fait un signe positif de la tête.

Nous descendons et retrouvons tout le monde au salon, au vu de l'heure, Sylvio a fait allumer un petit feu de cheminée, même si la saison ne s'y prête pas, cela a pour effet d'apaiser. Le crépitement des buches sous l'effet des flammes qui les dévorent, emplit la pièce. Sylvio se lève à notre arrivée, Jag lui est assis auprès de Babe, son bras est passé autour de sa taille, elle a posé sa tête sur son épaule. Leur regard se lève vers nous, je vois les mêmes yeux rougis que ceux de Maya, Barbara a pris une claque monumentale ce soir.

— Raconte-moi, dit-elle à Maya, raconte-moi tout s'il te plait.

— Je suis tellement désolée, lui répond Maya, tellement désolée de te faire autant de mal. Tu dois tellement m'en vouloir. Tout cela ne serait pas arrivé si je n'avais pas atterri dans votre ville, je suis le malheur, j'apporte le mauvais œil sur tous ceux qui m'approche.

Je passe mon bras dans le dos de Maya, le caressant et l'incitant d'une pression à avancer puis à s'asseoir sur le canapé, en face de Jag et Babe.

— Ne dis pas de bêtise, tu n'es rien de tout cela, ce n'est pas toi la responsable, sache que je ne t'en veux absolument pas, c'est à moi que j'en veux d'avoir été aussi aveugle depuis tant d'années. Mais raconte-moi, j'ai besoin de l'entendre.

— Vous avez vu les photos que j'avais prise au port de Marseille ce soir-là ?

— Oui, répond Barbara.

— Il y en a une que je n'ai pas pu prendre car lorsque mon appareil photo a repris position sur le trafic, il est tombé en face d'une paire de jumelles, je n'ai pas eu le réflexe d'appuyer sur la prise de photos, j'ai paniqué puis remballé tout mon matériel. La voiture qui m'a poursuivie dans les rues de Marseille, n'était pas la même que celle garée devant mon immeuble, un autre véhicule avait dû se mettre à ma poursuite. Le visage de cet homme m'a interrogée, j'avais l'impression de l'avoir déjà vu mais je n'ai pas réussi à faire de lien. Puis, lorsque j'ai appris par la télévision la mort de mes parents, il y avait à l'écran, des policiers qui descendaient les marches, je l'ai vu sans le voir, mon cerveau s'étant arrêté sur le mot torture, souffrance et incompréhension d'un tel acte d'horreur, dit-elle, sa voix se rompant sous les derniers mots qu'elle prononce.

Je la serre contre moi pour la soutenir comme je peux et l'aider à poursuivre.

— Tu te souviens, dit-elle à Barbara, lorsque tu m'as présenté toutes les photos des policiers présents à l'hôtel où je résidais ce jour-là ?

DARK FORCES T.2  MAYA & ASPICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant