La Sentence Des Astres (Terminée)

Chapitre 19

  Assis sur le bord de son lit, les yeux grands ouverts fixant un vide infini, Aki tentait de trouver des réponses à ses nombreuses questions. Il avait d'abord paniqué en constatant le sang qui tâchait le sol de sa salle de bain, mais maintenant qu'il s'était posé, il commençait à entrevoir certaines incohérences.

Pour commencer, pourquoi la fenêtre de sa chambre était-elle ouverte ? En plein mois de novembre, il n'y avait que très peu de chance que Yuna eût envie d'aérer parce qu'il faisait trop chaud. Et pourquoi sa porte d'entrée avait-elle été forcée ? Plus il y réfléchissait et moins Aki trouvait de sens à cette histoire. De quelle manière Andromède aurait-elle pu avoir accès à son adresse exacte pour tuer Yuna ? C'était improbable. Et même si ça avait pu être le cas, comment se faisait-il que le corps de l'étudiante ne soit pas resté dans son appartement. Si Andromède avait voulu le briser, c'était ce qu'elle aurait fait. Au lieu de ça, il se retrouvait avec une mare de sang dans la salle de bain et un appartement ouvert de tous les côtés.

Il retourna la situation dans tous les sens possibles dans sa tête jusqu'à trouver une hypothèse à peu près cohérente, bien qu'elle lui déplût. Et si Yuna et Andromède étaient une seule et même personne ? Et si Yuna avait ouvert la fenêtre après avoir constaté que la porte d'entrée était verrouillée. Sans doute ne voulait-elle pas qu'Aki se doute qu'elle était sortie de son appartement. Mais dans ce cas, pourquoi avait-elle fini par forcer sa serrure en rentrant ?

Elle était blessée ! comprit-il comme une illumination. Elle n'avait pas d'autre choix que de forcer la serrure parce qu'elle n'avait pas la force nécessaire pour escalader la façade et rentrer par la fenêtre !

Ça ne pouvait qu'être ça. Ils étaient douze hommes morts dehors. Aussi talentueuse pouvait-elle être, même Andromède ne pouvait pas sortir indemne de cet affrontement si elle était seule.

Aki se leva d'un bon, les yeux exorbités par l'adrénaline. Tout prenant forme dans son esprit. Il commençait à comprendre. Il se souvint de l'attitude plus qu'étrange de Yuna dans quelques situations, notamment de son regard vide de toute émotion quand elle menaçait de l'étouffer alors qu'il l'avait suivie dans la rue. Il se rappela également sa voix glaciale. Ce n'était pas une voix que le commun des mortels pouvait prendre sans s'en rendre compte. Sa voix avait sonné comme un glas qui appelait la mort. Et si elle avait sonné ainsi, c'était justement parce que Yuna était une meurtrière. Bien que la résonnance des échos dans la villa ne lui permettait pas de parfaitement les superposer, Aki était désormais convaincu que la voix que Yuna avait employé ce jour-là était la même qu'avait utilisé Andromède en le voyant après qu'il ait tué Pégase.

Le jeune espion posa une main tremblante sur son visage alors qu'un large sourire amer lui déformait les lèvres. Il était presque certain d'avoir trouvé qui se cachait sous le masque d'Andromède et, en temps normal, il aurait jubilé. Mais là, c'était au-dessus de ses forces, il n'y parvenait pas. Pourquoi diable avait-il fallu qu'il tombe amoureux de l'une des seules tueuses en série du Japon ? Pourquoi avait-il fallu qu'il éprouve ce maudit sentiment pour celle qu'il était destiné à tuer ?

Sa main glissa de son visage à son cou qu'il serra légèrement. Il avait l'impression d'étouffer. Pourquoi cette situation lui arrivait-elle à lui ? Pourquoi il devait se séparer de toutes les personnes qui donnaient un sens à sa vie ? Ses parents étaient morts sans qu'il ne puisse rien faire, il avait dû se séparer de sa tante pour ne pas la faire souffrir, il avait renoncé à se faire des amis au lycée parce qu'il avait finit par se convaincre qu'il était maudit et que si des gens trainaient avec lui ils risquaient leur vie. Et maintenant ? Maintenant qu'il s'autorisait à enfin laisser son cœur s'exprimer, il fallait que ce dernier jette son dévolu sur la seule femme qu'il devait éliminer.