Inferno Predators

Chapitre 43

— Penses-tu que tout sera prêt pour la réunion de demain, Akano ? demanda Thoa en portant un morceau de tarte au chocolat à sa bouche, son irrésistible péché mignon.

— Je l'espère sincèrement, répondit Akano en fronçant les sourcils. Le projet doit m'être remis d'ici le début de soirée. Les équipes ont intérêt à avoir été irréprochables, sinon je n'hésiterai pas à sévir à notre retour.

— Il n'y a jamais eu de problème jusqu'à présent, Akano. Pourquoi cela changerait-il maintenant ? intervint Orda, scrutant le visage soucieux de son aîné.

Akano poussa un soupir, détournant un instant le regard. La tension qui l'habitait était palpable. Il se pencha légèrement en avant, posant ses coudes sur la table.

— L'enjeu de demain est colossal ! Si nous ratons le rendez-vous avec monsieur Spencer, nous perdrons notre plus gros client et dans son sillage, d'autres clients suivront. Notre réputation sera ruinée et notre renommée gravement entachée. Je ne peux garantir la sécurité de plus de la moitié des emplois de la société, expliqua Akano, anxieux.

— À ce point-là ? demanda Ron, les yeux écarquillés par la surprise.

— Oui, je ne fais pas de vague sans raison, répondit Akano, la mâchoire serrée.

Son-Shay laissa échapper un toussotement qui en disait long sur ce qu'il pensait de son grand frère, lui valant un regard noir de ce dernier. Cynara et les autres étouffèrent des petits rires et échangèrent des sourires en coin.

Cynara termina sa glace aux saveurs exotiques de mangue et de passion, le regard perdu dans le vide, tourmentée par des questions concernant son propre avenir. Comment une entreprise aussi prestigieuse et reconnue qu'A.S.C.O. pouvait-elle sombrer du jour au lendemain à cause d'une simple réunion ?

— Vraiment, une seule réunion peut tout faire basculer ? chuchota-t-elle, plus pour elle-même que pour les autres.

Akano, captant son murmure, se tourna vers elle, ses traits empreints de gravité.

— Oui, Cynara. Dans le monde des affaires, tout peut changer en un instant. Une réunion, une décision et tout ce que nous avons bâti peuvent s'effondrer comme un château de cartes. C'est pourquoi il est crucial que nous soyons à la hauteur demain.

Cynara hocha la tête, mais l'inquiétude ne quittait pas son regard. 

— Vous voulez dire que vous serez contraint de licencier du personnel si ce monsieur Spencer n'approuve pas votre projet ? demanda Cynara, l'inquiétude perçant dans sa voix.

— En effet, oui, répondit Akano en dirigeant les yeux sur sa voisine. C'est la plus grosse commande de jeu vidéo qu'il n'ait jamais passée depuis qu'il est à la tête de son entreprise.

— Je suis désolée, je ne comprends pas. Si ce client vous quitte, vous perdrez autant d'argent ? s'enquit Cynara, visiblement perplexe.

Akano soupira et prit un moment pour formuler sa réponse.

— Oui, Cynara, reprit-il avec une voix mesurée. Monsieur Spencer représente une part considérable de notre chiffre d'affaires annuel. Si nous échouons à livrer ce projet, nous perdrons non seulement un client majeur, mais cela enverra aussi un signal négatif à l'ensemble du marché. Notre crédibilité en prendrait un coup et d'autres clients pourraient perdre confiance en nous et annuler leurs propres commandes. Les répercussions financières seraient désastreuses et nous serions contraints de prendre des mesures drastiques, comme des licenciements massifs.

Un silence pesant s'installa à table. Cynara perdit à nouveau son regard dans le vide, essayait d'assimiler cette vérité troublante. La survie de l'entreprise reposait sur cette réunion, et l'angoisse palpable de ses collègues rendait la situation encore plus réelle. Soudain, son regard se fixa au loin, dans le restaurant. Bouche bée, Cynara laissa échapper sa cuillère à dessert qui percuta le fond de son assiette vide. Interloqués, les frères rivèrent leurs yeux dans la direction qui accaparait l'attention de leur invitée.