Chapitre 23 Maya

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Lundi 27 Juin, seize heures trente.

La fête bat son plein. Sylvio a fait les choses en grand pour l'anniversaire de son neveu. Bien entendu la finalité a pour but de détourner l'attention du fumier qui a assassiné mes parents, mais le voir rire au milieu de cette assemblée me tord les tripes. Je le vois rire à gorge déployée, comme si, cet homme qui se veut joviale et qui chambre Babe, n'était pas un putain d'assassin, un putain de psychopathe ! Les ballons s'envolent dans le ciel après l'arrivée du gâteau d'anniversaire de Milo, une parade avec Mickey, Minnie, Donald et j'en passe, défile devant ce petit bonhomme qui frappe des mains et sautille sur place. Des étoiles illuminent ses yeux... l'innocence... ce parallèle avec les gens qui l'entourent, le milieu dans lequel il évolue... l'ignorance... d'un malheur qui va bientôt frapper cette journée... l'insouciance... de ce qui se trame dans l'ombre.

Je suis dans ma chambre, à l'étage, dissimulée par les rideaux de la baie vitrée. Cela fait quelques heures que je regarde tout ce joli monde s'amuser. Je ne pouvais pas participer à la fête, ce flic m'aurait reconnue et notre plan serait tombé à l'eau. Babe m'a promis de refaire une autre fête lorsque nous rentrerons au QG, pour que tous les membres du club puissent y participer mais, comme je lui ai dit, je n'aurais de tout façon, pas eu le cœur à la fête. Voir le meurtrier de mes parents devant moi, s'amuser et boire m'aurait fait vomir. J'attends donc dans l'ombre, que la fête se termine et en voici les débuts. Les personnes invitées par Sylvio, disons les femmes de ses hommes, venues avec leur progéniture en l'occasion de l'anniversaire de Milo, commencent à prendre leur enfant dans les bras puis à se diriger vers la sortie. Tout cela après avoir vu Sylvio faire un signe de tête à l'un de ses hommes, qui lui-même à fait un signe de tête à un de ses collègues et ainsi de suite. Ils se sont donc rapprochés de leur femme et ont glissé quelques mots à leur oreille, le vide a commencé à se faire discrètement sans que ce pourri ne se rende compte de rien. Il va moins rire dans quelques instants. Aubin m'a demandé de ne pas venir assister à son exécution mais je ne peux pas rester en retrait, je ne peux pas rester sans avoir entendu le pourquoi et le comment, il a mis fin à la vie de ma famille. J'ai besoin d'entendre de sa bouche le déroulé des évènements. Ce qu'ils ont subi. Je n'ai pas pu aller à leur enterrement, cela aurait été beaucoup trop dangereux pour moi, je n'ai pas pu voir non plus, les photos de leur corps, Aubin voulant me protéger de cela après avoir reçu les clichés que La Fouine avait dégotés. Je l'ai pourtant supplié, lui disant que les images que j'imaginais, étaient peut-être bien plus violentes que la réalité, mais il n'a jamais lâché... il m'a répondu qu'il valait mieux que je reste avec des images imaginaires car cela finirait par s'effacer alors que la réalité, elle ne s'efface jamais.

Je suis donc là, à regarder la terrasse se vider, je fixe le visage de cet homme qui entoure de son bras, la taille de Babe. Elle est forte, très forte, rien n'indique sur son visage, le dégout et la douleur qu'elle ressent à cet instant. Elle s'est mise en mode automatique, une vraie flic d'infiltration, ses années d'expérience à se fondre dans la masse font d'elle, une personne insoupçonnable. Elle m'avait raconté quelques missions d'infiltration lors de ses premières années de flics avant qu'elle intègre la Bac, elle n'a rien perdu. Comme elle le dit si bien, nous sommes des Warrior mais le serais-je jusqu'au bout ?

On m'a donné pour mission de descendre m'installer au salon lorsque tous les invités seront partis et le moment est venu. Je commence à descendre les marches, mes jambes flageolent mais il est hors de question que je craque maintenant, pas alors que je touche au but ! Arrivée pratiquement en bas des marches, je jette un œil sur l'extérieur, le flic me tourne le dos et Aubin regarde dans ma direction, il ne peut pas me voir avec le reflet du soleil sur les vitres mais je pense qu'il me sent, un sixième sens certainement. Je finis donc de descendre les quelques marches, puis je vais me poser sur le fauteuil club qui donne pile en face de la baie vitrée. J'ai mis pour l'occasion une autre robe rouge mais sans décolleté plongeant et je suis pieds nus. Le rouge pour le sang, les pieds nus pour ne pas perdre pied justement. Me sentir enracinée dans ce monde, sur ce carrelage frais qui me maintient dans le présent. J'en ai besoin, sentir que je suis bien vivante mais pas grâce à lui. Je sens une légère humidité me couvrir le dos, je suis entre stress et excitation, l'excitation de voir la tête qu'il va faire lorsqu'il va me découvrir, lorsqu'il va réaliser que je suis en vie et en compagnie des personnes les plus dangereuses qu'il connaisse. Il va comprendre que les minutes, les heures qui vont suivre vont être pour lui, les plus douloureuses de toute sa vie et il priera, je suis sûre, le ciel d'être foudroyé dans la minute, tout pour ne pas être dans les mains des hommes qu'il redoute le plus au monde... les derniers instants, le dernier souffle de sa vie ne va pas être des plus sereins... est ce mal de s'en réjouir ? Moi qui ai fui toute violence physique et verbale pendant des années ? Est-ce mal de vouloir que chaque centimètre carré de son corps, ne soit que souffrance ? Que celle-ci dure le plus longtemps possible ? Je ferais mon analyse plus tard pour l'instant, le moment est venu, Sylvio ouvre la baie vitrée pour laisser entrer l'homme de mes cauchemars.

DARK FORCES T.2  MAYA & ASPICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant