Chapitre 02

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Cynara se cala davantage contre le mur sale, froid et humide de la ruelle sombre comme si elle voulait se fondre à même le béton afin de passer inaperçu aux yeux des harceleurs qui la coursèrent depuis la fin des cours de l'après-midi. Elle se recroquevilla derrière le container à poubelle qui accueillait les déchets du restaurant chinois d'à côté. Il s'y échappait un relent de reste de nourriture avariée placée dans le bac noir depuis plusieurs jours ; les services municipaux d'ordure passaient une fois par semaine. Ce coin de Saint-Pétersbourg faisait partie des lieux les plus pauvres de la ville et, par conséquent, la mairie estimait que les personnes précaires qui y vivaient pouvaient supporter la saleté des rues et l'encombrement des containers à ordures.

Il n'y avait pas d'argent pour les pauvres et les plus démunis.

La jeune femme se tassa davantage sur elle-même tant bien que mal, en espérant paraître invisible à la vue de ses agresseurs qui arrivèrent en courant dans sa direction. Elle entendait le claquement des talonnettes de leurs chaussures, qui faisaient partie de leur uniforme scolaire, résonner sur les pavés de la ruelle. Ils approchaient... Ses détracteurs venaient de pénétrer là où elle venait de trouver une cachette. Du moins, plus pour très longtemps. Les battements emballés de son cœur semblaient s'accorder sur le rythme des pas pressés des étudiants impatients d'en découdre avec elle. L'eau de pluie qui ruisselait le long des murs pour venir goutter sur le sol faisait remonter l'odeur désagréable et insupportable de l'urine et des substances illicites, mais Cynara n'avait pas d'autre choix que celui de le supporter ; elle devait sauver sa peau à tout prix et ce, même si elle était contrainte de rester tapie dans ce coin sombre et immonde toute la nuit, parmi les relents âcres des ordures et sous la pluie glaciale qui ne cessait de tomber en fines gouttes. La jeune femme espérait toutefois qu'il n'y ait pas de trombes d'eau. Enfin, les agresseurs se dévoilèrent sans qu'ils ne voient Cynara ; elle s'était bien dissimulée derrière la poubelle et sa position était dos à l'entrée de la voie sans issue. Le groupe se situait sur sa droite.

Sidérée, Cynara resta bouche bée en constatant qu'il ne s'agissait pas de ses harceleurs, mais de parfaits inconnus qu'elle n'avait jamais vus dans ce secteur qu'elle arpenter pourtant au quotidien, matin et soir ; quatre hommes et une femme. La jeune femme fut encore plus surprise lorsqu'elle découvrit les types en train de porter à bout de bras un jeune homme dont elle n'apercevait pas le visage, car il avait la tête renversée sur le côté gauche.

Cynara remarqua rapidement que l'homme inconscient portait des vêtements différents de ceux qui le trimballaient comme un vulgaire fardeau. Ce dernier portait un pantalon 7/8 ème de couloir noir, des bottines noires à petites talonnettes, une longue chemise en lin blanc tachée de sang, un gilet noir par-dessus, ainsi qu'une doudoune noire sans manches. Ses cheveux, des dreadlocks blond polaire, étaient coiffés et maintenus en arrière par un bandana rouge aux motifs blancs qu'elle ne distinguait pas compte tenu de la distance qui les séparait. Les membres du groupe, quant à eux, arboraient un pantalon beige, des bottes de motards noires, un pull blanc et une écharpe beige.

La jolie rousse souffla discrètement, rassurée de ne pas avoir affaire à ses détracteurs, mais qui étaient ces gens ? Pourquoi venaient-ils dans cette ruelle avec ce pauvre garçon qu'ils tenaient comme un vulgaire malpropre ? Cynara en était sûre ; l'inconscient ne faisait pas partie du groupe de cinq à cause, entre autres, de la différence de leur tenue vestimentaire. Au moins, ils ne l'avaient pas vue !

Le groupe lâcha leur fardeau qui lourdement par terre, ce qui permit à Cynara de voir le visage pâle de l'homme endormi. Endormi, ou plutôt inconscient d'avoir été assommé ! Il avait l'air d'être jeune en plus ! Son visage arborait des traits juvéniles et il ne portait pas de barbe. Que comptaient faire ces hommes de lui ? Et la femme, quel était son rôle dans cette histoire ? Elle se contentait de regarder ses collègues agir, sans rien dire.

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