Chapitre 4

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Il reprit difficilement conscience, encore sonné par le coup qu'il avait reçu. Deux personnes étaient en train de traîner son corps sans aucune délicatesse sur un sol rocailleux. Mais ce n'était pas ce qui l'importait. Rien n'avait plus d'importance que la trahison dont il était victime. Kaveh était la seule personne en qui il vouait une confiance aveugle. Même s'il ne le montrait pas, l'architecte avait réussi à se faire une place dans son cœur et à lui faire baisser sa garde. Lui qui, en temps normal, ne nouait aucun lien social, n'étant pas intéressé par ce que cela apportait, avait trouvé, chez Kaveh, un être complémentaire avec qui il se sentait bien.

Bien sûr, il avait d'autres amis. Mais aucun n'avait jamais réussi à l'atteindre autant que Kaveh. Voilà pourquoi se faire trahir par lui était si douloureux. Encore une fois, la vie venait de lui prouver qu'il ne devait faire confiance à personne...

Il fut jeté au fond d'une cellule, sans aucun ménagement. Son menton heurta le sol et s'ouvrit, le faisant pester. Il voulut se relever mais n'en eut pas le temps, un coup de pied dans son coude le ramena au sol, dans un craquement d'os. Son bras devait être cassé, la douleur était grande mais il se contenta de le ramener vers lui en grimaçant. Il ne leur ferait pas le plaisir de l'entendre souffrir.

Il se traîna jusqu'au mur et s'y adossa, jetant un regard noir aux personnes présentes dans la pièce. Les deux qui l'avaient traînés jusque-là puis la femme qui lui avait asséné les coups les plus douloureux. Une érémite à en croire sa tenue. Il se promit de le lui faire regretter dès qu'il le pourrait, si jamais il trouvait un moyen de sortir d'ici.

Une nouvelle personne fit son apparition et à la manière dont elle était vêtue, il sut qu'elle faisait partie de l'Akademiya. Un chercheur qui lui semblait familier sans qu'il n'arrive à mettre la main sur son prénom.

L'homme fit un geste et ses deux sbires relevèrent Alhaitam pour le maintenir à la hauteur du chercheur. Ce dernier s'approcha avec un rictus mauvais sur le visage et toisa le scribe.

- Monsieur le Grand Sage par intérim, dit-il. Un pathétique scribe ayant endossé un rôle à mille lumières de ses compétences.

Alhaitam sourit. Même sans entendre sa voix, il pouvait percevoir cette petite pointe de jalousie qui émanait de l'homme.

- Rappelez-moi votre nom ? Demande-t-il pour le titiller. Je ne suis pas sûr que nous nous soyons déjà rencontrés.

Il vit le chercheur serrer les dents et lui arracher son œil divin avant de se retourner pour s'éloigner. La seconde d'après, ses sbires, des étudiants de l'Académie, enchaînaient Alhaitam au mur, comme un vulgaire prisonnier. L'homme continua de parler mais le grisé fit semblant de ne pas le comprendre, ce qui sembla l'agacer. Il était en mauvaise posture mais ne comptait pas leur montrer la moindre faiblesse. Pourtant son bras, sa tête et ses oreilles le faisaient souffrir. Heureusement qu'il en avait vu d'autres...

Une silhouette apparut et cette fois, il ne put empêcher son expression de changer. Kaveh venait d'arriver, son casque entre les mains, l'air tout à fait à l'aise. Le chercheur scruta la réaction d'Alhaitam et sourit. Il permit à Kaveh d'aller mettre le casque sur la tête du scribe et les observa de loin tandis que l'architecte s'exécutait.

Lorsque son ami fut près de lui, tellement près qu'il pouvait sentir son parfum fleuri et sa respiration sur sa joue, Alhaitam ne broncha pas. Il aurait pu lui donner un coup de pied, lui montrer à quel point il lui en voulait mais il n'en fit rien. Kaveh pouvait aisément le comprendre rien qu'au regard qu'il lui jetait. Son expression à lui exprimait l'indifférence la plus totale tandis qu'il lui mettait son casque, ajustant le volume comme Alhaitam le faisait habituellement.

Il ne put s'empêcher de l'insulter de traître avec toute la rancœur qu'il avait amassée au fond de lui depuis quelques minutes. C'était presque comme s'il le lui avait craché au visage, écœuré. Jamais il ne se serait attendu à ça de sa part.

Hocus Pocus (Alhaitam x Kaveh)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant