La Sentence Des Astres (Terminée)

Chapitre 52

  Une étrange ambiance régnait dans la salle de réunion. Le père et la fille se dévisageaient sans mot dire tandis que personne autour n'osait intervenir. Les regards respectifs de ces deux personnes que la vie venait de réunir se toisaient avec haine, l'un demandant violence tandis que l'autre implorait vengeance.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— Ça ne t'as jamais traversé l'esprit de passer à la télé ou à la radio ? demanda Yuna en ignorant la question de son paternel. Ah non pardon, c'est vrai. Il serait dommage de dévoiler aux yeux de tous l'affable personnage que tu es.

— Qu'est-ce que tu fous là, Yuna ?! redemanda le père avec hargne.

— Quoi ? Ça t'étonne tant que ça de revoir ta fille que tu as battue pendant les six premières années de sa vie ? Ça t'étonne tant que ça de la voir revenir vers toi aujourd'hui pour se venger ? Ça t'étonne d'apprendre que ta fille que tu as toujours qualifiée de monstre depuis sa plus tendre enfance en soit véritablement devenu un ? Ou alors tu ne t'attendais pas à ce que cette fille que tu as abandonnée à ses six ans ait pu survivre jusque-là. Pourtant, comme tu peux le constater, je suis bien là et en pleine santé. Tu as bousillé ma vie, alors compte sur moi pour mettre un terme à la tienne. Prépare-toi à recevoir la Sentence d'Andromède.

Le quinquagénaire contracta poings et mâchoire devant l'affront de sa propre fille. Comment osait-elle l'humilier ainsi face à ses collègues ? Comment se faisait-il qu'elle ne fût pas encore brisée et craintive après l'enfance qu'il lui avait réservée ?

Non. Après tout, cela n'avait rien d'étonnant. C'était sa foutue femme qui était à l'origine du comportement de sa fille. Il avait pourtant un contrôle parfait sur la situation. Il pouvait jouir comme bon lui semblait de sa puissance dominatrice sur sa famille. Mais il avait fallu que tout bascule du jour au lendemain.

Quand il avait rencontré Hoshi Hiruma voilà maintenant trente ans, il était persuadé qu'il pourrait mener la vie dont il avait toujours rêvé. Il avait d'abord amadoué cette femme, tentant par tous les moyens de faire en sorte qu'elle lui accorde sa confiance. Ils s'étaient mariés très tôt après leur rencontre, à peine après deux ans de vie commune. Et c'était précisément ce qui avait conduit Hoshi à sa perte.

Peu après leur mariage, Aku Furiku était devenu un véritable monstre. Il n'avait plus rien du compagnon attentionné qu'il avait laissé entrevoir. Il était rapidement devenu violent, frappant sa femme jusqu'à l'évanouissement dès qu'elle le contrariait, qu'elle osait s'opposer à lui. Puis, aux coups s'étaient rapidement additionnés les viols. Il ne comptait plus que sur sa femme uniquement pour assouvir ses pulsions sexuelles, de gré ou de force. Il était devenu ce que les hommes étaient de plus merveilleux à ses yeux. Fort et dominant.

Puis était venu ce jour, ce maudit jour où sa fille est venue au monde.

Il ne voulait pas d'enfant et faisait tout pour que sa femme ne finisse pas enceinte, veillant de très près à ce qu'elle prenne sa pilule et ne lésinant pas les coups sur son ventre lorsqu'il la frappait. Mais même toutes ces précautions n'avaient pas suffi.

Il n'oublierait assurément jamais ce soir chez des invités, quand il fût obligé d'appeler une ambulance alors que sa femme avait été victime d'un malaise devant une quarantaine de personnes. Il se souvenait encore du stress quand les médecins avaient relevé les traces bleues sur le corps de la femme. Il surveillait de très près chacun des mouvements de cette dernière pour veiller qu'elle ne vende pas la mèche quant aux violences qu'elle subissait quotidiennement.

Puis était venu le triste diagnostic que le diable semblait avoir lui-même apporté.

Un déni de grossesse.