Une heure et demie.
Cynara était restée prostrée dans sa salle d'eau durant quatre-vingt-dix longues et interminables minutes. Elle venait d'entendre la cloche de l'église qui se trouvait non loin de son immeuble pitoyable sonner 21 h 00. Elle n'osait pas sortir de sa cachette pour vérifier si l'homme se tenait toujours sur le palier de sa porte, mais elle n'allait pas rester non plus plantée sur le carrelage de sa salle d'eau toute la nuit ! La jeune fille devait s'assurer si sale type se trouvait toujours derrière sa porte ou non. Cynara souffla doucement, étira ses jambes, puis elle se releva tant bien que mal. Elle posa ses pieds le plus lentement et le plus silencieusement possible sur le plancher sec de son studio et se dirigea jusqu'à sa porte d'entrée avec le cœur battant la chamade. La jeune fille avait une trouille bleue. Elle n'avait jamais eu si peur de sa vie que ce soir-là. Même les pièges tendus par Maxim et sa bande pour la coincer afin de la torturer ne l'avaient pas effrayée autant !
Lorsque Cynara eut la certitude de ne pas entendre de bruit de pas derrière sa porte, ni de souffle ou de respiration, elle prit le risque de se hisser sur la demi-pointe des pieds et de jeter un œil à travers le judas. Les menaces d'Andreï Barkov lui revinrent soudainement en tête. Et si son poursuivant était un homme de main de ce père désireux qu'elle laisse sa place à son idiote de fille ? Après tout, il l'avait menacée devant son lycée ! Elle avait catégoriquement refusé de quitter son poste de stagiaire ! Barkov lui aurait alors envoyé ce type pour l'éliminer ? Lui faire du mal ? Hormis lui, Cynara ne voyait pas qui pouvait s'en prendre à elle de la sorte. Fallait-il en avoir les moyens et ce n'était pas Maxim et sa bande qui aurait pu commanditer un tel projet ; il n'en avait ni les moyens intellectuels, ni les moyens financiers et puis, il fallait connaître des gens du milieu. Aussi méchants pouvaient être ses détracteurs, ils ne pouvaient pas payer un homme de main pour la tuer. Non, Maxim était plutôt le genre de type à se réserver et honneur.
À travers l'œil de la porte, Cynara découvrit son voisin de palier grimper les marches de l'escalier avec difficulté, puis reprendre son souffle quelques instants sur son palier en se tenant à la rambarde. Il se ventilait le visage avec une sorte de feuillets, son chéquier sans doute, puis ramassa son sac en plastique rempli de canettes de bière bon marché. Son visage était écarlate, rougeaud et il transpirait à grosses gouttes malgré la saison fraîche de l'automne. Le vieil homme devait avoir bu toute la journée et il s'est préparé à boire encore, comme d'habitude. Si son poursuivant la laissait tranquille pour cette nuit, il en serait autrement pour le couple qui allait certainement se disputer une nouvelle fois et par-là, l'empêcher de fermer l'œil.
Son voisin disparut de son champ de vision et elle l'entendit déverrouiller sa porte d'entrée, puis l'ouvrir et la fermer à clé. Le couloir était désert et silencieux. Les deux dealers qui faisaient affaire avec la voisine du dessus ne devaient pas être là non plus. Tant mieux. Elle n'oublia pas non plus le message manuscrit de leur part retrouvé dans sa boîte aux lettres.
Cynara expira, rassurée. Il n'y avait personne devant sa porte et sûrement personne dans le hall de l'immeuble. D'ailleurs, la lumière du couloir qui éclairait l'ensemble du bâtiment s'éteignit. Cela signifiait que le détecteur de mouvement qui enclenchait le spot automatiquement ne détectait aucune âme qui vive. L'homme n'était donc plus là. Quel soulagement ! Cynara put enfin se détendre. Quitte à choisir, elle préférait les disputes violentes du vieux couple qui l'empêchait de dormir, plutôt que passer une nuit blanche à craindre que l'homme de la rue ne tente de pénétrer chez elle.
Au moment où la jeune fille s'apprêta à se détourner de la porte, la lumière du couloir s'alluma et Cynara distingua une ombre passer rapidement devant . D'abord surprise, la rousse se ressaisit et jeta à nouveau un coup d'œil par le judas. Personne. En l'espace de quelques secondes, Cynara crut qu'il s'agissait de l'inconnu. Elle l'avait rêvé. Elle voyait le mal partout. Certes, c'était le cas pour ce qui la concernait avec Maxim et sa bande, mais quand même...
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Inferno Predators
RomantikCynara, lycéenne de 18 ans, est victime de harcèlement scolaire depuis plusieurs années. La cruauté de ses détracteurs augmentera d'un cran lorsqu'elle décrochera un stage dans la plus grosse entreprise de Saint-Pétersbourg, au dernier étage de la T...