Hocus Pocus (Alhaitam x Kaveh)

Chapitre 22

La balle était dans le camp de Kaveh. Alhaitam lui avait fait comprendre, à sa manière, ce qu'il ressentait. Maintenant c'était à l'architecte de prendre une décision même si le grisé comptait bien l'y aider. Il n'avait jamais tenté de séduire qui que ce soit, ce serait donc une première. Mais il savait déjà qu'il excellerait dans ce domaine, surtout face à Kaveh.

Justement, celui-ci entra dans la maison, faisant lever les yeux d'Alhaitam qui était en train de bouquiner comme à son habitude. Kaveh était parti depuis deux jours pour le port Ormos, c'est donc avec une valise qu'il traversa le couloir, s'arrêtant lorsqu'il vit le scribe.

— Toi ici, lâcha-t-il.

Alhaitam arqua un sourcil.

— Chez moi oui.

Le blond sourit puis alla se jeter dans le canapé en face de lui.

— Puisque c'est "chez toi", dit-il en mimant des guillemets, tu vas pouvoir cuisiner le repas de ce soir.

— Tu es l'homme à tout faire, c'est ton rôle.

Kaveh prit un coussin et le lui jeta à la figure.

— Tu pourrais avoir un peu de pitié pour le travail que je fournis ces derniers temps.

Alhaitam lui rendit son coussin de la même manière et ferma son livre avant de le poser à côté de lui. Il réfléchit puis croisa les bras. Si cela pouvait l'aider dans sa stratégie...

— J'en ai. Beaucoup. Ça ne se voit pas ?

— Tu me demandes réellement si une expression est visible sur ton visage impassible ?

Alhaitam souffla.

— Tu recommences.

— C'est toi qui recommences.

Ils sourirent tous les deux et laissèrent le silence s'installer pendant quelques minutes. La tension qui régnait entre eux était toujours la même qu'avant, à la différence près qu'aujourd'hui, ils s'en faisaient la remarque dans l'espoir que l'autre avoue en être le responsable. Leur petit jeu puéril subsistait. Alhaiham avait la nette impression qu'il ne se terminerait jamais. Il n'en avait aucune envie. C'était ce qui les animait. Une petite remarque par-ci par-là et les voilà qui se souriaient comme deux imbéciles.

À bien y réfléchir, tout n'était pas réellement comme avant. Depuis le retour de Kaveh, aucun d'eux n'allait jusqu'à faire partir l'autre de la pièce. À croire qu'ils préféraient de loin rester ensemble dans la même pièce.

Alhaitam se leva soudainement, motivé par l'envie de faire preuve de bonne volonté. C'était si rare.

Quand Kaveh le vit se diriger vers la cuisine, il fronça les sourcils et se leva à son tour pour le suivre.

— Tu vas chercher un couteau pour me faire taire ?

— Trop tôt, répliqua Alhaitam qui ne s'était toujours pas remis du moment où il avait failli poignarder Kaveh, contrôlé par son propre casque.

— Désolé, souffla l'architecte.

Il observa Alhaitam sortir tout ce qu'il fallait pour faire la cuisine mais ne fit aucun commentaire. Son attention devait être focalisée sur les événements qui avaient eu lieu presque deux mois plus tôt.

— On n'en a jamais reparlé, dit-il.

Le scribe s'y attendait. Il lui arrivait de deviner ce à quoi pensait l'architecte quand celui-ci n'était pas dans le déni.

— Tu ne m'as pas vraiment laissé le temps de parler, répliqua t-il sarcastique, comme une bonne vieille habitude qui ne vous quitte pas.

Kaveh ne dit rien et se lava les mains pour l'aider à éplucher quelques légumes. Alhaitam comprit qu'il garderait le silence, plongé dans ses pensées. Il devait sûrement ressasser ce qui s'était passé ces deux derniers mois, jonglant avec la culpabilité et le regret.