Chapitre 20

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La routine des quelques jours qui passèrent fit du bien à Alhaitam qui pu rattraper ses lectures et retourner s'entraîner. Ses journées se résumaient à combattre le matin avec Cyno, travailler la journée et lire le soir. Et lorsqu'il n'avait pas envie de cuisiner, il allait à la taverne pour apprécier la compagnie de Lambad et sa bonne cuisine.

Il n'avait pas encore entendu parler de Kaveh, ne s'était pas enquis de l'avancée de son projet mais passait son temps à penser à lui. C'était presque devenu insupportable. L'architecte ne quittait jamais son esprit.

-- Monsieur, l'appela Rabah en avançant vers lui, des documents entre les mains. Pourriez-vous classifier tout ceci dans nos archives ?

Alhaitam lui fit signe de les poser dans le coin de son bureau tout en continuant de consigner des informations importantes dans un manuscrit. En voyant que Rabah ne bougeait pas, il leva un œil vers lui, le sourcil arqué. L'homme l'observait sans un mot, ni même une quelconque expression, comme s'il attendait quelque chose de sa part. Alors Alhaitam posa sa plume et croisa les bras.

-- Qu'y a-t-il ?

Rabah s'avança et lui tendit les documents.

-- Je pense que vous devriez les lire rapidement. Ils concernent monsieur Kaveh.

Le scribe fronça les sourcils et prit les copies. Il remercia Rabah, l'assura qu'il s'en occupait et attendit que l'homme ait disparu pour se pencher sur la lecture des documents.

Le premier concernait le projet de la nouvelle flotte du port Ormos. Un résumé de la demande faite à l'Akademiya avec, à la fin, le tampon d'approbation qui avait permis de faire débuter le travail de Kaveh. Les deuxième et troisième feuilles contenaient les plans des bateaux ainsi que la somme que le projet coûterait. Alhaitam observa les dessins de Kaveh et ne put qu'admirer son idée. Si des œuvres d'art comme celles-ci voguaient sur l'océan, Kaveh était sûr de connaître un succès phénoménal. Il prit le dernier document et se leva tout en lisant. Ses yeux s'écarquillaient à mesure qu'il parcourait les lignes jusqu'à ce qu'il en saisisse clairement le sens.

À ce moment-là, il posa les feuilles sur son bureau et marcha vers l'ascenseur, inquiet.

Le projet de Kaveh avait été annulé, faute de financement. L'Akademiya n'avait pas pu approuver le début des travaux et tout ce sur quoi l'architecte travaillait était tombé à l'eau dans la matinée. Il devait être anéanti et Alhaitam savait à quel point Kaveh pouvait se mettre dans tous ses états en cas d'échec. Il se devait d'être là pour lui et de s'enquérir de son état.

Il espérait que le blond soit à la taverne comme souvent. Après tout, c'était toujours là qu'il allait peu importe ses états d'âme. Peut-être qu'il allait débarquer et constater que Kaveh n'était pas seul. Dans ce cas, il ferait demi-tour, rassuré que l'homme ait de la compagnie. Mais pour l'instant, il devait en avoir le cœur net.

Il franchit l'Akademiya à grands pas et lorsque les larges portes s'ouvrirent pour le laisser sortir, s'arrêta net, surpris de voir Kaveh monter les marches vers lui. L'architecte avait la tête baissée si bien qu'il ne le remarqua que lorsqu'il parvint aux dernières marches.

Il se stoppa, se demandant sûrement ce qu'il faisait là. Alhaitam l'observa, essayant de détecter la moindre faille dans son expression. Il n'y vit pas de tristesse ni même de colère, étrangement, Kaveh paraissait calme et serein, contrastant avec la scène que le scribe avait imaginée. Il fronça les sourcils, intrigué. C'est ce moment que choisit Kaveh pour prendre la parole.

-- Je t'avais dit que tu entendrais parler de moi.

Il avait ouvert les bras comme quelqu'un qui vient de réaliser une prouesse et qui en est fier. Pourtant, dans son regard résidait une lueur qui ne trompait pas : la déception.

Hocus Pocus (Alhaitam x Kaveh)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant