Chapitre 8

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Les tunnels étaient interminables, tel un labyrinthe souterrain meurtrier. Les minutes passaient et Alhaitam se demandait s’il y avait vraiment une sortie quelque part. Peut-être que l’explosion les avait enterrés, balayant les chances pour eux de revoir la lumière du jour. Si c’était le cas, Shatir devait se frotter les mains, heureux de n’avoir rien eu à faire pour les évincer. 

— Tu sais où nous allons bien sûr, commenta-t-il soudain, irrité par le fait que Kaveh prétendait connaître le chemin. 

L'architecte continua d'avancer sans se tourner vers lui. Alhaitam en conclut alors qu'il n'avait rien à répondre ou bien qu'il avait oublié que le scribe n'avait plus son casque, celui-ci se trouvant actuellement entre les mains du blond. Même s’il était rare que ce dernier garde le silence, Alhaitam ne s’en formalisa pas et continua de le suivre, observant ses cheveux danser d’un côté puis de l’autre, tandis que sa cape suivait le même mouvement. Kaveh marchait toujours avec légèreté et grâce, donnant presque l’impression de ne pas toucher le sol. Ce n’était pas très étonnant, sa démarche reflétant sa personnalité.

Tout à coup, les épaules de l’architecte s'affaissèrent et il fit face au scribe, la mine déconfite. Il avoua qu'il s’était perdu et qu'il ne voulait pas l’inquiéter, l’ayant déjà embarqué de force dans cette histoire. Alhaitam ne dit rien, se contenta de croiser les bras avant de lui demander s'il avait un plan. Kaveh hocha la tête. 

— J'en ai un. Mais il faut absolument sortir d'ici avant. 

— Donc ton plan repose entièrement sur le sens de l'orientation dont tu es dépourvu ? 

L'architecte sembla outré. 

— Je l'ai habituellement ! Rétorqua-t-il. Mais tous ces tunnels se ressemblent. Même un Wenut s'y perdrait. 

— Mais tu n'en es pas un, jusqu'à preuve du contraire. 

Kaveh devint rouge, signe qu’il avait perdu son calme. Était-ce étrange d’aimer mettre une personne dans cet état ?

— Et qu'est-ce que tu en sais hein ? C'est pas comme si tu faisais attention à moi, rétorqua  le blond.

Fissure. 

Alhaitam baissa les yeux, eut presque le réflexe de poser une main sur son cœur mais ne le fit pas. Pourtant ces mots venaient de provoquer quelque chose de fort en lui, quelque chose de douloureux. 

— C'est ce que tu penses ? Demanda-t-il sèchement après avoir réussi à contrôler ses émotions. 

— C'est juste la vérité, lâcha le blond sur le même ton. 

Alhaitam se ferma. Kaveh aussi. Plus aucun des deux ne prit la parole pendant de longues secondes, fermés à toute discussion, frustrés. Ils ne se regardaient même plus, tournés chacun vers une paroi. 

Mais le grisé avait eu énormément de temps pour réfléchir ces derniers jours, notamment sur leur relation. Alors il soupira et prit le casque pour le mettre sur ses oreilles et enfin avoir une conversation "normale". En le voyant faire, Kaveh écarquilla les yeux, le prévenant des risques en voulant le lui retirer de force. Mais Alhaitam était borné alors il le repoussa doucement et ficha son regard dans le sien après avoir réglé le volume. 

— C'est ta vérité, dit-il avec un calme olympien. Tu penses que je suis sans cœur et que je me fiche de tout parce que je n'arrive pas à agir autrement. Je suis comme ça. Tu devrais le savoir depuis tout ce temps. Je t'interdis de faire comme si tu ne me connaissais pas. Si je ne me souciais pas de toi, tu ne ferais pas partie de ma vie. 

Kaveh, prit au dépourvu, ne su quoi répondre. Alors le grisé, qui désirait que son monologue soit emporté par le vent, tourna la tête vers le fond du tunnel et fronça les sourcils. 

Hocus Pocus (Alhaitam x Kaveh)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant