Hocus Pocus (Alhaitam x Kaveh)

Chapitre 1

Une semaine plus tôt...

Sa nouvelle fonction de Grand Sage par intérim lui prenait tout son temps. Lui qui rêvait d'une vie paisible et d'un travail peu fatigant, se retrouvait à crouler sous les papiers et les demandes. Il entendait son prénom ou son titre être prononcé tellement de fois dans la journée qu'il avait envie d'en changer. "Alhaitam" sonnait moins bien quand il l'avait entendu cent fois d'affilée. Il avait hâte que le Grand Sage soit enfin choisi et qu'il puisse retourner à sa vie de scribe.

Heureusement qu'il avait son phono isolateur qui lui permettait de marcher dans l'Akademiya sans être forcé de répondre à tout le monde. S'ils voulaient s'entretenir avec lui, les heures de travail étaient faites pour ça. Là, il était en repos.

La nuit était déjà tombée lorsqu'il sortit enfin à l'air libre. Il prit une grande respiration et monta le volume de son casque pour mieux entendre la nature et les bruits qui l'entouraient. La ville de Sumeru était toujours vivante. Les étals restaient ouverts jusqu'à tard et certains spectacles et musiciens animaient les rues. Surtout au niveau de la scène du grand bazar, là où, parfois, Nilou se produisait pour le plus grand bonheur de bon nombre d'habitants. Il faut dire qu'il faisait tellement chaud que les sumériens n'avaient aucune envie de se coucher au crépuscule.

Il était pareil. Souvent, après le travail, il se rendait à la taverne pour boire un verre ou deux et écouter Lambad lui raconter ses anecdotes farfelues. Quand Cyno était en ville, c'était avec lui qu'il y allait et les conversations ressemblaient plus à des débats sur tout et n'importe quoi. Et lorsque Kaveh et Tighnari se joignaient à eux, il lui arrivait de ne pas comprendre leurs discussions et de baisser le son de son casque. Jusqu'à ce que Kaveh le lui reproche et qu'Alhaitam lui demande s'il comptait payer lui-même sa consommation. À ce moment-là, l'architecte se taisait et le laissait dans son coin. Lui, arborait un sourire victorieux que seul Tighnari surprenait. Il avait alors droit à un hochement de tête désapprobateur.

Mais ce soir, l'appel de son lit était plus fort. Il n'était même pas sûr de manger, trop épuisé. S'il continuait comme ça et si les sages ne lui trouvaient pas rapidement un remplaçant, il finirait par mourir de fatigue et d'ennui.

En arrivant devant chez lui, il fut surpris de voir Kaveh appuyé contre la façade, l'air en colère. Il se traîna lentement vers lui et fouilla ses poches. Il en sortit deux clés et comprit qu'il avait pris celles de son colocataire par inadvertance.

Pourtant Kaveh, qui s'était levé dans l'intention de le lui reprocher, l'observa un instant et ne dit rien. C'était le signe. Celui qui voulait dire qu'Alhaitam avait une mine tellement affreuse que Kaveh en restait silencieux. Il devait vraiment avoir atteint le stade de fongus s'il parvenait à lui faire fermer son clapet avec sa simple apparence.

Il se contenta de rendre les clés au blond et d'ouvrir la porte sans un mot. Et lorsqu'ils entrèrent, Alhaitam retira ses bottes avec difficulté et se dirigea tout droit vers la salle d'eau. Kaveh avait pris grand soin de décorer le moindre centimètre de sa maison. Il reprochait toujours à Alhaitam de ne pas avoir de goût pour l'esthétisme et pour l'art alors, bien évidemment, et étant donné qu'il ne s'en préoccupait pas, Alhaitam l'avait laissé faire et il faut dire qu'il appréciait ce que cet endroit était devenu. Mais pour lui, la salle d'eau était la mieux réussie.

Il y avait un bassin au centre de la pièce dans lequel on descendait grâce à des marches directement plongées dans l'eau. Le plafond était voûté d'origine mais Kaveh avait fait ajouter des colonnes et des vitraux afin de lui donner un style très sumérien et tamisé. Il y avait beaucoup de plantes et des lampes aux quatre coins de la pièce. Mais ce qui l'intéressait actuellement, c'était la chaleur et la fumée qui se dégageait du bassin, une source chaude qui allait détendre ses muscles endoloris et son esprit surchargé.