Le restaurant n'était pas des plus luxueux, ce qui rassura Yuna qui méprisait ce genre d'endroit. Le cadre était au contraire plutôt champêtre et chaleureux, le genre de restaurant familial dans lequel on vient pour passer du bon temps sans pour autant dépenser des mille et des cents.
Le serveur les accueillit avec un sourire aimable et leur désigna leur place. Lorsque Yuna s'assit sur sa chaise, quelques-unes de ses côtes grincèrent à son insu, lui arrachant une faible grimace. Celle-ci n'échappa pas à Aki, ce qui fit mourir tout doute dans son esprit. Yuna était visiblement toujours blessée, sans doute encore plus sérieusement qu'il ne le pensait.
La vision des douze gaillards ensanglantés lui revint en mémoire, et Aki se sentit pâlir malgré lui. Il n'arrivait vraiment pas à imaginer cette femme si fluette massacrant des individus douze fois plus nombreux qu'elle, et qui faisaient le double de son poids et de sa taille. Comment diable était-elle parvenue à les éliminer ?
— Tout va bien ?
La voix soudaine et curieuse de Yuna fit accélérer les battements de son cœur. Il devait garder son calme. Elle paraissait certes blessée, mais qui savait de quoi elle était tout de même capable dans cet état ?
— Excuse-moi, rétorqua-t-il dans un sourire qui trahissait son malaise. J'étais un peu ailleurs.
Pour l'instant, il devait se concentrer sur un seul et unique but : parvenir à s'immiscer dans son intimité la plus dissimulée. Il devait guetter le moment qui allait lui permettre de briser sa carapace d'indifférence, et ainsi espérer apercevoir cette facette d'elle qu'il désire voir depuis plus de cinq semaines.
Ils commandèrent leur repas, burent quelques verres d'alcool, dégustèrent leurs plats, parlèrent de leur vie çà et là. Aki était sur le point d'oublier la raison pour laquelle il avait programmé ce repas. Pendant un court instant seulement. Il se recentra rapidement sur son objectif lorsque pour la seizième fois de la soirée, la main gauche de Yuna vint se poser sur son épaule droite, comme pour faire taire une souffrance.
C'est là qu'elle est blessée, constata-t-il. Si elle vient à montrer de l'hostilité, tu sais comment la maîtriser.
Maintenant qu'il avait une chance de pouvoir lui tenir tête si elle venait à manifester le moindre signe de violence, Aki fut pris d'un soudain élan de courage et de stupidité. Il avait envie de titiller un peu Yuna pour tenter de la déstabiliser et, avec un peu de chance, de voir ce regard terrifiant qu'il avait imaginé tant de fois.
Il but une gorgée de vin pour lisser un peu sa gorge et éviter que sa voix ne soit trop rauque, puis osa :
— Au fait, il y a une chose qui me turlupine depuis que je t'ai rencontrée. Si t'es si passionnée par la médecine, pourquoi sembles-tu aussi froide avec les gens qui t'entourent ? Pire que ça, tu sembles les haïr. Tu penses que je ne te voyais pas te mettre au bar, là où il n'y avait personne et où personne ne risquait de te déranger ? Tu ne veux pas te mêler au gens et tu penses être capable de les soigner ? Tu ne penses pas t'être plantée de vocation ?
Les anthracites du jeune homme sondaient les saphirs de Yuna qui ne cillait pas. Il avait déblatéré ces phrases d'une voix lente, prenant le temps d'insister sur des mots précis, un sourire joueur rivé sur son visage, comme pour tenter de réveiller quelque chose chez elle. Il osait la provoquer et Yuna ne comptait pas le laisser si bien s'en tirer. Aki l'ignorait, mais au moment où il avait commencé à jouer à ce jeu stupide, il avait perdu toute chance de la tromper.
— Il est vrai que je me suis rendue compte avec le temps que j'aurais plutôt dû faire véto pour soigner et sauver des êtres qui méritaient de l'être.
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La Sentence Des Astres (Terminée)
Mister / Thriller/!\ Cette histoire est destinée à un public averti, des scènes pouvant heurter la sensibilité de certains /!\ Elle, se fait appeler Andromède et règne depuis plus de huit ans à la tête d'un groupe de meurtriers. Lui, se surnomme Light et est chargé...