Yuna déambulait dans les rues qui menaient au hangar, se demandant quel accueil allait l'attendre à son retour. Ses compagnons avaient-ils remarqué son absence ? Pour elle, il ne faisait aucun doute que oui. Tenma était du genre collant ces derniers temps, il aurait donc été surprenant qu'il n'ait pas eu l'idée de prendre des nouvelles de Yuna en plus de quatre heures.
À cette pensée, elle décida qu'il était temps de vérifier si Aki était tombé dans son piège. Elle sortit son téléphone et le déverrouilla. Un grand sourire satisfait s'étira sur ses lèvres. Il avait mordu à l'hameçon. Son téléphone n'était plus en mode avion, et certaines notifications avaient été lues.
Maintenant, elle avait la certitude qu'Aki avait de gros doutes la concernant. Il fallait dire que la mare de sang qu'elle avait laissée derrière elle avant de s'enfuir de son appartement était une raison suffisante pour se méfier d'elle. Désormais, il ne lui restait plus qu'à savoir ce qu'il déciderait de faire maintenant qu'il avait eu accès aux derniers messages que les membres de son groupe lui avaient envoyés.
Son instinct guidé par l'expérience la poussa à examiner son téléphone sous toutes les coutures. Elle retira la coque et ne fut pas surprise de tomber sur un petit objet rectangulaire semblable à une carte SD.
Un traceur, comprit-elle en le détaillant.
De toute évidence, Aki la soupçonnait la bien plus qu'elle ne le pensait au départ. Personne, pas même eux, n'aurait pu savoir qu'ils se verraient aujourd'hui. Cela voulait donc dire que le jeune homme se baladait constamment avec un traceur sur lui depuis que Yuna avait disparu. Et la présence de ce traceur ne pouvait signifier qu'une seule chose : Aki était déterminer à la suivre jusqu'à son repaire.
La jeune femme esquissa un sourire avant de poursuivre son chemin. Elle ne voulait plus tarder, convaincue qu'Aki devait sans nul doute la suivre de très près.
Lorsqu'elle fut devant le hangar, elle hésita un court instant entre entrer par la porte principale, ou alors se hisser en douce par la fenêtre de sa chambre. Ses côtes et son épaule endolories ne mirent pas longtemps à la convaincre de bannir la deuxième option. De toute façon, au vu de leurs messages, ses amis savaient déjà qu'elle avait fugué. Il ne servait à rien de s'épuiser davantage.
Elle se présenta face à l'épaisse porte qu'elle avait elle-même refaite à neuve récemment, puis arma son poing pour frapper cinq fois, au rythme d'Andromède. Elle l'ouvrit puis la referma derrière elle. Alors qu'elle eut à peine le temps de saluer qui que ce soit, la poigne de Tenma se sera autour de son col, la soulevant de Terre.
Le regard visiblement furieux du Cygne se heurta à celui complètement indifférent d'Andromède, qui le toisait d'un air presque provocateur.
— Tenma ! Arrête ! ordonna Yukio d'un ton sec.
L'intéressé ignora son ami et transperça Yuna du regard.
— Tu m'excuseras Cygnus, mais j'ai d'autres priorités que de jouer avec toi ce soir.
Ses trois compagnons tiquèrent à cette remarque. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas appelé l'un d'eux avec leur nom de code.
— Qu'est-ce qu'il te prend ? l'interrogea Tenma. Ça fait un bail que tu m'as plus appelé comme ça. C'est cause de Miro ? Je te rappelle que c'est trop tard pour ça, il a déjà entendu tous nos vrais prénoms.
Yuna brisa son contact visuel avec Tenma pour se concentrer sur le jeune homme qui venait tout fraîchement de les rejoindre. Elle avait complètement oublié son existence. Les événements s'enchaînaient trop rapidement. Elle n'avait plus la condition requise pour suivre un tel rythme.
— Ce n'est pas lui le problème, contra-t-elle froidement. Vous feriez mieux de reprendre très rapidement l'habitude de vous appeler par vos noms de code. Un type que je connais va rappliquer d'une minute à l'autre.
— Qu'est-ce que t'as encore fait comme connerie ? soupira Yukio en se tapant le front de la main.
— J'ai peut-être fait une ou deux conneries avec ce mec, mais la situation est sous contrôle. Sa présence ne nous sera que bénéfique, faites-moi confiance.
Soudain, des coups résonnèrent contre la porte d'entrée. C'était comme si quelqu'un voulait frapper avant d'ouvrir. Yuna se tourna dans cette direction, ne cherchant pas à cacher son incrédulité.
Cet abruti vient réellement de toquer ? Il est cérébralement diminué ou quoi ?
Elle soupira avant de reprendre son sérieux. S'il avait frappé, alors elle n'allait pas se gêner de lui ouvrir. Le tout, était d'adopter le comportement adéquat avec la suite de son plan. Elle devait montrer qu'elle s'attendait à sa présence mais il ne fallait surtout pas que ça impacte Aki sur sa confiance en lui, auquel cas tout risquait de capoter.
Elle décida alors d'arborer son sourire joueur avant d'actionner la poignée. Comme elle s'y attendait, elle tomba nez à nez avec le jeune homme. Aki était là, devant elle, et semblait plus déterminer et méfiant que jamais. Il ne semblait même pas troublé que Yuna ne soit pas surprise de le voir sur le pas de sa porte. C'était comme s'il avait envisagé cette possibilité, ce qui laissa Yuna interdite. Elle comprenait de moins en moins le but que visait Aki. S'il s'attendait réellement à ce qu'elle découvre le pot aux roses, pour quelle raison avait-il tout de même pris le risque inconsidéré de venir seul ici ?
— Je vois que tu t'attendais à ce que je vienne jusqu'ici, remarqua-t-il avec un sang-froid qu'elle ne lui avait encore jamais connu.
— Et je vois que tu t'attendais à ce que je m'y attende, rétorqua-t-elle sèchement.
Aki taquina quelques seconde Yuna du regard avant de balayer l'intérieur de l'entrée du hangar du regard. Il se contenta dans un premier temps de dénombrer rapidement le nombre de personnes qui attendaient derrière la jeune femme, sans s'attarder sur leur visage. J'aurai tout le loisir de les découvre ensuite, pensa-t-il. Il fut toutefois surpris de compter une personne supplémentaire. Yuna n'avait visiblement pas perdu de temps pour remplacer celui qu'il avait tué cinq semaines auparavant.
— Maintenant que t'es là, tu vas pas rester sur le pas de la porte. Entre, lui intima-t-elle en en désignant de sa main l'intérieur de leur repaire.
Aki fronça les sourcils avant d'obtempérer. Il n'avait plus vraiment d'autre choix que d'obéir docilement à la jeune désormais, auquel cas il signerait instantanément son arrêt de mort. Yuna referma la porte une fois qu'il fut entré, puis fit signe à ses compagnons de se rendre dans la pièce principale. Son corps commençait à lui rappeler son état de faiblesse. Elle avait besoin de se poser.
— Viens, ordonna-t-elle à Aki dans un soupir. Tu vas m'expliquer ce qui t'amène dans le salon, j'ai besoin de m'asseoir.
Les cernes creusés et le timbre de voix fatigué de Yuna ne laissaient peser aucun doute quant à son épuisement. Aki remarqua bien aisément qu'elle était très loin d'être au mieux de sa forme. Et pourtant, son instinct lui hurlait de se méfier. Il savait pertinemment au fond de lui que, même dans cet état, elle le tuerait en une fraction de seconde si elle le voulait.
Restant sur ses gardes en se rendant à la pièce commune, Aki se permit de faire un rapide état des lieux. Le hangar ne payait pas de mine de l'extérieur, mais l'intérieur était étrangement bien aménagé et équipé pour y vivre quotidiennement. Il disposait d'une petite cuisine, la pièce principale avait de nombreux fauteuils, chaises et tabourets, mais surtout d'une petite salle de sport. Bien que plutôt spacieux, cet endroit ne pouvait assurément pas accueillir une vingtaine de personnes, ce qui lui confirma que le groupe d'assassins qu'il traquait n'était composé que des cinq personnes face à lui.
Yuna s'assit difficilement sur l'un des tabourets en tenant ses côtes endolories, puis replongea son regard dans celui d'Aki qui la fixait froidement.
— Alors, reprit Yuna, si tu me disais ce qui t'amènes ici ?
— Vous formez bien le groupe du Pégase ? demanda-t-il en haussant les sourcils comme s'il s'agissait d'une évidence. Je veux me rallier à vous.
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La Sentence Des Astres (Terminée)
Mistério / Suspense/!\ Cette histoire est destinée à un public averti, des scènes pouvant heurter la sensibilité de certains /!\ Elle, se fait appeler Andromède et règne depuis plus de huit ans à la tête d'un groupe de meurtriers. Lui, se surnomme Light et est chargé...