Une fois seule dans la pénombre oppressante, avec la porte verrouillée derrière elle, les craintes de Cynara s'intensifièrent à tel point qu'elle frôlait la crise d'angoisse. Elle n'avait jamais prêté foi aux légendes du Croque-Mitaine ou aux monstres tapis sous le lit, mais en cet instant précis, une terreur viscérale l'envahit. Elle se surprit à redouter qu'une créature maléfique, surgissant des ténèbres insondables, ne se précipite sur elle pour la dévorer. Ses pensées étaient assiégées par des images d'ombres sinistres prêtes à bondir de l'obscurité pour lui infliger les pires tourments. La pauvre jeune femme, figée par l'épouvante, imaginait déjà ces silhouettes effrayantes s'emparer d'elle, la plongeant dans un abîme de souffrance.
Avant que son geôlier n'éteigne la lumière crue du néon et ne l'enferme dans cette pièce lugubre, Cynara avait eu tout juste le temps de repérer un vieux lit à l'armature boisée abîmée, placé contre le mur à droite de l'entrée. Sa respiration devenait plus haletante, plus saccadée, et les battements de son cœur s'accélérèrent au fur et à mesure qu'elle avançait prudemment dans la pénombre, ses pieds traînant lentement l'un devant l'autre. Les mains liées par un serflex douloureux placé devant elle, chaque mouvement devenait une épreuve. Son ravisseur, cruel et impitoyable, n'avait pas jugé bon ni de lui délier les mains ni de lui offrir un bref répit dans la salle de bains. Cynara se sentait prisonnière de ce cauchemar éveillé et elle savait que ce n'était que le début de son calvaire.
La jeune fille prit place sur le bord du lit, nouant ses doigts entre eux dans un geste nerveux, avant de reculer jusqu'à buter contre le mur froid et rugueux. Au-dessus de sa tête, une petite fenêtre, semblant plus proche d'une large meurtrière que d'une véritable ouverture, laissait filtrer une lumière de lune tamisée, obstruée par des morceaux de papier journal collés à la vitre. Cette lumière atténuée, presque fantomatique, ajoutait une touche d'oppression supplémentaire à l'atmosphère déjà pesante de la pièce.
Elle versa une larme, puis deux. Ainsi, Vasili Petrov avait mis ses menaces à exécution. Il allait lui faire payer très cher son absence au travail, mais... Comment aurait-elle pu y aller, après avoir été malmenée comme elle l'a été ? En piteux état, son corps et son esprit étaient marqués par les violences subies. Les ecchymoses encore fraîches sur sa peau témoignaient de l'agression violente et chaque mouvement rappelait la douleur infligée par les lycéens.
Ses pensées tourbillonnaient entre la peur et le désespoir. Petrov n'était pas un homme à tolérer l'insubordination et sa cruauté n'avait d'égale que sa détermination à contrôler ceux qu'il considérait comme ses possessions. Elle se demandait combien de temps elle pourrait tenir dans ces conditions, combien de temps avant que la folie ne prenne le dessus si toutefois il y avait un temps. Peut-être mourra-t-elle demain ou après-demain, mais elle savait qu'elle ne quitterait pas cet endroit en vie.
La lumière de la lune, filtrée par le papier journal, projetait des ombres mouvantes sur les murs, créant des formes inquiétantes qui semblaient se rapprocher d'elle. Chaque bruissement, chaque craquement dans la maison, faisait bondir son cœur. Elle devait trouver une issue, un moyen d'échapper à cet enfer, mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était pleurer en silence, ses larmes salées coulant sur ses joues tandis qu'elle essayait de rassembler le peu de courage qu'il lui restait. Le vent qui se levait ajoutait une touche sinistre à sa situation en faisant passer ses courants d'air pour des hurlements venus d'un autre monde.
Cynara se remit à sangloter, mais veilla à ne pas faire trop de bruit, craignant d'attirer les hommes qui se tenaient à l'extérieur de la pièce où elle avait été jetée. Leur présence menaçante pesait sur elle comme une épée de Damoclès et elle savait qu'ils pouvaient la battre, voire la tuer, à tout moment. Bien qu'elle pressente que sa fin tragique était inévitable, elle priait en silence pour que sa mort ne soit pas trop douloureuse, car c'est de cela qu'elle était le plus terrifiée ; mourir en étant torturée, que son agonie soit insupportablement longue.
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Inferno Predators
RomanceCynara, lycéenne de 18 ans, est victime de harcèlement scolaire depuis plusieurs années. La cruauté de ses détracteurs augmentera d'un cran lorsqu'elle décrochera un stage dans la plus grosse entreprise de Saint-Pétersbourg, au dernier étage de la T...